Personne ne gagne une guerre commerciale

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Par Stéphane Déo Modifié le 20 juillet 2018 à 10h24
Guerre Commerciale Etats Unis
@shutter - © Economie Matin
1,5Selon l'estimation de la Banque de France, une guerre tarifaire induirait une baisse du PIB français de 1,5 à 2 points dès la première année.

Point de marché : Le calme sur les devises, c’est fini

Cette année a été marquée par un regain de volatilité sur les actions (en particulier en février avec le mini-crash du VIX) mais aussi sur les taux d’intérêts. Étrangement, les taux de change, qui sont pourtant la variable d’ajustement lors de crises, étaient restés redoutablement stables. Le graphique ci-dessous montre que la volatilité implicite (la volatilité attendue par le marché et utilisée pour calculer le prix d’options à 3 mois) est restée très basse depuis le début de l’année et n’a absolument pas réagi aux soubresauts des autres marchés. Même la livre anglaise, qui devrait pourtant pâtir des incertitudes grandissantes sur le Brexit est restée d’un calme olympien.

Tout ceci semble changer. Le dollar contre panier de monnaies (indice DXY) a gagné 7,5% depuis ses plus bas de l’année. C’est aussi le cas pour les devises émergentes. Le Yuan a perdu 8% en un peu plus de trois mis, entraînant beaucoup de devises du sud-est asiatique dans son sillage. La devise chinoise avait été dévaluée en août 2015, perdant 3% en quelques jours, mais un an plus tard elle avait baissé de « seulement » 7,5%. Le Yuan a donc perdu plus sur les trois derniers mois que sur les 12 mois qui ont suivi la dévaluation de 2015. Cela donne une idée des dégâts.

L’indice MSCI devises émergentes a, lui, perdu 6% depuis la fin du premier trimestre. La période de calme sur les devises semble bel et bien finie.

Guerre commerciale, une estimation de la Banque de France

La Banque de France vient de publier une étude de l’impact d’une guerre tarifaire sur l’économie mondiale. La conclusion est que « personne ne gagne une guerre commerciale ». L’impact d’une hausse de 10% des tarifs douaniers enlèverait un point à la croissance mondiale. Mais en utilisant un modèle d’équilibre général, les auteurs peuvent aussi donner un ordre de grandeur sur les effets de second rang : baisse de la productivité induite, hausse du coût du capital et baisse de l’investissement. On arrive alors à un impact de 1,5 à 2 points de PIB dès la première année. Un effet qui s’accentue légèrement sur les années suivantes.

Demandes de chômage au plus bas depuis un demi-siècle

Impressionnants chiffres d’emplois aux États-Unis : les inscriptions hebdomadaires au chômage sont au plus bas depuis décembre 1969, presqu’un demi-siècle. La président de la Fed Jerome Powell a dit hier que qu’il restait peut-être de la marge de manœuvre sur le marché de l’emploi. Si elle existe, elle est limitée.

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Stéphane Déo est stratégiste chez La Banque Postale Asset Management. Il est diplômé d'HEC, a un DEA en économie à l'Ehess (Ecole des hautes études en sciences sociales) et un doctorat en finances à HEC. Il a effectué des études post-doctorales à l'université de Berkeley (Californie). Après l’OCDE et Goldman Sachs, il travaille chez UBS en 2001 comme économiste puis stratégiste jusqu’en 2015. Il poursuit son expérience chez Empirical Research Partners comme stratégiste actions globales.

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