Rien ne se perd, tout se transforme (extrait du livre Les superpouvoirs des animaux). Je fais un pari : seul 1 lecteur sur 100 de l’album de « Tintin et les 7 boules de cristal » sait à quoi sert le guano, entreposé sur les quais du port du Havre, à côté des Dupont Dupond.
Dupont (ou bien est-ce Dupond ?) qui justement s’interroge sur la chose, et obtient pour toute réponse, une tirade laconique de son acolyte, au moment où une mouette souille lamentablement son chapeau melon : « le guano, c’est ça ! ».
Qu'est-ce que le guano ?
D’accord, le guano, c’est de la chiure d’oiseau, mais ça sert à quoi ? Importé massivement du Pérou au XIXe et au XXe siècle, il s’agit en fait d’un exceptionnel engrais naturel. Si le Pérou a été longtemps promesse de bonne fortune – d’où l’expression, « c’est le Pérou » – ce n’est pas tant pour ses mines d’or, que pour ses immenses gisements de cacas d’oiseaux, qui ont permis à de nombreux hommes d’affaires de bâtir d’immenses fortunes.
Et se faisant, ils ont aussi, au passage, sorti l’État péruvien d’une faillite quasi certaine, le guano ayant été décrété propriété nationale au milieu du XIXe siècle ! Si le guano ne fait évidemment plus fortune, remplacé par d’affreux engrais chimiques qui abîment durablement nos sols et par extension la planète, d’aucuns ont pensé pouvoir à nouveau faire du... cacash avec les fientes d’oiseaux.
Une centrale électrique biomasse
Aux Pays-Bas, une centrale électrique d’une capacité de 36 mégawatts – soit la puissance éolienne installée en Espagne en 2008 – tourne exclusivement aux... fientes de poulet ! Récoltées dans les élevages jusqu’à 200 kilomètres à la ronde, ces déjections produisent un excellent carburant, et permettent d’alimenter en électricité plus de 90 000 foyers. Sur une année, ce sont donc, plus de 440 000 tonnes de crocrottes de poulet qui partiront en fumée. Heureux riverains... L’histoire ne dit pas si cela sent la rose.
Dans un autre style, à Vénissieux dans le Rhône, c’est une centrale au fioul qui tourne déjà partiellement depuis 2002 aux... graisses animales. Pas moins de 10 000 foyers sont ainsi chauffés et alimentés en eau chaude grâce au gras du jambon ! Moins polluantes puisque sans hydrocarbures, ces graisses sont surtout quatre fois moins chères que le fioul, pour des performances assez similaires. Réjouissez-vous : livrées par les usines d’équarrissage de la région, c’est autant de cochonneries en moins dans nos steaks hachés ou dans les petits nounours et autres gommes à mâcher de nos petits d’hommes !
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