Dernièrement, Varsovie a présomptueusement invité les pays occidentaux de l’UE à prendre exemple sur sa réussite économique. Cette arrogance est-elle justifiée ?
Pourquoi tant d’entreprises continuent-elles à s’installer en Pologne, alors même que des pays comme la Roumanie ou la Bulgarie ont un coût de la main-d’œuvre 2 à 3 fois inférieur ?
En quelques chiffres, la Pologne c’est 55% de croissance du PIB entre 2005 et 2015 contre 9,8% pour la France et une prévision de croissance du PIB en 2017 de 3,4%. Selon Eurostat, en mars 2017, le taux de chômage dans le pays de Lech Walesa était 5,3% contre 10,1% dans celui de Bernard Thibault. Face à cette situation de quasi plein emploi la Pologne a ouvert ses portes à 1,3 millions d’Ukrainiens en 2016.
Evidemment, le succès polonais est dû à des salaires 3 fois plus bas qu’en France et aux fonds européens, mais pas uniquement. C’est également le résultat des politiques économiques mises en œuvre depuis dix ans. D’abord une politique de l’offre : flexibilité du marché du travail, un impôt sur les sociétés à 19%, orientation des fonds européens vers la modernisation et l’augmentation des capacités de production des entreprises.
Puis, au moment où elle s’essoufflait, des éléments d’une politique de la demande ont été introduits via l’octroi des premières allocations familiales qui ont permis de relancer une consommation atone. Un autre point fort de l’économie polonaise est sa transparence qui la rend plus attractive que ses concurrents « low cost » roumain et bulgare. Mais surtout, son principal atout est sa main d’œuvre pour laquelle le mot ambition n’est pas péjoratif. Elle est aussi qualifiée au niveau technique que celle de l’Allemagne et n’a rien à envier aux cadres supérieurs français.
Les grands groupes ne s’y sont pas trompés et délocalisent de nombreuses opérations standardisables (jusque-là réalisées par leurs filiales de l’Ouest) dans des centres où sont appliqués les principes du Taylorisme aux tâches des employés. Ces derniers, tels des ouvriers à la chaîne, réalisent des travaux intellectuels répétitifs dans des cadences imposées.
Ces centres, très consommateurs de jeunes diplômés pullulent, notamment à Cracovie, et classent la Pologne comme premier pays européen dans ce domaine d’ « avenir ». Avec sa croissance économique sans interruption depuis 12 ans et ses fondements économiques solides la Pologne connaîtrait-elle ses « Trente Glorieuses » ?