Les soignants « battent le pavé », symptôme d’une société qui a mal

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Par Bernard Devert Publié le 17 juin 2020 à 5h00
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@shutter - © Economie Matin

Les soignants, après avoir été au front lors de la crise du Covid 19, sont de nouveau face à nos gouvernants leur rappelant leurs promesses. Il est dommage qu’il leur faille « battre le pavé » alors que, de nos rues, il y a quelques semaines, ils pouvaient apprécier le témoignage de sympathie et d’espérance qu’ils avaient fait naître par leur courage.

Leur attente n’est pas une simple valorisation des rémunérations, mais aussi la création de postes, rappelant qu’être soignant ce n’est pas seulement poser des actes mais aussi assurer un prendre-soin, auquel le temps ne lui est pas étranger. Une injustice serait commise à leur égard si leur demande n’était pas prise en compte.

La réponse attendue procède de la responsabilité de la Nation qui, dans le surgissement de l’imprévisible pandémie, sut donner une priorité à la vie sur la finance, l’économie. L’éthique a été portée à un niveau rarement atteint conférant à la vie une priorité absolue sur toute autre considération.

Il ne faudrait pas que le « Ségur de la Santé » vienne annihiler et annuler ce que les soignants ont apporté : une énergie, un souffle. Laisser retomber ce souffle serait commettre une grave injustice qui immanquablement développera ses métastases : mépris et indifférence détruisant l’avenir.

Comment ne pas observer les milliards trouvés pour que les avions ne restent pas plaqués au sol. Ne serait-il pas aussi opportun de prescrire les conditions nécessaires au bien-être et à la santé en donnant aux « femmes et hommes en blanc » les moyens du prendre-soin ; la Société toute entière s’en portera mieux.

Dans ces « jours de l’après », surgissent des orages, des tempêtes ; le climat est lourd. L’une des convergences pour arrêter la déchirure est le prendre-soin. Ne serait-il pas notre « concorde » pour aller plus haut et plus vite vers cette Société du care. Nul doute que les regards gagneraient en bienveillance.

Pourquoi la vie, lorsqu’elle est confrontée à la fragilité, n’est-elle pas mieux entourée, choyée. Ne serions-nous pas touchés par la fièvre de l’utilitarisme pour ne pas voir que l’urgence des défis à relever concerne les situations de vulnérabilité.

Oui, vraiment l’attention aux soignants est une chance pour une société plus apaisée, plus humanisée.

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Bernard Devert est le président d'Habitat et Humanisme. Après des études de droit, il intègre un grand cabinet d'administration d'immeubles de la région Rhône-Alpes. Il y restera 11 ans. Rapidement il crée une société de placements immobiliers, puis à 37 ans, sa propre société de promotion immobilière. Parallèlement, répondant à un appel reçu dans sa jeunesse, Bernard Devert suit un parcours théologique qui le conduira à la prêtrise en 1987. C'est pendant cette période, dans les années 80, qu'il prend conscience des injustices liées au logement et notamment, celles engendrées par la rénovation des centres-villes qui relèguent les classes populaires dans les quartiers périphériques. La création d'Habitat et Humanisme en 1985 est le résultat de ces deux élans : l'esprit d'entreprise, le "génie" immobilier, et la soif de justice.

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