Malgré les investissements à crédit, la rentabilité des entreprises chute. Taxation, redistribution et services publics ne peuvent augmenter la richesse.
Retenue au Congo par des grèves d’Air France (et ses pilotes les mieux payés au monde), j’ai tout le loisir de méditer sur le service public et nos impôts. En principe, nos impôts servent à financer les services publics, c’est-à-dire des services que le secteur privé ne pourrait pas assumer car ils ne sont pas rentables. La France étant championne du monde de la pression fiscale toute catégorie, nous devrions être des « usagers » choyés à traitement platine ou diamant pour reprendre les dénominations marketing en vogue.
Hélas, il n’en est rien parce qu’en France, l’impôt finance tout et n’importe qui. Il suffit de rajouter l’adjectif « social » à un nom pour voir une taxe surgir. Récemment, Contrepoints faisait la critique d’une émission de France 3 « Bernard Arnault : l’art de payer moins d’impôts ».
« Le milliardaire, présenté comme une sorte de prédateur fiscal, était voué aux gémonies par une journaliste militante, persuadée de mener une croisade, heureuse de jouer au détective sous le soleil de Malte, puis quelque part en Belgique. Les témoignages d’avocats, de voisins, de badauds, dont certains visages étaient floutés – comme dans les enquêtes à sensation sur les prédateurs sexuels – nous apprenaient que Bernard Arnault, à la tête d’un empire industriel, possédait de nombreuses sociétés, articulées entre elles par de savants montages aux inspirations juridiques complexes. Une sorte d’avocat spécialisé dans les grandes fortunes tenta de nous démontrer que ces imbroglios cachaient des intentions peu louables, mais finit par avouer que la situation était parfaitement légale. […] Qu’on admire Bernard Arnault ou qu’on le déteste, il faut reconnaître que cet homme a construit l’un des plus beaux fleurons du luxe français, et qu’à cet égard, il est pathétique de le traiter comme un vulgaire prédateur fiscal, sans donner les chiffres colossaux des recettes publiques, générées par son empire industriel, notamment par la TVA, les cotisations sociales, les taxes immobilières, les impôts sur les sociétés, etc. »
Bernard Arnault est l’heureux propriétaire du journal Les Echos. Son gendre Xavier Niel est un actionnaire du Monde. Il peut paraître étrange que ce soit un media en ligne indépendant qui endosse une attitude critique vis à vis des impôts. Pourquoi les grands médias possédés par ces ultra-riches (on pourrait rajouter le groupe Le Figaro détenu par Dassault) évitent-ils soigneusement de parler de la réduction de l’emprise de l’Etat sur l’économie, de la diminution des dépenses publiques, de la baisse des impôts, et s’abstiennent-ils de critiquer l’absurde fiscalité française ?
Ils préfèrent relayer comme les médias du « service public » des histoires de fonctionnaires zélés, de solidarité, de défense de statuts privilégiés, publier des photos soigneusement anglées pour que cinq à10 militants CGT donnent un effet de masse… Ces médias possédés par les ultra-riches, indifférents au sort de la classe moyenne, sont les premiers à fustiger les populistes.
Les ultra-riches n’ont pas besoin de la classe moyenne
Depuis l’avènement du capitalisme moderne, les ultra-riches n’ont pas besoin de l’épargne de la classe moyenne pour investir ou d’une augmentation de son pouvoir d’achat pour avoir des clients. Ils ont accès à du crédit presque gratuit dont la quantité n’est limitée que par l’obscure réglementation des milliers de pages de Bâle 3 ou Bâle 4. Ils n’ont pas besoin de vrai capital. La dette et l’effet de levier fournis par leurs amis banquiers leur suffisent.
Ils n’ont pas besoin de clients dotés d’un véritable pouvoir d’achat. L’argent de la redistribution leur donne des clients pour écouler leurs produits. Ils ne craignent ni le maquis des subventions, ni la jungle de la réglementation, ni l’enfer fiscal. Ils ont les moyens de se payer des conseillers efficaces. Leurs journaux servent et défendent leurs intérêts et ils se sont adaptés au système subvention-taxation-redistributions qui étouffe la classe moyenne. Margaret Thatcher avait dit que le socialisme arrivait toujours à court de l’argent des autres. Mais elle n’avait pas prévu le système du crédit quasi-gratuit et quasi-infini.
Un rouage qui se grippe
Cette belle mécanique pourrait toutefois rencontrer un écueil. Aux Etats-Unis, le Bureau of Economic Analysis(*) vient d’annoncer que le cash flow des entreprises s’étaient effondré, passant de 2 200 milliards de dollars au troisième trimestre 2017 à 1 400 milliards de dollars au quatrième trimestre 2017. Une chute de 36% dans un pays censé connaître une reprise vigoureuse et le plein emploi. Voici un graphique construit par la société de gestion Alhambra :
Le cash flow représente la trésorerie engendrée par l’activité opérationnelle. Ce graphique signifie que les fonds propres des entreprises, leur capital productif, rapportent moins. Dans ces conditions, où sera la croissance les bénéfices futurs ? Nulle part. Les investisseurs acceptent de payer de plus en plus cher une rentabilité de plus en plus maigre, uniquement parce qu’ils recyclent le crédit gratuit des opérations monétaires. Nous n’avons pas les chiffres équivalents de l’INSEE ou d’Eurostat mais en général, les mêmes causes produisent les mêmes effets. Les ultra-riches peuvent mépriser le vrai capital mais si la rentabilité diminue, le marché s’ajustera un jour.
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