Grèce : la fin de l’agonie ou une agonie sans fin

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Par Simone Wapler Publié le 29 juin 2015 à 5h00
Grece Remboursement Dette Fmi Europe
@shutter - © Economie Matin
62En Grèce, l'âge de départ à la retraite est de 62 contre 67 ans en Allemagne.

Alors, la Grèce ? Va-t-elle sortir de l’euro ? Va-t-elle se faire jeter de l’euro ? La Grèce me fatigue. Angela aussi d’ailleurs a l’air fatigué, Wolfgang (Schäuble) itou,…

Cette agonie est interminable. Tout est écrit, prévisible, mais rien n’est dit clairement. Il y a l’angle politique et l’angle financier. Il y a les cigales et les fourmis, les buveurs de vin et les buveurs de bière. Oubliez le passif de la dette grecque. Cigales et fourmis ont compris qu’il ne serait jamais remboursé. Ce n’est plus le problème.

Alors où est donc le problème ? Dans l’avenir, pas dans le passé

La dette passée n’a plus aucune importance. Ce qui compte, c’est la dette future : les cigales veulent continuer de creuser, année après année, leur déficit… vivre avec un « déficit continu » en somme. Les cigales appellent cela la « solidarité » et voudraient que les fourmis se sentent « solidaires » de leur art de vivre et de leurs dettes.

Mais les fourmis ne veulent pas. C’est trop cher, elles vieillissent elles aussi. Elles se moquent de l’art de vivre. La bière leur va très bien. Elles veulent que leur épargne rapporte pour éviter de mourir dans la misère lorsque la bise viendra. Elles ne veulent plus de taux maintenus bas artificiellement, elles ne veulent pas être euthanasiées par l’inflation.

La fourmi allemande, qui prend sa retraite à 67 ans, avec 57% de son salaire moyen d’activité ne veut pas payer pour la retraite à 62 ans de la cigale grecque qui en perçoit plus de 70%. (source : Centre des Liaisons Européennes et Internationales de Sécurité sociale)

Ce n’est pas par hasard si le point d’achoppement est justement les retraites. Les fourmis veulent bien fermer les yeux sur le passif, à condition qu’il ne grossisse plus. Elles veulent donc que les cigales appliquent la règle d’or, deviennent austères, se muent en fourmis… Mais au fond, pourquoi cette mue est-elle si difficile ?

La plupart des gens qui soutiennent les cigales en appellent à la « solidarité »

Ce mot est révélateur. On est caution solidaire, on contracte des obligations solidaires. Juridiquement, la « solidarité » lie entre eux deux ou plusieurs créanciers (solidarité active) ou deux ou plusieurs débiteurs (solidarité passive). Solidaires, chacun des créanciers à le droit d’exiger le paiement de la totalité de la créance. Solidaires, chacun des débiteurs a à rendre compte de la totalité de la dette au créancier. Aller au fond des mots permet d’aller au fond des choses. La « solidarité » est en réalité une prodigalité achetée avec l’argent des autres.

Personnellement je ne me sens pas et je ne me sentirai jamais « solidaire » des Grecs dans leur ensemble. Ce pays a maquillé sa comptabilité, a délibérément adopté un système de gestion qui favorise la corruption. Car la Grèce est bien une démocratie, il me semble. Les Grecs ont donc choisi la mauvaise gestion, le clientélisme, le capitalisme de copinage.

Effacer la dette des Grecs, le passif existant, est une chose. Endosser le passif futur en payant pour des avantages que les ressortissants des autres pays n’ont pas et que les Grecs ne veulent pas payer eux-mêmes en est une autre.

Je n’ai pas envie d’être « caution solidaire » pour une durée indéfinie. De ce point de vue, je me sens proche d’un Allemand, d’un Autrichien, d’un Luxembourgeois, d’un Lettonien, d’un Estonien, d’un Lituanien, d’un Slovaque, d’un Irlandais ou d’un Finlandais. Je suis même proche d’un Espagnol ou d’un Portugais qui ont accepté de mettre un peu de bière dans leur vin.

Si, en contrepartie de la remise du passif, les Grecs adoptaient la « règle d’or » budgétaire et payaient les impôts correspondant à leur train de vie, il n’y aurait aucun problème. Il existe évidemment des cas de vraie détresse matérielle chez les Grecs. Mais ils ne sont pas du ressort de la « solidarité ». Il me semble qu’ils sont du ressort de la fraternité. Ce n’est pas la même chose. Et vous, vous sentez-vous solidaire des Grecs ?

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Simone Wapler est directrice éditoriale des publications Agora, spécialisées dans les analyses et conseils financiers. Ingénieur de formation, elle a quitté les laboratoires pour les marchés financiers et vécu l'éclatement de la bulle internet. Grâce à son expertise, elle sert aujourd'hui, non pas la cause des multinationales ou des banquiers, mais celle des particuliers. Elle a publié "Pourquoi la France va faire faillite" (2012), "Comment l'État va faire main basse sur votre argent" (2013), "Pouvez-vous faire confiance à votre banque ?" (2014) et “La fabrique de pauvres” (2015) aux Éditions Ixelles.

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