La difficulté de cette question tient au fait que l’on considère cette situation comme catastrophique à court terme alors qu’elle donne l’espoir d’un rebond à plus long terme. Ensuite, il faut comparer cette situation à celle d’un maintien dans la zone euro de la Grèce...
Dans le cas où la Grèce reste dans la zone euro, d’abord, elle doit continuer à rembourser les créanciers, et chaque perte sous la forme d’une décote ou non est un coup dur pour le secteur bancaire exposé. Cette faillite déguisée car interne à la zone euro, entraine la nécessité quasi permanente de recapitaliser les banques d’un côté et de faire bénéficier à la Grèce des prêts du Fonds Européen de la Stabilité Financière (FESF) de l’autre. Mais les prêts ne sont que de nouveaux prêts à rembourser.
Lorsqu’il n’y a pas de croissance en face, le système est un cercle vicieux, connu maintenant, avec austérité, baisse des salaires et chômage à la clé.
Dans le cas d’une sortie unilatérale de la zone euro, d’abord la Grèce créerait une nouvelle monnaie. Elle pourrait alors retrouver sa politique monétaire. Ensuite, certes la Grèce dévaluerait mais avant cela, il faudrait qu’elle convertisse ses créances en drachmes (90 % de la dette privée est sous droit national). Un peu comme en Argentine en 2001, il y aura à court terme une récession car la fermeture du marché des capitaux obligera à résorber immédiatement le déficit. Et l’économie étant mono-spécialisée il faudra donc une forte dévaluation. Certains économistes estiment à 70 % la dévaluation nécessaire. Dans ces conditions, l’inflation augmentera encore et les revenus baisseront considérablement.
Mais au bout de 6 mois, la situation pourrait s’améliorer très rapidement comme en Argentine. La monnaie serait de nouveau acceptée et l’inflation maîtrisée. La production repartirait assez rapidement. Une reprise des exportations dans le domaine touristique, agricole, fret, services liés au commerce permettrait de relancer la production grâce au change très favorable. L’économie gagnerait en compétitivité par une voie offensive et non par la baisse des salaires (Michel Aglietta 2012).
Quelles en seraient les conséquences pour la zone euro ? L’essentiel des commentateurs évoque cette question sous le vocable de contagion ou risque systémique. Ici, le problème serait d’éviter la contagion, le risque d’illiquidité, et d’insolvabilité des Etats. Mais la contagion existe déjà au sein même de la zone euro, il suffit de voir l’évolution des spreads pour s’en convaincre. En revanche si la Grèce rétablit sa monnaie, la perte est liée à la dette libellée en euro (et convertie en Drachme) multipliée par la dépréciation.
Mais si elle reste dans la zone euro, le coût est la valeur de l’aide à verser à la Grèce et rien ne dit que ce montant actualisé soit forcément inférieur à la dette libellée en euro (et convertie en drachme) multipliée par la dépréciation. Dans la situation d’un maintien dans la zone euro, comme de toute façon il n’y a pas d’Europe politique, les aides deviennent de moins en moins crédibles. Une sortie de la zone euro pourrait donc être la meilleure solution... pour la Grèce.