Un comité d’experts mis en place par Ile-de-France Mobilités recommande de ne pas rendre les transports en commun gratuits en Ile-de-France, en citant le risque de saturation du réseau et ses perspectives de développement amoindries si les revenus tirés de la vente de titre de transports devaient s’arrêter.
La gratuité des transports induirait surtout un effet d’aubaine
Rendre les transports en commun gratuits, Anne Hidalgo, la maire de Paris, y songeait dès mars 2018. Six mois plus tard, Ile-de-France Mobilités, l’autorité organisatrice des transports et seule entité compétente en matière de tarification, lui oppose un refus. Le comité d’experts composé d’élus, d’universitaires, de représentants d’associations d’usagers et de cadres supérieurs actuels et passés de la SNCF préconise de maintenir le caractère payant des transports en commun, sauf exception (allocataires du RSA, handicapés, personnes âgées…).
Les auteurs du rapport estiment en effet que le « report modal » qui aurait lieu comme résultat de la mise en place de la gratuité correspondrait surtout à un usage plus intensif des transports en commun par les personnes qui prenaient le vélo ou marchaient lorsque les transports en commun étaient payants. Quant aux automobilistes, les experts estiment que 90% d’entre eux mettraient plus de temps en transport en commun qu’avec leur voiture. Il ne faudrait donc pas s’attendre à ce que les personnes véhiculées laissent leur voiture au garage si les transports en commun devenaient gratuits.
Réduire le temps de transport et non son coût pour l’usager
Selon les auteurs du rapport, plus d’un million de Franciliens bénéficient d’ailleurs déjà de tarifs réduits ou de la gratuité pour les abonnements. La gratuité totale concerne 350 000 personnes (bénéficiaires du RSA), auxquels s’ajoutent 260 000 personnes bénéficiant de 50% de réduction sous condition de ressources, 315 000 personnes âgées ou handicapées bénéficiant de réductions sous condition de ressources, jusqu’à la gratuité (Paris et Val-de-Marne) et près de 200 000 jeunes bénéficiant d’abonnements à tarif réduit.
« Les études disponibles montrent qu’il y a aujourd’hui, compte tenu des aides existantes et du niveau globalement faible des prix, peu de corrélation entre accessibilité et chômage, et qu’il s’agit toujours davantage d’une question de temps de transport plutôt que de prix », concluent les auteurs du rapport.