« Les grands et les petits paradoxes de la vie ! »

Cropped Favicon Economi Matin.jpg
Par Charles Sannat Modifié le 22 juillet 2013 à 13h29

Voilà mes chers lecteurs, la fin de l’année approche et les grandes vacances aussi (en tout cas pour moi). Du coup, j’ai déjà commencé à prendre mes quartiers d’été sur le bassin d’Arcachon (comme tous les ans). Alors entre la rédaction de quelques articles et de l’édito du jour, je profite un peu de la plage avec les enfants et du soleil… surtout du soleil.

Enfer et damnation

Je mange des huîtres, je bois du vin, et figurez-vous, hélas, je le confesse, je fume (mon dieu quelle horreur). Heureusement, ma « copine » Marysol la sinistre de ma santé, a décidé de prendre soin de moi par la force. Elle tape dans mon portefeuille en augmentant le prix de mon vice mais elle ne compte pas s’arrêter là. Non, elle veut m’interdire de fumer dehors… au nom du tabagisme passif. Fumer dehors sera bientôt verboten. Surtout à proximité d’une école, où vous pourrez bientôt vendre légalement du cabanis (il n’y a pas d’erreur, pour le moment la législation interdit de prononcer ce mot au risque d’en faire l’apologie ce qui serait très grave), mais si vous fumez une clope en attendant vos gosses, allez zou… au trou ! Paradoxe que j’ai du mal à comprendre.

Pour partir en vacances, j’ai dû emprunter l’autoroute avec femme et enfants. J’ai payé mon péage (les infrastructures ayant été construites avec l’argent des Français de plusieurs générations et désormais privatisées pour engraisser quelques intérêts privés). J’ai évité (enfin je crois) les radars en utilisant mon limiteur de vitesse fixé à 136 km. (Il faut optimiser quand même, et je suis sûr que vous faites pareil. D’ailleurs, je trouve que leurs radars pédagogiques sont une grande avancée pour régler au mieux son limiteur en prenant en compte en plus la marge d’erreur que l’on vous déduit sur les PV.)
J’ai payé mon plein et mon gasoil avec toutes les taxes qui vont avec.
Je me suis arrêté toutes les deux heures pour éviter de m’endormir au volant.
Je n’ai pas bu, ni fumé du cabanis avant de prendre la route.
J’ai mon assurance et… mon permis de conduire est encore valide (toujours le problème des radars).
J’ai mon gilet jaune.
J’ai mon triangle de signalisation.
J’ai les gamins harnachés dans des machins pour les protéger.
J’ai un brumisateur pour la chaleur… des couvertures pour l’hiver.
J’ai même deux éthylotests qui devaient devenir obligatoires et qui ne le sont plus !

Mais cela ne suffit pas. Non, il faut nous emmerder le plus possible. Donc Manu, le sinistre du ministère de l’Amour, pardon de l’Intérieur, a décidé qu’il allait falloir encore baisser la vitesse autorisée… mais c’est pour not’bien, vu que moins on roule vite moins on consomme… D’un autre côté, on doit rouler plus longtemps, ce qui augmente les risques vu qu’on passe plus de temps sur la route… D’où mon idée géniale de vouloir arriver toujours le plus vite possible (non c’est une blague, on n’a pas le drôat de faire l’apologie de l’accident de la route et de la vitesse). D’ailleurs, de nos jours, on parle de « violence routière », de « délinquance de la route »…

Le concept de la mort évitable

Oui on veut nous l’éviter, ce qui est plutôt gentil de la part de nos zélites, mais pourtant je ne crois pas du tout à cette motivation de la part de mamamouchis.

Tout, dans cette histoire, est paradoxe. D’un côté, il faut nous interdire de fumer, car fumer tue (ce qui est vrai, comme la vieillesse et les maladies). Et pourtant, de l’autre côté, nous n’avons jamais rendu l’air que nous respirons aussi dangereux et nocif.

J’ai longtemps habité en région parisienne le long d’un axe très passant… Mes fenêtres étaient noires d’une poudre très très fine, des particules diesel excellentes pour les poumons.
Nos enfants, qui ne fument pas (enfin en théorie), n’ont jamais eu autant de problèmes respiratoires et d’allergies de peau…

Mais nous ne ferons rien, car il faudrait interdire les voitures (qui tuent aussi en raison de pollution plus chaque année qu’en raison des accidents de la route).

Le paradoxe ici est que l’accident correspond au concept de la mort évitable et que les réduire permet aux compagnies d’assurance de gagner beaucoup plus d’argent sans pour autant baisser nos primes (en tout cas, la mienne, elle ne baisse pas vraiment).
Vous l’aurez compris, même si la pollution tue plus, on ne peut pas la réduire car :
1/ il faudrait que l’État dépense de l’argent qu’il n’a pas dans des transports en commun propres ;
2/ cela viderait les caisses de l’État puisque plus personne ne paierait les taxes sur les carburants et la TVA sur les péages ;
3/ les constructeurs automobiles ne vendraient plus d’autos… ce qui représente des centaines de milliers d’emplois dans notre pays.

Il continuera donc à y avoir 50 000 morts par an liées à la pollution et on continuera à nous emmerder pour « économiser » 200 ou 300 morts sur les routes.

De la même façon, jamais nos aliments, notre eau, n’ont été aussi pollués, et nous voyons déjà l’espérance de vie diminuer en raison essentiellement des facteurs de stress liés à la pression sociétale et aux facteurs environnementaux.

Une atmosphère étouffante

Voilà, je trouve ce qui se développe de plus en plus dans notre pays et à tous les niveaux, c’est une atmosphère étouffante où tout, absolument tout est réglementé, légiféré, organisé, codifié et normalisé.

Une atmosphère où finalement plus rien ou plus grand-chose n’est possible sans devoir affronter la complexité des lois et les coûts que cela engendre.

Il ne faut pas s’y tromper. Cette ambiance générale et délétère a des conséquences monumentales sur plusieurs aspects très importants.

Cela freine toute initiative économique.
Cela freine le dynamisme global de notre population.
Cela attaque le « moral » des Français.
Cela freine les investissements étrangers.
Cela contribue à l’entretien d’un État obèse qui a besoin de plus en plus de fonctionnaires pour s’occuper de choses parfaitement inutiles, comme de policiers pour contrôler le dangereux fumeur du Square de la poupée qui tousse à Trifouillis-les-Oies. Il faudra 3 magistrats pour juger ce dangereux criminel. 5 greffiers pour taper à la machine (à l’ordinateur pardon) le jugement rendu. Un huissier de justice pour le « signifier ». Une prison pour héberger temporairement ce décidément très dangereux récidiviste. Bref, tout cela coûte énormément à la société.

Nous sommes devenus fous

Nous rentrons dans une société de paradoxes d’où tout bon sens est parti… Il en reste encore un peu certes, mais finalement il est en voie de disparition.

Une société qui n’a jamais été aussi violente et pourtant aussi restrictive.
Une société où tout est pénalisé ou presque et où pourtant 75 % des peines de prison fermes de moins de 6 mois ne sont pas exécutées faute de place.
Une société de caméras, de drones et d’hélicoptères de surveillance… qui n’empêchent pas les émeutes (pardon on dit « échauffourées » en novlangue).
Une société où l’on vous impose les façons légales de mourir, où l’on encadre « la fin de vie » et la vie toute entière… mais où l’on ne fait rien pour lutter contre les 200 000 tentatives de suicides annuelles provoquant la mort de 11 000 de nos concitoyens… chaque année, soit presque 5 fois plus que les victimes de la route. Il est vrai qu’il est difficile de taxer le suicide.
Une société où l’on se ment, où l’on nous ment en permanence et sur tous les sujets.
Une société où une maman (de gôche, pour le prôgrèès) m’a expliqué quand même qu’elle n’arrivait pas à expliquer à son gamin de 3 ans « comment faire les bébés » alors que lui expliquer que deux hommes pouvaient s’aimer ne lui posait pas de problème… Elle sentait bien elle-même qu’il y avait un problème (le problème n’étant pas que deux zhommes ou deux femmes puissent s’aimer).

Alors oui, nous sommes devenus fous. Nous nous intéressons à l’anodin et jamais à l’essentiel. Nous n’avons plus de projet de société et encore moins nationale. Nous n’intégrons plus, nous n’avons plus de vision collective, nous sommes tous devenus individualistes et communautariste. Tout est communauté. Les communautés religieuses certes, mais cela va bien au-delà. Toute la société, notre société est fragmentée en groupes, groupes qui servent de base uniquement à la segmentation marketing.

Nous massacrons notre propre langue, notre éducation et nos écoles. Nous massacrons notre jeunesse, nous massacrons notre économie, nos lois et notre justice.

Nous passons des lois que nous n’appliquons pas dans les faits.
Nous faisons des normes pour tout… et pourtant nous ne contrôlons rien alors que 80 % des produits qui arrivent de Chine chez nous ne sont pas conformes…

La liberté ne se divise pas !

Et c’est un point essentiel. La liberté a un corollaire. Celui des abus de la liberté. Ne vous méprenez pas au sujet de mes propos. Je ne suis pas pour le laxisme. Je dis simplement que le concept de mort évitable, que l’idée de délinquance zéro, de sécurité totale sont des leurres qui ne peuvent conduire qu’à une société ultra étouffante, sans liberté si ce n’est celle de consommer et même plus celle d’entreprendre, de réfléchir et de créer… et qui, malgré tous ces inconvénients, ne vous apportera jamais la sécurité que vous souhaitez.

Pour paraphraser Churchill, qui avait déclaré à propos des accords de « Munich » que l’on avait « préféré l’humiliation à la guerre et que nous aurions l’humiliation et la guerre », nous avons préféré le risque zéro à la liberté, nous aurons le risque et l’absence de liberté !

Oui cette société est étouffante, et la meilleure chose que ce gouvernement et les autres auraient à faire est de redonner l’initiative au peuple. Laissez faire les gens.
Que l’État assure ses tâches régaliennes (dont la sécurité et la stabilité fiscale) et qu’il laisse faire les gens, qu’il laisse le peuple se débrouiller, car le peuple est capable de déployer des trésors d’ingéniosité et d’inventivité !

Ha oui, en Grèce, ils veulent autoriser le travail le dimanche comme moyen d’augmenter la croissance. Or depuis cinq ans, ce sont 120 000 magasins qui ont fermé en Grèce. Ouvrir le dimanche ne sert pas à créer plus de croissance. Le budget de dépense est toujours le même. Vos 100 euros dépensés sur cinq jours ou sur sept resteront toujours 100 euros. En Grèce, ils n’ont même plus 100 euros a dépenser. Tout cela est de l’idéologie et participe de la volonté de casser les modes traditionnels de fonctionnement des sociétés et des pays afin de réduire tout le monde à un simple état de consommateur.

Je pense que l’Homme ne doit pas être réduit à cela. Jamais. Nous sommes bien plus.

Laissez un commentaire
Cropped Favicon Economi Matin.jpg

Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

Aucun commentaire à «« Les grands et les petits paradoxes de la vie ! »»

Laisser un commentaire

* Champs requis