La firme de Mountain View, dont le positionnement est clairement universel depuis ses débuts, avec des produits sans frontières tels que Gmail, Gmaps et bien d’autres, a pourtant refusé l’injonction de la CNIL car il ne souhaite pas de droit à l’oubli pour ses versions internationales.
Pourquoi un tel paradoxe ? Quels réels enjeux se cachent derrière le simple billet de blog publié hier par Google ?
Google a décidé de se battre contre la CNIL et de ne pas se plier à l’injonction faite début juin par l’agence française de protection des données personnelles. Cette dernière lui demandait de se mettre en conformité avec le droit à l’oubli, en prévoyant de désindexer les informations non plus seulement sur les versions européennes de son moteur mais aussi sur ses versions internationales. Ce qu’avait d’ailleurs obtenu Max Mosley grâce à un accord à l’amiable avec Google.
Depuis le début du droit à l’oubli, Reputation VIP a pu analyser la nature des demandes grâce à son service Forget.me, qui permet à ses utilisateurs de gérer leur droit à l’oubli de manière simple et efficace. « Nous avons très vite remarqué que les demandes concernaient des données à caractère privées qui n’ont rien à faire sur Internet. Nous en dénombrions près de 60% dans notre communiqué concernant l’anniversaire du droit à l’oubli publié le 12 mai dernier ». précise Bertrand Girin, président de Reputation VIP. The Guardian a récemment confirmé cette position dans son article révélant des informations trouvées dans le code source de Google : 95% des demandes de droit à l’oubli proviennent de citoyens souhaitant protéger des données privées et personnelles et non de criminels, politiciens ou personnes publiques.
Pour Bertrand Girin, président de Reputation VIP « Cela révèle une aspiration profondément humaine, les gens souhaitent voir Internet se ré-humaniser et voir, non plus les algorithmes, mais bel et bien l’humain au centre d’Internet. » Position que la Présidente de la CNIL, Isabelle Falque-Pierrotin défend.
Google ne veut pas que d’autres peuples aspirent au droit à l’oubli ?
« Le droit à l’oubli est une innovation juridique qui ouvre la voie aux autres pays, l’Europe est moteur sur ce thème et Google ne souhaite pas que cela aille plus loin, il ne veut pas que d’autres pays se mettent à légiférer sur le droit à l’oubli, qui limite sa volonté de gérer toute l’information du monde. »
En effet, en respectant cette mesure Google risque de voir se renforcer les préoccupations concernant le droit à l’oubli, déjà présentes dans de nombreux pays non européens.
Les données de Forget.me ont permis à Reputation VIP de remarquer l’appétence particulière des pays non-européens pour le droit à l’oubli. Les visites provenant des Etats-Unis représentent notamment près de 23% du trafic total du site. « L’engouement autour de Forget.me montre que le sujet du droit à l’oubli Internet dépasse les frontières européennes et que le respect de la vie privée concerne tout le monde » analyse Bertrand Girin, président de Reputation VIP.
Le Japon, le Canada, l’Israël et les Etats-Unis se posent d’une manière ou d’une autre la question. Par exemple, au Japon, le tribunal de Tokyo, s’inspirant de la décision de la CJUE, a ordonné à Google de supprimer des résultats concernant un plaignant. Les députés Israéliens ont déposé une loi sur le droit à l’oubli. Aux Etats-Unis, un groupe de défense des droits des consommateurs a récemment demandé à la Federal Trade Commission d’enquêter sur les raisons pour lesquelles Google n’a pas étendu le droit à l’oubli aux Etats-Unis. John Simpson, directeur de ce groupe, précise que Google pourrait facilement proposer le droit à l’oubli aux Américains étant donné qu’il s’est engagé à respecter la vie privée des utilisateurs, sa réticence à permettre aux Américains de demander le déréférencement de liens non-pertinents pourrait être « injuste et trompeur ».