Les bénéfices de Goldman Sachs ont doublé en 2012

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Par Charles Sannat Publié le 17 janvier 2013 à 8h52

Encore une fois nous avons de quoi largement occuper notre esprit chagrin aujourd’hui. Un excellent article du Figaro nous apprend que l’immobilier serait un peu cher en France. Personnellement, je l’avais déjà constaté, mais le déni se poursuit. Souvenez-vous, il y a quelques jours nous nous étions amusés avec les déclarations des professionnels de l’immobilier qui développaient des analyses transcendantes du style « plus personne n’achète et les transactions s’effondrent mais les prix devraient continuer à se maintenir à des niveaux stratosphériques pour les siècles des siècles Amen » et la messe était dite. Fin de l’histoire, continuez à vous endetter pour vos 45 prochaines années à taux variables de préférence (des fois qu’ils iraient en dessous de zéro) pour acheter un clapier à 2h30 de votre lieu de travail.

L’immobilier français serait le plus surévalué au monde

C’est une étude internationale du magazine The Economist qui montre donc que l‘immobilier français est l’un des plus surcotés au monde tandis que les prix en Allemagne sont les plus sous-évalués d’Europe ! Encore une fois ces satanés germains !! C’est peut-être le moment de vendre son clapier parisien pour s’installer à Berlin. Cela dit, c’est vrai que les prix y sont beaucoup plus faibles que chez nous, dans des proportions qui surprendraient plus d’un de nos concitoyens. En plus, si l’euro éclatait ou si la zone euro était reconfigurée, vous pourriez vous retrouver avec de futurs marks qui vaudraient beaucoup plus que de l’immobilier français en pleine bérézina libellé en futurs mauvais francs dévalués. Mais ne pensez surtout pas à ce genre de chose, cela n’arrivera jamais puisque François Hollande (notre président désormais chef de guerre) nous a dit que l’euro était sauvé.

Selon The Economist, la France est aujourd’hui numéro un en Europe pour la surévaluation des loyers par rapport au prix de vente (seuls le Canada, Hong Kong et Singapour sont devant) et le numéro un mondial pour la surévaluation des prix par rapport au revenu des ménages (devant le Canada, les Pays-Bas et l’Australie). Mais tout le monde a oublié que sur le marché immobilier, à un moment ou un autre, il faut quand même intégrer dans l’équation de la solvabilité des acquéreurs les revenus moyens… et ils ne sont tous simplement plus en adéquation avec le niveau des prix. Jusqu’à présent, les choses ont pu être compensées par l’endettement, la baisse des taux d’emprunt et bien sûr l’allongement de la durée des crédits… Mais tout cela a des limites.

Nous y sommes et les prix vont devoir s’ajuster, ce qui veut dire baisser. Cela ne s’arrangera pas avec la récession prévue pour 2013 en raison du léger climat d’austérité qui règne dans notre Hexagone national. Selon cette étude, les tarifs français sont surcotés de 50 % pour les loyers et de 35 % pour les prix. Il est à noter que cette étude met en avant encore une fois l’Allemagne comme l’un des très rares pays où les propriétaires ont de bonnes chances de continuer à enregistrer des plus-values et que les prix seraient sous-évalués de 17 % !!

Alors, à votre avis ? Où faut-il investir ? Ce qui est bien avec l’Europe, c’est que vous avez le droit d’acheter partout… Vous pouvez même payer vos impôts en Belgique si vous en avez envie. « Chérie !! Chééééérieu… Fais tes valises, on part vivre à Berlin ! - Tu es fou mon amour, Berlin c’est loin de mes copines, il fait froid et ils parlent allemand… Tu n’y penses pas sérieusement quand même ? - Heu… Franchement si, mais grâce à toi j’ai une excuse pour ne jamais faire de bonnes affaires… Allez, restons dans notre clapier, on y est tellement bien ! »

Sinon j’ai aussi beaucoup aimé aujourd’hui la réaction d’Arnaud Montebourg, notre sinistre du Redressement productif. On dirait que le métier commence à rentrer. Remarquez, vous savez ce qu’on dit : « C’est en forgeant que l’on devient forgeron… »

Renault recherche davantage de flexibilité en France

Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, s’est félicité de ce qu’il n’y ait « ni licenciements, ni fermetures d’usines ». Et le voilà content notre Arnaud. Remarquez, c’est son premier succès. C’est vrai qu’il n’y est pas pour grand-chose, c’est juste Renault qui a dit que ce serait des départs naturels… Et youpi tralala… Bon, du côté de Renault, on se montre légèrement moins catégorique avec des petites subtilités linguistiques, mais qui feront toute la différence plus tard, du genre « une fermeture de site n’est pas inéluctable » tout en sachant que la Direction de Renault vient d’ouvrir des discussions avec les syndicats maisons afin d’obtenir plus de flexibilité et également quelques baisses de salaires substantielles en laissant planer justement la délocalisation de la production française vers d’autres pays comme l’Espagne dont les salariés du Groupe ont accepté il y a quelques mois une pilule sociale bien amère.

Pour mettre tout le monde à l’aise, la Direction, dans un document transmis aux syndicats français, explique que le coût moyen annuel d’un salarié de ses sites d’assemblage français se situe autour des 50 000 euros par personne, charges sociales comprises, contre 35 000 pour un employé des sites espagnols et moins de 11 000 euros pour un ouvrier de l’usine roumaine. Voilà la saine ambiance de progrès social qui règne chez Renault, il reste donc encore une marge importante avant que nos ouvriers soient aussi compétitifs que les Roumains. Mais nous en prenons le chemin. Pendant ce temps, la Banque qui « dirige » le monde, Goldman Sachs, a gagné beaucoup d’argent en 2012.

Goldman Sachs : bénéfice plus que doublé en 2012, et meilleur qu’attendu

La banque d’affaires américaine Goldman Sachs a annoncé mercredi le doublement de son bénéfice pour l’exercice 2012 à 7,3 milliards de dollars, ce qui fait, vous en conviendrez, un peu d’argent. Moi, naïvement, je me suis dit ils sont vraiment très forts chez Goldman. Ils ont réussi à faire plus de crédits aux gens et aux entreprises du coup ils ont gagné plus de sous. Ils ont réussi à vendre plein d’actions aux épargnants car les marchés ont monté. Du coup, ils ont gagné plus de sous.

Bref, en faisant le métier de banquier, ils ont gagné plein d’argent. Eh bien pas du tout. Mais alors pas du tout du tout.

Lorsqu’on lit bien, on se rend compte que les commissions et tarifs sur opérations de marché ainsi que les revenus provenant des activités de crédit ont reculé de respectivement 16 % et 25 %. Il faut donc comprendre que les activités liées au «vrai» métier de banquier se sont effondrées en 2012, ce qui est parfaitement logique vu que les États-Unis se réindustrialisent et que la croissance économique est saine et forte (c’est ironique bien sûr). Non, ce qui a rapporté beaucoup d’argent à Goldman Sachs cette année, ce sont les opérations de marché en propre et d’autres opérations en compte propre. Ces dernières ayant été multipliées par quatre en un an !!

Donc en clair, Goldman Sachs a gagné 4 fois plus d’argent cette année que l’année dernière parce que Goldman Sachs a spéculé pour son propre compte avec tous les risques que cela comporte comme le prouvent les difficultés de la JP Morgan, dont le trader surnommé « la Baleine de Londres » a entraîné des pertes abyssales. D’ailleurs, vous savez, mais c’est un secret, sur les marchés, les gains des uns sont les pertes des autres. Si Goldman rit, la JP Morgan pleure. Il y a une équipe qui a gagné et l’autre qui a perdu. C’est à peu près aussi simple que ça. Mais personne ne vous le dira.

Le PDG de Goldman Sachs, Lloyd Blankfein, a pu se féliciter en déclarant que « bien que les conditions économiques soient restées difficiles pendant presque toute l’année, la solidité de notre modèle d’activité et l’accent mis sur une gestion rigoureuse ont généré de bonnes performances pour nos actionnaires ». Ce que j’aime c’est son concept de gestion rigoureuse, du genre pas de problème on peut faire 7 milliards de profits en spéculant sans prendre de risque. L’essentiel a été préservé, les actionnaires vont pouvoir se gaver. Rien n’a changé depuis cinq ans. Nous en sommes au même point mais avec des montants en jeu encore plus importants qu’au début de la crise en 2007.

Mais toutes ces informations sont secondaires au regard de la petite bombe qui vient d’exploser grâce, ou à cause, de nos « zamis » allemands...

La suite de l'édito de Charles Sannat sur le blog www.contrarien.com

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Charles SANNAT est diplômé de l'Ecole Supérieure du Commerce Extérieur et du Centre d'Etudes Diplomatiques et Stratégiques. Il commence sa carrière en 1997 dans le secteur des nouvelles technologies comme consultant puis Manager au sein du Groupe Altran - Pôle Technologies de l’Information-(secteur banque/assurance). Il rejoint en 2006 BNP Paribas comme chargé d'affaires et intègre la Direction de la Recherche Economique d'AuCoffre.com en 2011. Il rédige quotidiennement Insolentiae, son nouveau blog disponible à l'adresse http://insolentiae.com Il enseigne l'économie dans plusieurs écoles de commerce parisiennes et écrit régulièrement des articles sur l'actualité économique.

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