Les médias subventionnés ont assez peu relevé cette étrangeté: un peu partout en France, les Gilets Jaunes dénoncent l’assistanat. Ce terme recouvre les pratiques d’un État-Providence qui lève l’impôt sur les salariés pour le redistribuer à ceux qui ne travaillent pas. Une bonne synthèse de ces revendications nous est livrée par Le Parisien du matin, qui évoque la cahier de doléances remis aux ministres mercredi 28 novembre.
Pour ce qui est des revendications, si la première semble tenir en une phrase – « revoir à la baisse toutes les taxes » -, la seconde vise à constituer une « assemblée citoyenne ». Celle-ci devrait se pencher sur toute une longue série de sujets : de l’interdiction du glyphosate, à la suppression du Sénat, en passant par une hausse du smic et des retraites, la baisse des charges patronales ou encore la diminution de l’assistanat et le rétablissement de l’ISF. Ces sujets devraient ensuite être « tranchés par voie de référendum ». Vaste programme !
On retrouvera dans les compte-rendus des barrages et mouvements locaux, dans la presse locale, des évocations du même ordre. Il faut baisser les taxes et arrêter de plumer ceux qui travaillent pour aider ceux qui ne travaillent pas.
Gilets Jaunes : ras-le-bol fiscal et rejet de l’État-Providence
Contrairement à une idée répandue (et colportée par les pouvoirs publics), les Gilets Jaunes ne demandent donc pas plus de service public, ni plus de protection. Au contraire, ils expriment plutôt un ras-le-bol de ces impôts qui servent à redistribuer leurs richesses au nom de la solidarité. Au fond, les Gilets Jaunes annoncent le trop-plein de solidarité en France et le nécessaire retour à une moindre pression fiscale.
Voilà qui ne manque pas d’intérêt : c'est l’excès d'État-Providence qui est au coeur du débat, et non ses faiblesses. Reste à comprendre pourquoi c’est le contraire qui est compris par les pouvoirs publics…
La redistribution au coeur des manifestations
In fine, c’est toute une logique fiscale qui est aujourd’hui menacée et remise en cause. La conception française de la fiscalité, très tournée vers la redistribution, qui justifie des prélèvements obligatoires qui approchent dangereusement des 50% de PIB, paraît en difficulté. Il faut dire que ce mouvement de redistribution tend, depuis les années 2000, à rincer fortement les ménages et à épuiser les classes moyennes.
Tout porte à croire que la logique de redistribution peinera de plus en plus à convaincre les Français. Ce mouvement est à retenir dans nos anticipations politiques. L’espérance de pouvoir financer de nouvelles politiques publiques ambitieuses paraît de plus en plus illusoire. Reste à savoir combien de temps la classe politique mettra à le comprendre.
Article écrit par Eric Verhaeghe sur son blog