Les prochaines générations vont souffrir

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Par Bill Bonner Publié le 22 avril 2020 à 5h17
Supermarche Coronavirus
@shutter - © Economie Matin
13%La crise du coronavirus pourrait faire augmenter le chômage de 13%.

L’économie américaine s’enfonce… et les conséquences dureront des générations. Est-ce réellement utile ?

L’économie américaine continue de s’enfoncer. Bloomberg écrit :

« Les ventes au détail et la production industrielle US ont enregistré des déclins historiques en mars, et d’autres chiffres montrent que le pire reste à venir. »

Yahoo! Finance ajoute :

« L’économie est littéralement en chute libre, les consommateurs ayant été dans l’incapacité d’aller dans les magasins et les centres commerciaux en mars ; les seuls commerçants ayant le sourire restent les magasins d’alimentation, les consommateurs stockant de la nourriture en vue de l’apocalypse économique qui s’annonce, déclarait Chris Rupkey, économiste financier en chef chez MUFG (Mitsubishi UFJ Financial Group), dans un e-mail mercredi. [Les chiffres récents] battent tous les records modernes pour le consommateur, administrant à l’économie un coup dont il sera difficile de se remettre’. »

Michael Feroli, économiste chez JP Morgan, écrivait dans une note mercredi que « tout le papier toilette du monde ne suffira pas à nettoyer ce rapport [sur les ventes au détail] ».

Laissons de côté l’horreur de l’économie américaine pendant un moment… et renouons avec notre côté sensible.

Coucher de soleil ardent au-dessus de la vallée de Cachaquì

Un virus est une chose naturelle. Il mute, il évolue, il trouve des moyens de contourner les défenses… et il tue.

Le nombre de victimes du Covid-19 dans le monde se monte à 167 369 à l’heure où nous écrivons ces lignes. Cela reste une fraction des 650 000 personnes qui meurent de la grippe chaque année. Mais le Washington Post affirme que cette comparaison n’est qu’une « affirmation zombie » :

« Si les chiffres se tassent dans certaines régions [des Etats-Unis] c’est grâce aux mesures sévères mises en place. »

Si tel est le cas, pourquoi ne pas utiliser les mêmes mesures sévères contre la grippe ? Si sauver des vies est une telle priorité, pourquoi ne pas sauver celles des victimes de la grippe ? Ou ceux qui meurent dans des accidents de la route ? Qu’est-ce qui rend le coronavirus si spécial ?

Le virus est-il vraiment tout ce qu’on en fait… ou a-t-il été entravé par les politiques publiques ? Nous n’en savons rien.

Nous sommes certain, en revanche, que le coût de ces politiques ne s’est pas encore entièrement fait sentir.

Pendant ce temps, dans la vallée…

Une profonde ironie

Hier, Elizabeth est allée rendre visite à nos voisins. La rivière reste trop haute pour être traversée en automobile. Nous nous déplaçons à cheval.

La veille, Ramon était apparu, à cheval, juste après le déjeuner. Il rapportait que sa femme était en larmes.

Elizabeth est allée lui remonter le moral. Son rapport :

« Marta va bien, mais elle est isolée depuis un mois et ça commence à lui peser. Ramon est toujours dehors avec le bétail ou les machines, il est content. Mais elle reste à l’intérieur et regarde trop la télé.

« Elle n’a pas peur du virus. Simplement, ses enfants et petits-enfants lui manquent… et elle a peur que le confinement leur ruine la vie. Elle pense aussi que c’est injuste – parce qu’apparemment quasiment tous les décès concernent des personnes de plus de 60 ans – que leurs vies soient mises entre parenthèses pour la protéger elle. »

Les jeunes paient toujours pour les erreurs des anciens – pour la guerre… et pour les dettes de guerre.

Comme ils ont fait leur lit, les anciens se couchent. Les plus jeunes, eux, n’ont même pas eu le temps d’acheter les draps.

La guerre contre le Covid-19 a coûté leurs revenus à de nombreux jeunes. Et leur emploi. Nombre de ces postes ne reviendront jamais. Leurs carrières sont étouffées. Leurs plans sont retardés… voire annulés.

L’un de nos enfants ne peut pas finir sa maîtrise ; son école est fermée. Une autre est artiste mais n’a nulle part où se produire. La start-up d’un autre encore a été retardée… et le dernier est sans emploi, se demandant quoi faire ensuite. L’un veut se marier mais n’arrive même pas à rencontrer ses amis autour d’un café.

Bien entendu, les jeunes ne sont pas les seuls à souffrir. Un ami nous envoie cette note :

« Ma mère est dans une maison de retraite, confinée – pas de visiteurs, repas dans la chambre, pas d’interaction entre résidents. Elle aurait aussi bien pu être mise en isolement au cachot !

Des millions de seniors ont été traités de la sorte – pour tenter de leur sauver la vie. L’ironie est profonde. Je vois pourquoi on l’a fait, mais je ne suis pas sûr que c’était la bonne méthode. »

Les masses aussi ont une faille fatale

Nous avons mentionné dans ces pages que les autorités ont une faille fatale.

Elles effraient le public – invoquant des spectres et des croquemitaines – puis exploitent la crise pour développer leur propre pouvoir et contrôle (le commandement et le contrôle sont peut-être une bonne manière de mener une vraie guerre… mais dans la lutte contre une crise économique, en revanche, avoir la main trop lourde est toujours désastreux).

Les masses ont de leur côté une faille complémentaire. Elles veulent être effrayées. Ensuite, trop poltronnes pour affronter calmement le risque, elles supplient pour plus d’autorité… votent pour des brutes et des beaux parleurs… et soutiennent des rackets idiots.

La foule est toujours timorée… et toujours prête à abandonner sa dignité, son bon sens et son indépendance en échange de la « sécurité ».

Nous mettons notre ceinture en voiture – c’est la loi ! Nous laissons des cinglés nous fouiller dans les aéroports, même si nous n’avons jamais envisagé de faire exploser un avion. Nous avons peur de boire une bière avant de prendre le volant – par craindre de nous faire arrêter.

Et voilà que nous nous terrons chez nous – assignés à résidence – parce que les autorités nous l’ordonnent.

Il y a quelques années, notre propre mère est soudain tombée malade. Elle n’arrivait quasiment plus à respirer. Nous l’avons amenée à l’hôpital de Baltimore.

Après l’avoir examinée, le médecin a déclaré qu’elle devrait rester à l’hôpital. Elle avait 92 ans. Il ne pouvait pas faire grand’chose pour elle, a-t-il admis, mais la ramener chez elle n’était pas « sûr ». Notre mère, qui avait toute sa tête, a résisté.

« Pas sûr ? Qu’est-ce qui pourrait bien m’arriver ? » Elle eut un sourire entendu. « Je m’en fiche. Je préfère mourir chez moi que vivre aux urgences. »

Hélas, désormais… nous sommes tous aux urgences.

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Fondateur et président d'Agora Inc., une maison d'édition publiant des lettres d'information financières pour les investisseurs particuliers.

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