Le Premier ministre Manuel VALLS a présenté mercredi le plan de financement pour l’effort de 50 milliards d’économies demandé aux Français. Il a annoncé le gel de certaines prestations sociales auquel s’oppose près d’un Français sur deux (48%) et le gel du point d’indice des fonctionnaires dont l’approbation par l’opinion est en fort recul (- 6% depuis juin 2013) d'après le dernier sondage Tilder-LCI-OpinionWay.
Les annonces de Manuel Valls ont fait l’effet d’une douche froide. Jusqu’alors, la mise en œuvre du Pacte de responsabilité et de solidarité nourrissait les débats sur la question de son financement et c’est François Hollande qui était au cœur des interrogations. Depuis mercredi, le gouvernement est sorti du bois dans une séquence de communication exclusivement portée par le Premier Ministre. Ces annonces constituent de ce fait le premier marqueur politique de Manuel Valls et il a déjà des conséquences à deux échelles : un "clash" au sein de la majorité car les mécontents sont nombreux – et se font entendre – et un "clash" avec l’opinion car les Français accueillent plutôt mal ces annonces. Cela résume l’équation difficile en communication du nouveau Premier ministre : tenir un discours de fermeté et de courage politique que les Français attendent et en même temps, ne pas s’enfermer dans le rôle du "père la rigueur" ou de "Monsieur austérité" qui finirait de couper l’exécutif de ses bases électorales.
Après Pascal LAMY, c’est le Président du MEDEF Pierre GATTAZ qui a avancé l’idée de trouver un moyen transitoire de débloquer l’embauche des jeunes notamment en touchant au SMIC ; les Français s’y montrent opposés à 78% d'après le dernier sondage Tilder-LCI-OpinionWay.
Visiblement, il est des totems et des tabous auxquels la société française ne souhaite pas toucher. Le SMIC en fait partie. Face aux difficultés du marché de l’emploi, l’idée avancée par le Président du MEDEF avait l’intérêt de faire rebondir un débat initié par un socialiste, Pascal Lamy, dont le nom a même circulé pour occuper Bercy. Peine perdue, cette idée d’un salaire inférieur au SMIC pour une période transitoire et destinée à faciliter l’entrée dans le monde du travail notamment des plus jeunes n’est pas acceptée par l’opinion. C’est la preuve qu’en cette matière, la fin ne peut justifier les moyens mais que surtout, le débat n’est pas mûr en France car la proposition a tout de suite été caricaturée par le retour du spectre du SMIC Jeune, le CPE de Dominique de Villepin. Un moyen pour le gouvernement d’éteindre l’incendie patronal pour faire passer d’autres annonces elles aussi rugueuses.
Méthodologie :
Etude réalisée auprès d'un échantillon de 1003 personnes, représentatif de la population francaise âgée de 18ans et plus. L'échantillon a été constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères de sexe, d'âge, de catégorie socioprofessionnelle, de catégorie d'agglomération et de région de résidence. Les interviews ont été réalisées les 16 et 17 avril 2014