Pierre Gattaz : « arrêtons de voir les entreprises comme des exploiteurs du peuple »

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 23 avril 2015 à 11h32
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@shutter - © Economie Matin
29%Selon Pierre gattaz les entreprises françaises n'ont que des marges de 29% contre 40% en Allemagne.

Ça faisait quelques temps que le patron du Medef, Pierre Gattaz, n'avait pas tenu un discours dont il a le secret, un discours polémique, qui fâche et qui dit parfois la vérité parfois pas. Heureusement que le magazine Challenges de ce jeudi 23 avril 2015 publie une interview du patron des patrons, car il commençait à nous manquer. Et dans cette entreprise il réclame "une révolution culturelle"... favorable aux entreprises bien évidemment.

Et on reparle de supprimer les 35 heures et le SMIC

Si Pierre Gattaz ne s'était pas exprimé depuis quelques temps, ce n'est pas pour changer de discours, au contraire. Le patron des patrons est mécontent, et pour cause : En France "on n'a pas le droit de parler de la suppression de l'ISF, des 35 heures ou du Smic." Et c'est bête, car il aimerait bien supprimer tout ça.

D'ailleurs, le maintien de l'ISF, des 35 heures et du SMIC c'est "du baratin" et de "la défense des postures, des dogmes des appareils". Or ce qu'il veut, lui, c'est "tenir un discours de vérité".

La vérité, c'est celle-ci (et il n'a pas tort) : "On a tout mis à l'envers : c'est l'entreprise qui crée de la richesse, pas la fonction publique, contrairement à ce que pensent certains ministres et parlementaires".

La fiscalité est "punitive"

Naturellement, la question de l'impôt payé par les entreprises revient toujours... et c'est normal : la France fait partie des pays qui taxent le plus les entreprises. Du coup les marges de ces dernières "sont à 29 % contre 40 % en Allemagne, ce qui explique pourquoi on investit et on embauche plus outre-Rhin." Pour le patron du Medef, ce n'est plus tenable.

Cette fiscalité "instable, souvent punitive et compliquée", d'après les propos de Pierre Gattaz, doit être remise à plat. Il lance l'idée d'un impôt proportionnel sans niche fiscale. Et il demande au gouvernement de "simplifier nos 85 codes et 400.000 normes" en affectant à la tâche "entre 5 et 10% des fonctionnaires à la simplification", soit 500.000 agents"

Une formation contre un salarié payé 80% du SMIC

Dernière proposition du président du Medef, et pas des moindres, le retour du travail payé moins que le SMIC. Il propose en effet de former des adultes en les payant 80% du SMIC, salaire qui pourrait être complété par le gouvernement. Il adapterait ainsi le système utilisé pour les jeunes à tout le monde. Main d'œuvre garantie, pas d'engagement d'embauche et moins de frais pour les entreprises... que du benef' donc !

Surtout, ça permettrait d'enrayer le chômage qui est un problème pour M. Gattaz. Il revient d'ailleurs sur la question de l'indemnisation : "il n'y a pas assez de différence entre le salaire et l'indemnité chômage. La dégressivité est un moyen. Ce n'est pas le seul, il faut en discuter avec les partenaires sociaux". Voyons donc... déjà qu'on n'est pas content de perdre son emploi en général, réduisons aussi le budget de la famille du licencié... ça va résoudre des problèmes.

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Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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