Nouvel épisode du feuilleton Vivendi-SFR-Altice-Numericable-Bouygues Telecom : Le conseil de surveillance de Vivendi a décidé vendredi 14 mars après midi, à l'unanimité, de démarrer un round de négociations exclusives avec Altice (Numericable), dans l'hypothèse de lui vendre sa filiale de téléphonie mobile SFR, et ce pour trois semaines.
C'est une surprise... qui n'en est pas une. Surprise, car au cours de ces derniers jours, Bouygues Telecom semblait tenir la corde avec une offre en apparence mieux disante, et surtout, le soutien affirmé d'Arnaud Montebourg, qui se voit bien dans le rôle de guide universel de l'industrie française. Et tant pis si de Florange à Goodyear en passant par Lejaby il accumule surtout les fours depuis qu'il est en poste. Pas une surprise, car plusieurs signaux semblaient confirmer la préférence de Vivendi pour l'offre de Numericable.
Numericable offre 11,75 milliards d'euros à Vivendi pour prendre le contrôle de SFR, tout en laissant à Vivendi 32 % de l'ensemble. Alors que Bouygues Telecom offrait plus ou moins la même somme, mais en plus, 43 % des parts restaient à Vivendi. Ce sont donc d'autres éléments de l'offre de Numericable qui ont convaincu le conseil de surveillance du groupe de médias. Lesquels ? Ils seront connus au fur et à mesure de l'avancée des négociations à venir, du moins, pour ce que les interessés voudront bien laisser fuiter dans les médias, mais on peut tout de même émettre une hypothèse : celle toute bête et pourtant ô combien importante des nombreuses synergies qui existent entre Numericable et SFR, créatrice de valeur, quand le rachat de SFR par Bouygues Telecom ressemblait bien plus à un partie de Monopoly. Le conseil n'a pas regardé la valeur nominale des offres à un instant T, mais les perspectives d'avenir du nouvel ensemble, et de valorisation future des parts restantes.
Car enfin, qu'un opérateur mobile rachète le réseau (et les abonnés) d'un concurrent, et revende dans le même temps son réseau (sans les abonnés) ressemble à "Passe moi la Rue de la Paix, je te donne ma compagnie d'électricité, l'avenue Mozart et Saint Michel en prime" ! Si Bouygues Telecom avait pris le contrôle du réseau SFR, il aurait été comme dans les chaussures et même le costume d'un autre. Et Free, acquéreur du réseau Bouygues Telecom, pareil.
En revanche, qu'un fournisseur d'accès à Internet, disposant d'un réseau de données de très grande capacité, en fibre optique, iriguant au coeur des villes, s'allie à un opérateur mobile, pionnier sur la 4G mais nécessitant à l'avenir de plus en plus de capacité de transports de données, a plus que du sens. Cela frise l'évidence. D'ailleurs, les campagnes publicitaires de SFR, ces dernières semaines, ne montraient-elles pas, en lieu et place de cartes de couvertures théoriques du territoire, des amas de cables de connexion, pour expliquer que l'enjeu de la 4G, c'est d'abord la capacité à transporter les données ?