Fusion Numericable SFR : tout le monde veut prêter de l’argent aux jeunes fiancés

Paolo Garoscio
Par Paolo Garoscio Modifié le 24 avril 2014 à 4h35

S'il croyait dur comme fer à son projet de fusion entre Numericable et SFR, il avait déjà tenté un rapprochement avec Vivendi en 2012, Patrick Drahi ne s'attendait sans doute pas à ce que la terre entière ou presque veuille bien lui prêter de l'argent. Pourtant, c'est bien ce qui s'est passé à la surprise quasi-générale.

100 milliards de dollars de demandes d'obligations pour Numericable

Le rachat de SFR va coûter cher à Numericable qui a promis quelques 17 milliards d'euros à Vivendi. Alors pour payer le groupe, Patrick Drahi avait prévu de lever 12 milliards d'euros de dette. Il ne s'attendait pas à pouvoir en avoir sept fois plus.

La demande aurait, selon JP Morgan qui a surveillé l'affaire, dépassé le cap de 100 milliards de dollars (70 milliards d'euros). Un cap symbolique surtout au vu de la notation de Numericable. Pour les agences, Numericable reste du domaine du placement à risque (ou « high yield » dans le jargon de la finance) et généralement il n'y a pas un tel engouement.

Un prêt record pour la fusion

De fait, Numericable avait donc simplement l'embarras du choix et a levé 12,1 milliards d'euros de dette : 8 milliards pour Numericable et 4 milliards pour sa maison-mère, Altice. Il faut dire que si le risque financier est réel, les taux sont intéressants.

Les titres ont une maturité de 5, 8 et 10 ans pour l'opérateur et ont des taux de rendement compris entre 4,875% et 6,25%, bien loin du rendement du Livret A. De son côté, Altice aurait opté pour un rendement entre 7,25% et 7,75%.

La rentabilité de SFR n'est pas prévue avant 2016

Si l'opération bancaire est un succès, l'avenir de SFR ne devrait pas être radieux. Selon un document interne dévoilé par BFMTV, Numericable ne s'attend pas à ce que SFR soit rentable avant au moins 2016. Mais cette croissance est soumise à des conditions.

Dans ses calculs, Numericable n'émet jamais l'hypothèse d'une nouvelle guerre des prix sur la 4G qui serait issue d'une fusion, encore possible, entre Bouygues Telecom et Free. Actuellement, Free n'est pas en mesure de faire chuter les prix du très haut débit mobile de manière importante car l'opérateur de Xavier Niel ne possède pas son propre réseau.

Mais si Iliad réussissait à récupérer le réseau de Bouygues Telecom et la très importante et convoitée bande des 800 Mhz, Free pourrait lancer un véritable forfait très haut débit mobile aussi compétitif que celui qui a fait son succès.

Or, ceci risque d'être un souci pour l'emploi chez SFR. Patrick Drahi s'était en effet engagé fin mars par écrit à maintenir l'emploi chez l'opérateur pendant 36 mois à partir de la fin des négociations exclusives avec Vivendi (soit jusqu'en avril 2017 environ) mais se laissait le droit de ne pas tenir cet engagement en cas « d'un revirement économique imprévisible ».

Paolo Garoscio

Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.   Suivez-le sur Twitter : @PaoloGaroscio

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