Jean-Marc Ayrault a beau avoir annoncé que la fiscalité allait être prochainement « remise à plat » via une discussion avec les partenaires sociaux, la fronde fiscale continue. A croire que sur le terrain, et face aux difficultés de fins de mois, l'idée d'une table ronde et d'énièmes pourparlers fait pschitt.
Chaque catégorie se bat pour défendre ses propres intérêts
Cette fois, c'est au tour des agriculteurs d'Île-de-France, des régions Centre et du Nord-Pas-de-Calais, rejoints par les transporteurs, de manifester. Trop d'impôts, trop de règlements, ils en ont « ras-le-bol » et comptent bien le faire savoir en organisant des barrages filtrants, notamment aux entrées de Paris. L'écotaxe, à l'origine du soulèvement des « bonnets rouges » bretons et des agriculteurs, semble déjà loin. Mais elle a agi comme une goutte d'eau faisant déborder le vase fiscal.
Que veulent-ils précisément ? Faire annuler la hausse de la TVA de 7% à 20% sur les engrais et les pesticides ainsi que sur les activités de prise en pension de chevaux, prévue au 1er janvier 2014, et dans la foulée faire annuler la baisse de 30 % des exonérations de charges sociales sur les travailleurs saisonniers.
Et au passage, obtenir le limogeage du ministre de l'Agriculture, Stéphane le Foll, pour « incompétence notoire ». Rien que cela!
Le gouvernement veut désamorcer la contestation
Le problème, c'est que la hausse de la TVA doit toucher d'autres secteurs, comme les ambulanciers ou encore les restaurateurs. Or eux aussi sont mécontents. En somme, chaque catégorie défend ses intérêts.
Le paradoxe, c'est que de manière générale, les Français sont favorables à la réduction du train de vie de l'Etat et à la baisse des dépenses publiques, qui passent aussi par la baisse de certaines aides ou exemptions fiscales, ainsi qu'au désendettement de la France, tout en s'arc-boutant dès que leur corporation est touchée. Des économies oui, mais plutôt chez les autres !
Malgré ces protestations, le Premier ministre veut se montrer ferme. Renoncer à la hausse de la TVA ? « Pas question ». En revanche, ouvrir une discussion avec les partenaires sociaux légitimes, oui.
Ce faisant, il espère désamorcer la contestation. Rien ne vaut un bon débat pour calmer les esprits et couper l'herbe sous le pied des impétrants, condamnés à s'asseoir à la table des négociations plutôt que d'arpenter le bitume...