La France sous tutelle du FMI en 2015, c’est possible ?

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Par Simone Wapler Publié le 28 décembre 2014 à 4h35

La France "risque de se retrouver dans la situation qu'a connue la Grèce" et de devoir "demander l'aide du FMI", estimait Valéry Giscard d'Estaing dans une interview publiée en octobre 2014.

Une dissolution du Parlement ?

Dans ses traditionnelles prévisions iconoclastes pour 2015, Saxo Bank prévoit une dissolution du Parlement suite à des élections régionales catastrophiques pour le gouvernement en place.

Pour ceux qui ont une mémoire de poisson rouge, rappelons que le FMI ne destine pas ses services qu'aux seuls pays pauvres. L'Angleterre travailliste, mise à genoux par les chocs pétroliers, avait dû contracter un prêt d'urgence de 4 Mds$ auprès du FMI en 1976. Le rejet de l'austérité salariale par les syndicats conduisit ensuite aux grandes grèves de l'hiver et préparèrent l'opinion publique à écouter favorablement le discours de Margaret Thatcher. S'ensuivront de vraies réformes avec un violent dégraissage de l'État. Bilan : inflation sous contrôle, forte croissance. Ombre au tableau : un chômage à 7% en 1990, un peu plus élevé qu'à son arrivée (moins de 6% en 1979). Précision utile : le taux de participation à l'emploi avait cependant progressé (moins de chômeurs hors statistique car ne percevant plus d'indemnisation).

La France incapable de rembourser sa dette ?

Revenons à la France de 2015. Pour qu'elle soit mise sous tutelle du FMI, il faudrait qu'elle sollicite un prêt d'urgence auprès de cet honorable établissement. Il faudrait donc qu'elle affronte une grave crise politique et financière qui la rende incapable d'honorer une échéance de dette. C'est évidemment possible, cela dépendra de l'évolution des taux d'emprunt à 10 ans.

Avec, pour simplifier, 2 000 Mds€ de PIB et 2 000 Mds€ de dette publique, il faut que la croissance soit égale au taux d'emprunt pour payer les intérêts de la dette. Toujours pour simplifier, supposons que le taux d'emprunt moyen soit celui de la dette à 10 ans qui est aujourd'hui de 1%. Il faut alors à la France une croissance minimum de 1% pour pouvoir faire face au remboursement des intérêts. Comme nous vivons dans un monde très cruel, nous ne les avons pas... malgré les danses de la pluie de l'Elysée.

Mais pourquoi donc, diantre et diable, si ces chiffres sont exacts ne sommes-nous pas déjà en faillite, vous demandez-vous ? Parce que nous sommes trop gros pour faire faillite et que la Finance sans Visage n'a pas de tripes. Toute "attaque des marchés" sur la France produirait une grande apocalypse financière et compromettrait le versement des intérêts sur une somme énorme de dettes (la dette cumulée de l'État français, mais aussi des banques françaises, des banques allemandes vendant des produits dérivés de taux, etc.). C'est bien joli de mettre le feu à la baraque, mais si c'est pour vous retrouver nu dans un champ de ruines, cela n'a pas grande utilité.

Christine Lagarde à la rescousse ?

Avant que le FMI ne nous mette sous tutelle, il faudra donc :
• Que les taux d'intérêt montent
• Que la Banque Centrale Européenne et Mario Draghi soient interdits de planche à billets
• Que l'Allemagne et Angela Merkel soient prêtes à voir s'effondrer Deutsche Bank et Commerzbank
• Que nous appelions Christine Lagarde à la rescousse

C'est possible. Tout est possible. Mais c'est improbable. Si les taux montent, le plus probable est que nous soyons obligés de nous débrouiller tout seuls comme des grands avec nos partenaires de l'euro. Sortie de l'Allemagne à notre demande ? Sortie de la France dans une zone purgatoire ?

L'Etat-Providence à la diète

Plusieurs solutions peuvent être envisagées mais aucune ne nous dispensera de faire maigrir notre État providence obèse. La loi Macron touche un peu à tout sans bousculer grand-chose. Les pourfendeurs du libéralisme, néo-libéralisme, ultra-libéralisme font figure de Don Quichotte dans un pays dont le secteur public représente 57% de l'économie. Comme en Angleterre en 1976, les Français sont prêts à entendre un autre discours et ce n'est pas nécessairement celui du Front de gauche ou du Front national (plus d'impôts, plus de taxes, plus d'État, plus de pauvres).

Plus d'un tiers des Français estiment que les impôts sont une extorsion de fonds et seulement 44% considèrent l'impôt sur le revenu comme un devoir citoyen. Ils soutiennent les patrons qui descendent dans la rue. Le système actuel n'a plus d'argent, il est en faillite et un prêt du FMI n'y changera rien.

En France, la révolution s'est toujours faite par le bas, pas par le haut. La vraie révolution ce serait moins de tutelle, moins d'irresponsables, plus de liberté, plus de concurrence, plus d'entrepreneurs,... Plus d'inégalités ? Et alors qu'importe, si moins de pauvres !

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Simone Wapler est directrice éditoriale des publications Agora, spécialisées dans les analyses et conseils financiers. Ingénieur de formation, elle a quitté les laboratoires pour les marchés financiers et vécu l'éclatement de la bulle internet. Grâce à son expertise, elle sert aujourd'hui, non pas la cause des multinationales ou des banquiers, mais celle des particuliers. Elle a publié "Pourquoi la France va faire faillite" (2012), "Comment l'État va faire main basse sur votre argent" (2013), "Pouvez-vous faire confiance à votre banque ?" (2014) et “La fabrique de pauvres” (2015) aux Éditions Ixelles.

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