France : trois lois qui sortiraient le pays de la crise

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Par Daniel Moinier Publié le 4 mai 2017 à 5h00
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10 %Le taux de chômage en France est de 10 %.

Tout le monde se souvient du 2 mai 2012 ! Ah ! Peut-être pas. Alors « Moi Président », tout le commun des mortels se rappelle de la tirade de François Hollande face à Nicolas Sarkozy reprenant à 15 reprises cette formule choc qui a, en grande partie, permis son élection à la Présidence de la République.

En égrenant 15 principes moraux, François Hollande a touché le cœur des français, mais aucune de ses propositions ne pouvaient sauver la France. Et pourtant, cela a fait mouche.

Pourquoi ? Dans chaque élection, c’est rarement les propositions qui font à chaque fois élire « les présidents » mais pas que les présidents. C’est la posture, l’intonation, la présentation, les formules, les mots qui touchent à l’émotion, au ressenti. Surtout en France, les électeurs ont une connaissance très limitée du fonctionnement de l’état, de l’économie, des entreprises. Nos dirigeants, contrairement aux Pays Nordiques, se sont bien gardés de former le « peuple ». Il est plus facile de le convaincre par sa prestance, par des propositions qui peuvent individuellement toucher chaque branche, chaque corporation, mais qui n’ont apporté depuis plus de 40 ans, que des déficits, des dettes et surtout une baisse continue de notre compétitivité, du niveau de vie et une augmentation considérable du chômage.

Plus personne, ou presque et bien sûr encore moins les jeunes, ne se souvient de la période pendant laquelle il n’y avait pas de chômage du tout. Tous les jeunes trouvaient immédiatement un emploi à la sortie de leurs études et quelque soit l’âge et le niveau de celles-ci et même sans aucun diplôme. Alors qu’aujourd’hui avec un taux de 4% de chômage, chaque candidat vous annonce que nous serions en plein emploi !!! Avec 4%, nous serions encore à 1.500.000 chômeurs, ce n’est pas rien, donc pas à zéro et encore ce n’est que la catégorie A dont il est question. Puisque pour masquer un niveau insupportable, les gouvernements ont été jusqu’à créer 8 catégories, ramenées à cinq aujourd’hui. Si l’on prend les cinq catégories soit : 6.567.000 chômeurs en mars 2017, nous serions tout de même encore tout près de 2.800.000 personnes inscrites à pôle emploi. C’était le niveau de chômage de fin des années 70, début 80. A cette époque on parlait de taux de chômage insupportable !

Voyez ci-dessous les courbes de chômage et particulièrement celui des jeunes qui a fait un bond énorme à partir des années 80. Date à laquelle les départs en retraite sont passés de 65 ans à 60 ans. Tout le monde s’est réjoui, surtout les séniors qui gagnaient cinq années de farniente en plus, mais beaucoup moins les jeunes qui ont eu de plus en plus de difficultés à trouver un emploi. Et cela ne s’est pas amélioré puisque pendant le quinquennat Hollande le nombre de chômeurs a progressé de26% soit 585.500 de plus en catégorie A et 1.147.600 pour les catégories ABC !

Des trois derniers présidents à avoir dirigé la France, c'est sous Nicolas Sarkozy que les chiffres du chômage ont été les meilleurs. En janvier 2008, le taux de chômage en France métropolitaine est à son plus bas depuis janvier 1996, à 6,8%. C'est 2,9 points de moins qu'au quatrième trimestre 2016. Le plus faible nombre de chômeurs de catégorie A depuis 1996 a lui aussi été enregistré sous le prédécesseur de François Hollande, en février 2008, à 1 976 900 dans la métropole, soit 44% de moins qu'en mars 2017.

Pourquoi le chômage a autant progressé ?

Chaque départ trop tôt en retraite, fait perdre la valeur financière de quatre jeunes embauchés ! Que veut dire trop tôt ? C’est lorsque le temps d’activité d’une personne n’est pas suffisant pour pouvoir garantir le paiement de sa pension sans emprunter ou augmenter constamment les prélèvements. Ou qu’il n’y a pas assez de salariés, ou d’heures travaillées pour que les comptes des caisses ne virent au rouge. Et oui, le taux de chômage des jeunes est proportionnel à celui des seniors sans emploi. C’est vrai dans presque tout les pays du monde. Et dire qu’une candidate veut ramener les départs en retraite à 60 ans ! C’est suicidaire. Une seule année en moins nous ferait perdre 65 milliards dans l’économie. Alors deux, ce serait donc 130 milliards à trouver pour compenser. La seule loi ou ordonnance de 1982 qui a fait passer les départs en retraite de 65 à 60 ans, nous fait perdre chaque année depuis cette date fatidique, la bagatelle de 250 Mds d’euros dans l’économie française !!!

Avec ces lois nous pourrions certainement revenir progressivement au niveau des prélèvements d’il y a cinquante ans. C'est-à-dire à un prélèvement sur salaire à 7% pour les non cadres. Cela paraît utopique, mais non. Il suffit d’ajuster le nombre d’heures qu’il faudrait travailler par salarié sur une durée de vie. En 1982, le taux de cotisation était trois fois moindre, c’est dire qu’il faudrait travailler 3 fois plus. En apparence oui, mais c’est oublier que la productivité a fait un bond considérable depuis 1970. Il ne faut pas omettre que la France et tous les pays ont baissé considérablement les durées de travail et d’activité, alors que la durée de vie pendant ce temps a fait l’inverse.

Pendant ce temps, la France est devenue la championne d’Europe des centenaires. En 50 ans leur nombre a été multiplié par treize. A fin 2016, nous en comptions 21.393, en 2070, ils seraient 270.000 ! Sans vouloir culpabiliser quiconque, tous les salariés n’auront pas assez cotisé pour couvrir des durées de retraite aussi longues. Il a été calculé que la durée couverte sans déficit des régimes se situerait aux environs de 18 années de temps moyen de retraite, soit si l’on prend 62 ans comme base, on arriverait à 80 ans de durée de vie moyenne. Nous venons d’atteindre en France 83 ans. Il manquerait 3 années non couvertes. Ce calcul est pertinent pour les retraites du privé mais dans le public (et nationalisés), l’adéquation est tout autre puisque les départs en retraite peuvent commencer à 52 ans, 55 et 60…

Alors ces trois lois ?

La première : Augmenter le temps de travail hebdomadaire. L’idéal, c’est 40 heures pour de nombreuses raisons financières et de fonctionnement déjà évoqué. Et c’est un minimum. Au dessus, une liberté serait donnée aux entreprises et employés de travailler beaucoup plus, si les carnets de commandes ou les circonstances l’exigent. Il serait intéressant pour la compétitivité de diminuer le pourcentage des majorations de 25 et 50 % et autre repos compensateurs…

La seconde

Augmenter le plus rapidement possible la durée d’activité vers 65 voire 67, beaucoup d’autres pays l’on déjà mise en place ou programmée, alors qu’ils étaient déjà presque tous à 65 ans.

66 ans : Italie, Le Royaume-Uni, le Portugal
67 ans : l’Allemagne, le Danemark, la Norvège, les Pays-Bas, la Pologne, l’Islande, la Grèce, les Etats-Unis, Israël,
69 ans : La Suède
70 ans : L’Australie

La troisième

Pour que le système de retraite soit définitivement pérenne : Etablir la durée d’activité proportionnelle à la durée de vie des retraités.

www.livres-daniel-moinier.com

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Daniel Moinier a travaillé 11 années chez Pechiney International, 16 années en recrutement chez BIS en France et Belgique, puis 28 ans comme chasseur de têtes, dont 17 années à son compte, au sein de son Cabinet D.M.C. Il est aussi l'auteur de six ouvrages, dont "En finir avec ce chômage", "La Crise, une Chance pour la Croissance et le Pouvoir d'achat", "L'Europe et surtout la France, malades de leurs "Vieux"". Et le dernier “Pourquoi la France est en déficit depuis 1975, Analyse-Solutions” chez Edilivre.

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