Le 15ème anniversaire des 35 heures a été l’occasion de réveiller les fantasmes de la réduction du travail

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Par Daniel Moinier Modifié le 16 février 2015 à 7h08
Travail France 35heures Echec Politique
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11 500Il manque 11 500 heures de travail à répartir chaque année pour avoir des comptes équilibrés.

Nous venons de dépasser le 15ème anniversaire de la mise en place des 35 heures. Cela a réveillé les nostalgiques de la baisse du temps de travail qui pourrait résoudre tous les problèmes de notre société, chômage compris.

Travail : la CGT veut passer aux 32 heures

A commencer par le nouveau Secrétaire de la CGT ; Philippe Martinez qui a fait le forcing en passant à l’antenne de plusieurs médias. Il plaide pour descendre très rapidement aux 32 heures. Il annonce même qu’une réduction du temps de travail était « incontournable» en France pour créer des emplois, estimant que parler d’un passage aux 32 heures ne serait « pas une absurdité ».

Il a ajouté aussi ; « Il y a besoin que des salariés qui ont trop de travail, qui sont mal dans leur travail, puissent laisser un peu de temps à ceux qui n'ont pas d'emploi. C'est un vrai défi pour les années qui viennent, cette question de la réduction du temps de travail. Je pense qu'être à contre-courant, c'est offrir des perspectives. On n'est pas les seuls à être à contre-courant. Le débat a lieu dans d'autres pays européens sur la réduction du temps de travail ». Philippe Martinez, perçu comme tenant d'un durcissement de la ligne de la centrale syndicale, a reconnu qu'avec une telle proposition, le syndicat allait à contre-courant.

Et le PS veut la retraite à 60 ans

Un autre très fervent de la baisse du temps de travail, le député socialiste frondeur et réputé pour ses « coups de gueule », Gérard Filoche, est bien sûr du même avis. « Ils nous disent tous les matins dans les radios officielles, qu’il faut « déréguler pour libérer les énergies et créer de l’emploi. C’est l’inverse. Chez nous, cela fait dix ans qu’ils dérégulent. Et depuis dix ans, le chômage s’accroit. L’ANI du 11 janvier 2013 et la loi qui en est issue du 14 juin 2013, devaient, en assouplissant les licenciements, « sécuriser l’emploi » : on a 250 000 chômeurs de plus. Et la loi Macron propose d’assouplir encore plus les licenciements, cela fera encore plus de chômeurs, bien sûr. La loi Macron ce n’est ni pour la relance, ni l’économie, c’est pour casser le droit, c’est pour plaire aux libéraux, au Medef ».

Gérard Filoche va même plus loin en défendant le droit à la retraite à 60 ans, sans décote. « Je suis un socialiste qui soutient les propositions de campagne du candidat François Hollande. Mais, je constate que le gouvernement fait plutôt ce que nos adversaires veulent ». Les écologistes n’avaient pas été en reste non plus par la voix d’Eva Sas, députée écologiste, Vice-présidente de la Commission des Finances de l'Assemblée Nationale, qui affirmait haut et fort que baisser le temps de travail, c’est la seule façon de créer de l’emploi. Il est vrai que les écologistes ont toujours été favorables à une baisse du temps de travail. Leur théorie était : Soit on augmente la consommation pour produire en moins de temps Soit on abaisse le temps de travail pour maintenir l’emploi. En ce qui concerne la première variante, ils ne sont pas favorables à ce que l’on augmente infiniment la consommation. Ils ont été aussi les premiers à vouloir abroger la loi Tepa et les exonérations des heures supplémentaires. Quand ils parlent de temps de travail, ils pensent aussi à la retraite. Revenir à la retraite à 60 ans est une des mesures qu’ils préconisent depuis longtemps.

35 heures : vers de nouvelles négociations ?

??Ils sont toutefois sensibles aux critiques qui ont visé la semaine des 35 heures. Ils ne sont pas spécialement pour une mise en œuvre rigide des 32 heures, mais pour l’ouverture de nouvelles négociations entre partenaires sociaux sur cette question. ?Ils souhaitent toutefois que l’on prenne en compte la souffrance qui découle de l’intensification du travail. Cela est dû en partie au fait que les entreprises n'ont pas embauché après les 35 heures. Ils demandent de couper toutes les aides aux entreprises qui n'embauchent pas. Certaines personnes travaillent trop et avec plus de10% de taux de chômage, il est urgent de redéfinir la répartition du travail dans la population.

Un autre se trouve aussi sur le même registre depuis plusieurs années, Le fondateur du parti Nouvelle Donne, ancien PS, Pierre Larrouturou qui dans ses interventions et conférences prône : Il faut passer à la semaine de 32 heures. Avec un partage équitable du travail, l’économiste estime que 1,5 million d’emplois pourraient être créés. Et pourtant de nombreuses voix à droite, mais aussi à gauche, prônent un assouplissement de cette durée légale, mais vers le sens d'une augmentation du temps de travail et non d'une réduction.

Les 35 heures ne peuvent pas résoudre le problème du chômage

Pourquoi les 35 heures et encore moins 32 heures ne peuvent résoudre le problème du chômage, des déficits, de la pauvreté, etc… ? Cela se saurait. Depuis 15 ans que ces 35 heures sont en place et malgré quelques aménagements qu’avons-nous constatés : Une augmentation du chômage de 8,1% à 10%, un déficit à -2% à -4,4% en 2014, une dette de 220 Mds à plus de 2000Mds soit presque 10 fois plus. Le taux de pauvreté est passé de 6,5% à 8,2%, soit 1,3 millions de personnes en plus. Le taux de marge des entreprises industrielles n’a pas arrêté de se dégradé passant de 34% à 22%. Les charges et impôts ont explosé et encore plus depuis 2011.

Dans une période de fort déficit, répartir le temps de travail n’a pas de sens. Même s’il était possible de répartir les heures travaillées à tous en incorporant les chômeurs, le nombre d’heures travaillées n’aurait pas pour autant augmenté. Par contre le prix de l’heure aurait lui augmenté de 9,3%. Sachant qu’il avait déjà augmenté de près de 13% en 2000 au passage des 35 heures. Du fait de cette augmentation, les entreprises n’ont d’autre recours que de diminuer leur coût pour rattraper le manque à gagner. Entre 2001 et 2005, l’augmentation des salaires sur 5 années n’a pas été plus forte que sur la seule année 2000. Les embauchent ont très fortement diminué et le chômage a repris sa progression. Et nous n’étions pourtant pas en crise comme à partir de 2008. Même si quelques entreprises ont réussit à se maintenir en pratiquant les 32 heures.telle la société Calais Opale Bus, le directeur de Calais Opale Bus ne veut cependant pas idéaliser les 32 heures. « Ce système ne peut fonctionner qu’au cas par cas. Toutes les entreprises ne pourront pas l’adopter. On ne peut pas comparer notre situation à celles d’autres entreprises ».

Compte tenu d’un PIB qui n’augmente plus depuis 1975 autant que la dépense de l’état, soit moins 25% à ce jour, la diminution du temps de travail est une ineptie. Sachant que le PIB est proportionnel aux nombre d’heures travaillées, payées, il manque donc aujourd’hui, pour avoir des comptes au minimum en équilibre, 25% d’heures travaillées. Soit 11.500 heures à répartir sur la durée de vie. semaine, mois, année, vie.

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Daniel Moinier a travaillé 11 années chez Pechiney International, 16 années en recrutement chez BIS en France et Belgique, puis 28 ans comme chasseur de têtes, dont 17 années à son compte, au sein de son Cabinet D.M.C. Il est aussi l'auteur de six ouvrages, dont "En finir avec ce chômage", "La Crise, une Chance pour la Croissance et le Pouvoir d'achat", "L'Europe et surtout la France, malades de leurs "Vieux"". Et le dernier “Pourquoi la France est en déficit depuis 1975, Analyse-Solutions” chez Edilivre.

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