La baisse des naissances se confirme en France métropolitaine

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Par Jacques Bichot Publié le 27 octobre 2015 à 5h00
France Taux Demographie Enfants Femmes
cc/flickr/gabi menashe - © Economie Matin
1,92Le taux de fécondité en France est de 1,92 enfant par femme sur les trois premiers trimestres 2015.

L’INSEE vient de fournir le nombre des naissances en France métropolitaine pour le mois de septembre : 65 400.

Ce chiffre et ceux des deux mois précédents confirment la baisse qui caractérisait déjà les 2 premiers semestres de l’année : pour ce troisième trimestre 2015, il manque 4 900 naissances par rapport à la moyenne des troisièmes trimestres de 2001 à 2014. Sur les trois trimestres 2015, le « déficit » par rapport à la moyenne des 14 premières années de ce siècle est de 14 700 bébés. Un rapide calcul de Jean Legrand, démographe indépendant, donne un taux de fécondité descendue à 1,92. La France commencerait-elle à s’aligner sur la natalité de ses voisins continentaux, elle qui constituait une heureuse exception au déclin démographique européen ?

S’il s’agissait du PIB, cette baisse d’environ 3 % serait partout commentée sur un ton alarmiste. Les chiffres démographiques suscitent bien moins d’agitation médiatique, mais ils n’en sont pas moins importants pour autant. Certes, à court terme nous ne ressentirons guère d’effets en matière d’emploi ou de niveau de vie. Mais il en va des naissances comme des décisions d’investissement à long terme, par exemple celles de nouvelles infrastructures : c’est l’avenir de notre pays qui est en jeu, car les nouveau-nés d’aujourd’hui sont les écoliers de demain, les lycéens d’après-demain, les étudiants de 2035 et finalement les moteurs de l’économie des décennies 2040 à 2080. Diminuer l’investissement dans la jeunesse, que ce soit quantitativement (naissances) ou qualitativement (affaiblissement actuel du niveau de formation générale et professionnelle), c’est aller dans la mauvaise direction.

La procréation dépend certes moins des décisions politiques que ce n’est le cas pour la formation initiale, très dépendante de l’Éducation nationale. Néanmoins, elle est impactée par la conduite des affaires de l’État : l’usage systématique des prestations familiales et du quotient familial comme variables d’ajustement des budgets de la sécurité sociale et de l’État entraîne non seulement des difficultés pécuniaires immédiates pour les familles, mais de plus et surtout montre aux jeunes couples que la politique familiale est devenue fragile, qu’elle peut être mise à mal d’un simple trait de plume. La légèreté avec laquelle sont prises les décisions relatives à l’enseignement joue dans le même sens.

Or, même si mettre des enfants au monde est se placer du côté des aventuriers des temps modernes, cela ne signifie en aucune manière se lancer de façon irréfléchie. De même que les alpinistes, s’ils ne sont pas inconscients, vérifient soigneusement l’état de leur équipement et les prévisions météo avant de se lancer dans une grande course en montagne, de même les parents potentiels sont-ils nombreux à s’interroger sur la fiabilité et la stabilité des dispositifs sur lesquels ils pourront s’appuyer une fois lancés dans la grande aventure. S’ils constatent qu’on ne peut pas faire confiance à ceux dont dépend la politique familiale, certains différent leur projet, voire même y renoncent. La mal-gouvernance de notre pays joue vraisemblablement un rôle non négligeable dans la baisse du nombre des naissances qui y est en cours.

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Jacques Bichot est économiste, mathématicien de formation, professeur émérite à l'université Lyon 3. Il a surtout travaillé à renouveler la théorie monétaire et l'économie de la sécurité sociale, conçue comme un producteur de services. Il est l'auteur de "La mort de l'Etat providence ; vive les assurances sociales" avec Arnaud Robinet, de "Le Labyrinthe ; compliquer pour régner" aux Belles Lettres, de "La retraite en liberté" au Cherche Midi et de "Cure de jouvence pour la Sécu" aux éditions L'Harmattan.

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