Le gouvernement va annoncer, dans les prochains jours, des mesures en faveur de l’emploi. Ces mesures porteraient notamment sur la formation des chômeurs, la renégociation de l’assurance chômage avec les partenaires sociaux, et l’apprentissage (dont une partie des aides provient des régions). De ces annonces, on peut en faire plusieurs lectures.
Dans le contexte actuel, cette annonce est une réponse politique à une situation politique. Elle s’inscrit dans l’immédiateté, dans le temps médiatique, et déjà, avec le calendrier politique des prochaines échéances en ligne de mire. Même si elles sont consensuelles, toutes les mesures annoncées seront, à mon avis, complexes (pas nécessairement compliquées), et la lecture des résultats qu’elles engendreront seront compliquées à isoler du reste. Mais alors, l’actualité aura changé...
Sur la question de la formation des chômeurs, personne n’oserait dire que ce n’est pas une bonne idée. Plus largement, dans un contexte d’obsolescence accélérée des compétences, la question de la formation est réellement au centre de l’employabilité, pas uniquement des chômeurs. Dans le secteur du développement informatique par exemple, très demandeur d’emploi et qui éprouve les plus grandes difficultés à recruter, en l’espace d’un ou deux ans, toutes les technologies ont évolué, et il faut sans cesse se remettre à jour : cela fait quasiment partie intégrante du métier de développeur de consacrer une partie de son temps à « upgrader » ses compétences. Est-ce à la portée de tout le monde ?
Sur l’apprentissage, qui est en baisse continue depuis 2 ans (sur l’ensemble contrats d’apprentissage + contrats de professionnalisation), ce n’est pas une question d’aide financière. Il suffit d’aller dans un grand groupe, soumis à des quotas d’alternants, pour comprendre la complexité/la difficulté de mise en œuvre de ce type de contrats. Il faut d’abord identifier les écoles qui forment au métier souhaité par l’entreprise, puis monter un dossier avec tout un ensemble de règles plus compliquées les unes que les autres, puis, ensuite, essayer de récupérer les fonds de la formation. Certaines entreprises ont des équipes entières dédiées à gérer cette complexité. Quant aux petites entreprises, la plupart renoncent, car le rythme n’est tout simplement pas adapté aux obligations de l’entreprise : c’est compliqué de dire à un client que le commercial n’est là que le lundi, le mardi et le mercredi, mais pas le jeudi ni le vendredi. Ni qu’il sera là au mois d’août, quand l’école sera fermée, mais tout le monde en vacances dans l’entreprise, mais pas au mois de décembre, alors que l’entreprise sera en plein rush.
Finalement, il semble qu’il existerait des mesures très simples à mettre en œuvre. Et qui, pour le coup, seraient « très politiques » : par exemple, expérimenter la suppression du contrat de travail à durée indéterminée, simplifier le droit du travail. Il faut rendre de la flexibilité dans le système. Les seules à avoir pouvoir infléchir le chiffre du chômage, ce sont les entreprises. Elles ont besoin et envie de recruter, il suffit juste de leur simplifier la vie. Car, l’expérience l’a montrée : elles ont aujourd’hui développé un excellent savoir-faire pour vivre en « sous-staffing », ce qui, malheureusement, n’est bon pour personne, ni pour elles, ni pour l’emploi.