Entrepreneur, je participe au débat politique français, alors que je ne vis plus en France depuis une dizaine d'années. Le déclin de mon pays natal me fait souffrir, alors je m'efforce de faire passer quelques idées, pour contribuer à changer les choses.
Il me paraît évident que la France ne s'en sortira pas sans un retour des élites qui ont quitté le pays depuis 30 ans.
Entrepreneurs, artistes, sportifs, ces Français parmi les plus performants ont fui le climat « anti-riches » et le niveau excessif des impôts. Les premiers départs remontent à 1981, avec la création par Mitterrand de l'ISF. D'autres sont partis pour échapper à l'impôt sur les plus-values, celui-là même qui a suscité l'an dernier la révolte des pigeons. D'autres, enfin, en ont eu marre d'entreprendre dans un pays ou il en coûte 230 euros au patron pour qu'un de ses salariés dispose de 100 euros de pouvoir d'achat net (source : Institut Molinari).
Le départ de ces personnes créatrices de richesse a constitué une perte énorme pour l'économie française. Et il a fait la prospérité des pays riverains, comme la Suisse, à un degré moindre la Belgique, et surtout l'Angleterre.
Retour au pays?
J'ai fait partie de ceux qui sont rentrés après l'élection de Sarkozy. Tous les jours j'entendais les medias asséner que malgré le bouclier fiscal, personne n'était rentré. J'ai été véritablement choqué par le discours anti-riches, et anti-capitaliste, des journalistes et des politiques, y compris Sarkozy. Je suis reparti à Genève au bout de 18 mois.
En vérité, depuis trois décennies, la France a progressivement abandonné la compétition mondiale. Enfer fiscal, on y dénonce sur tous les tons les paradis fiscaux. Et on s'attaque à la liberté de circulation : après l'échec de l'exit tax de DSK, c'est Sarkozy qui en a créé une autre. En pure perte : les départs ont repris de plus belle, encore augmentés par la rage taxatoire de Hollande.
Les Français qui restent dans l'Hexagone sont appauvris, et assommés d'impôts
L'Etat pompe les ressources de ceux qui travaillent, pour alimenter une machine de redistribution sans queue ni tête.
Pour redresser la situation, il faudrait faire revenir les exilés, avec une politique franchement libérale : supprimer l'ISF, diminuer l'impôt sur les plus-values et les bénéfices des entreprises, ainsi que les charges sociales. Pour financer, il faudrait s'attaquer à l'armée des fonctionnaires inutiles, aux parasites qui abusent de l'assistanat, ou encore aux élus et ministres en surnombre.
La probabilité pour qu'un leader politique se fasse élire sur un tel programme est faible, étant donné le nombre de profiteurs du système qui devraient se remettre en cause. Je salue néanmoins les efforts de Denis Payre, un de ces entrepreneurs exilés, qui est revenu et se bat avec son mouvement Nous Citoyens. Aurélien Véron et son Parti Libéral-Démocrate ont également toute ma sympathie, mais je ne partage pas leur choix de rejoindre l'UDI, un rassemblement de centristes sans grandes convictions.
Les Français de l'étranger et ceux de l'Hexagone se retrouveront-ils un jour ? si cela se produit, c'est que la France aura repris confiance en l'avenir, et dans les Français qui réussissent.