Actionnaires étrangers de sociétés françaises : menace ou opportunité ?

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Par Ludovic Grangeon Publié le 22 mai 2015 à 5h00
Norbert Dentressangle Rachat Xpo Americain
@shutter - © Economie Matin
3,24 milliards ?Le groupe Norbert Dentressangle a été racheté par l'américain XPO pour 3,24 milliards d'euros.

Il n’est pas un jour sans qu’on annonce la vente d’entreprises françaises à des investisseurs étrangers : cru de Bordeaux, club Med ou Alstom, tous les secteurs le vivent. Dernier en date : Le groupe Norbert Dentressangle, spécialisé dans les transports, passe sous le contrôle de l’américain XPO.

Beaucoup s’inquiètent de ces changements de propriétaires. Nos actifs seraient ils bradés à l’étranger ? Nos emplois fondent ils encore plus vite avec ces opérations ? Tout d’abord quelle est la balance réelle de ces opérations entre France et Etranger ? Citons les sources de « Fusions et Acquisitions ».

Une crise de confiance sans précédent frappe la France

En 2014, les acquisitions françaises vers l’international ont été modestes : 23 milliards pour 141 opérations.. mais surtout : Du jamais vu : Les acquisitions franco-françaises se sont totalement effondrées deux ans de suite en 2012 et 2013 à 9 milliards, moins de 20 % de leur volume normal. Elles n’ont repris qu’en 2014 à 54 milliards mais avec d’énormes retards.

Nos investissements n’ont pas soutenu nos entreprises. Si les investisseurs internationaux n’avaient pas pris le relais dans cette période, l’effondrement de notre économie aurait atteint un niveau catastrophique. Petit exemple : la moitié de votre péage d’autoroute va aux actionnaires étrangers de votre concessionnaire comme Vinci par exemple. Nous sommes incapables de racheter leurs parts pour le moment.

Pour 2014, les acquisitions étrangères en France ont atteint 30 milliards et 35 milliards en 2013, soit la moitié du rythme de la période 2005 -2009. Cette baisse relative montre également la perte d’attraction de notre économie. Sur la totalité des opérations françaises d’acquisitions d’entreprises soit 107 milliards environ en 2014, la moitié reste franco française, 30 % concerne des acquisitions étrangères en France, et 20% des acquisitions françaises à l’étranger.

Ces opérations sont-elles une chance ou une calamité pour les entreprises ?

Pour l’opération de Norbert Dentressangle, les enjeux étaient d’abord stratégiques au niveau international. L’accord des autorités américaine et allemande de la concurrence a été nécessaire. Ceci montre que les enjeux de cette opération dépassent le simple cadre national. Nous avons assisté à trop d’opérations spéculatives de dépeçage par des prédateurs financiers internationaux. Dans ce cas, c’est plutôt l’inverse avec une dynamique de croissance. Le nouveau propriétaire XPO permet de changer de dimension et de passer à une échelle plus vaste ou même d’échapper à des combats sans merci.

Le groupe Dentressangle était le plus petit des grands de la logistique en Europe. Il pouvait aussi trouver ses limites avec 3% de part de marché contre 13 % à DHL et trois autres compétiteurs à 4 % avant lui. Dans le transport, il figure en 6ème position avec des concurrents représentant deux à trois fois sa taille. Parmi les clients de Dentressangle figurent Danone, Carrefour, Renault, Zara, L’Oréal, Super U, etc…. Le risque était fort de le voir passer sous contrôle d’un de ses concurrents qui n’aurait pas manqué de procéder à des regroupements ou à des suppressions drastiques.

Dans un secteur de services où il faut être proche du client, une opération internationale peut aider au contraire l’entreprise à maintenir sa croissance. Mais attention ! Il reste les dangers d’une délocalisation sur place, par importation de main d’œuvre à bas coût, facilitée par les fortes migrations internationales actuelles. Dans le cas de Dentressangle, il sera déterminant d’observer à terme les évolutions des mouvements du personnel de cette entreprise et de ses 43 000 employés, pour conclure s’il s’agit ou non d’une opération bénéfique pour notre économie. Pour l’instant, le répit est de 18 mois. Fin 2016 sera donc l’épreuve de vérité.

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Ludovic Grangeon a été partenaire de plusieurs réseaux d’expertise en management et innovation sociale de l'entreprise. Il milite à présent pour le développement local et l’équilibre des territoires au sein de différentes associations. Il a créé en grande école et auprès des universités  plusieurs axes d’étude, de recherche et d’action dans le domaine de l’économie sociale, de la stratégie d’entreprise et des nouvelles technologies. Il a également été chef de mission et président de groupe de travail de normalisation au sein du comité stratégique national Afnor management et services. Il a participé régulièrement aux Journées nationales de l’Economie, intervenant et animateur. Son activité professionnelle a été exercée dans l'aménagement du territoire, les collectivités locales, en France et auprès de gouvernements étrangers, à la Caisse des Dépôts et Consignations, dans le capital risque, l’énergie, les systèmes d’information, la protection sociale et la retraite.

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