Que pourrait être une politique culturelle d’une nouvelle majorité de droite et de centre ? Dans le bilan de ce quinquennat en voie d’achèvement, l’absence d’une ligne directrice fournit en creux les axes d’une relance de la politique culturelle française.
D’abord, il faut redonner de la permanence en relançant le critère du 1 % culturel (1% du budget de l’Etat consacré au ministère de la Culture). Ce niveau fut atteint entre 2010 et 2012, pour plonger à 0,83 % en 2016. Cet engagement devrait faire partie de ceux sollicités auprès des candidats à la primaire. Le mécénat, rendu plus efficace grâce à la loi Aillagon de 2003, doit également être encouragé.
La réponse que notre société se doit d’apporter aux dérives sectaires conduit à mettre au premier plan l’éducation artistique. Toucher les jeunes le plus tôt possible est une nécessité : les interventions d’artistes à l’école, le soutien des initiatives en faveur de l’apprentissage de la lecture, les actions d’émulation entre écoles doivent être soutenus.
Loto du patrimoine. Le mouvement d’adhésion populaire autour de notre patrimoine doit être relancé en s’appuyant sur une législation consolidée, une loi de programmation budgétaire, une administration régionale à qui l’on redonne confiance après le traumatisme de la nouvelle carte régionale, un tissu d’associations très dynamiques et la Fondation du patrimoine. L’emploi dans le secteur du tourisme culturel et la restauration des monuments doivent être encouragés. La création d’un loto du patrimoine pourrait participer à cette nouvelle mobilisation.
L’architecture est un levier sur lequel il faut s’appuyer. La valorisation de la création contemporaine est l’autre versant de la démocratisation de la culture car elle se donne à voir gratuitement. En 2009, Nicolas Sarkozy annonçait la création d’un nouveau métro et d’une quarantaine de gares autour de Paris. Quel que soit le candidat élu, ces gares deviendront les grands travaux du prochain quinquennat. Une aubaine à saisir pour le futur président.
Le rayonnement de notre pays passe par le soutien à la création artistique. En ce domaine, le ministère de la Culture souffre d’un syndrome de bureaucratisation. Non seulement les artistes n’ont plus le sentiment d’être entendus mais les procédures sont devenues lourdes, lentes, contraires à la nature même de la création qui vit de liberté et meurt de contrainte. Une articulation par disciplines artistiques (théâtre, musique, danse, arts plastiques), des directeurs reconnus pour leur expérience et leurs capacités de gestionnaires redonneraient du sens. L’intermittence du spectacle est indispensable à la diffusion artistique, son régime doit être préservé, en veillant à une meilleure gestion de l’entrée dans ce régime et à un suivi au niveau local.
Face à la puissance des grands acteurs de l’internet, le ministère de la Culture doit défendre le droit d’auteur et nos filières économiques (livre, cinéma, musique). En incitant les chercheurs à mettre en accès gratuit leurs publications, la « loi numérique » porte un rude coup à l’édition scientifique. La réaffirmation par les candidats à l’élection présidentielle de leur attachement à défendre la propriété intellectuelle et l’exception culturelle française est donc plus que jamais d’actualité.
Pour Jacques Duhamel, ministre de la Culture, successeur d’André Malraux, « la culture est la principale réponse à apporter au désarroi de l’homme moderne ». On ne saurait trop conseiller à notre futur président de la République de s’en inspirer.