Nombreux sont ceux qui, parmi les journalistes, comme les politiques, s’étonnent du discrédit de ces derniers au sein des populations. Du fait que les citoyens n’ont plus confiance, ni dans les politiques, ni dans les administrations.
Je ne partage pas leur surprise, car le processus qui aboutit à ce résultat me semble évident.
Il faut d’abord faire le constat que, quelle que soit leur couleur politique, les derniers gouvernements qui se sont succédés, n’ont jamais tenu leurs promesses, ni abouti à des résultats appréciables, sur les principaux problèmes qui leurs étaient posés.
Sans en faire l’inventaire exhaustif, on peut relever que le problème qui préoccupe le plus les français, le chômage, que les différents gouvernements avaient « comme priorité », ne fait que croitre et que l’essentiel des résultats de leur politique consiste à nier la réalité ou dissimuler les résultats. Pour la délinquance et les cités, celle-ci ne diminue même pas dans les statistiques trafiquées. La pauvreté et l’immigration clandestine connaissent une croissance exponentielle.
Certains politiques sont persuadés qu’ils « font au mieux », déploient un dévouement admirable, dont ils sont mal récompensés et n’ont aucune responsabilité dans l’évolution de la situation, qui serait due à l’intervention de facteurs extérieurs, sur lesquels ils n’ont aucun pouvoir. Si nous examinons les processus, la situation actuelle me semble être la conséquence logique de leur politique et surtout de leur mode de fonctionnement, ou méthode.
Ils commencent avec ce qu’il est maintenant convenu d’appeler «la politique spectacle». Des journalistes, les grands médias, mettent «à la une», les situations et les faits divers les plus dramatiques, sous le prétexte de réveiller la conscience de la population, mais en fait pour s’assurer la plus grande audience et les recettes publicitaires qui en dépendent.
Dès lors et pour se conformer à « l’opinion publique », telle que présentée par les médias, des lois, des règlements, des procédures administratives, sont votés et instaurés par rapport aux situations dramatiques décrites, sans tenir aucun compte de leur caractère exceptionnel. Les mesures destinées à atteindre quelques personnes s’appliquent à des millions, de façon uniforme, sous le fallacieux prétexte d’égalité, mais aboutissant à des atteintes aux libertés dignes d’un régime autoritaire.
Ce phénomène est progressivement devenu prépondérant dans toute la législation française. Alors que la logique veut, comme cela a présidé au Code Napoléon, que la règle soit fondée sur le cas général et non sur l’exception, qui doit être traitée comme telle. Toutes les lois résultant de l’actuelle logorrhée législative sont fondées sur des cas exceptionnels, voire unique. Ce qui explique à la fois la très large impossibilité de les appliquer, leur manque d’efficacité, la démotivation des agents des administrations et la désaffection des citoyens.
Chercher à contrôler un million de personnes pour en appréhender deux ou trois est inefficace par rapport à cet objectif, mais d’une grande efficacité pour dégouter tout le reste de la population qui y est confronté. Pour trouver les solutions, il faut rechercher l’origine de cette dérive. Elle se trouve dans la recherche de concentration du pouvoir qui aboutit à une uniformisation des informations pour permettre leur traitement global et statistique.
Une situation ponctuelle demande à être traitée en prenant en considération tous ses éléments, facteurs et conditions. Ce n’est possible que pour celui qui y est confronté, ou se trouve au contact direct. Si l’on veut regrouper les problèmes, il faut simplifier, schématiser, donc en supprimer des données. Pour le chômage, un maçon habitant Argenteuil, avec une épouse y travaillant et deux enfants y allant à l’école. Doté de dix ans d’expérience de construction de pavillons, sachant gâcher du ciment, monter des échafaudages, poser des parpaings ... Est déjà un demandeur d’emploi potentiellement différent d’un autre maçon, célibataire, sans enfant, habitant Lagny et habitué à intervenir sur des chantiers de grands immeubles, avec des grues, du béton fourni par des toupies, à utiliser des banches ...Pour l’administration, ce sont deux maçons au chômage. Et dans les statistiques, ce sont deux chômeurs. Les hommes et les femmes n’y étant même pas distingués. On atteint un tel niveau d’abstraction qu’il n’existe plus aucune donnée exploitable, sauf pour des discours et des publications sans intérêt, puisque ne pouvant déboucher sur rien d’efficace. Mais alimentant le discours des politiques et des journalistes.
Comme toujours, bien poser la question c’est commencer à y répondre. La solution consiste dans l’inversion, objet de mon essai : « De la révolution à l’inversion » Edilivre. Il faut donc inverser la tendance. Ne pas suspecter ou contraindre un million de citoyens pour détecter deux ou trois délinquants ou fraudeurs. Ne pas fixer des règles abstraites et liberticides, mais laisser aux citoyens et aux agents de l’administration, la possibilité de résoudre les problèmes qui leur sont soumis, ou auxquels ils sont confrontés. En comprenant que les règles actuelles n’assurent aucun « égalité », mais une uniformité, qui en est l’opposé. Que traiter uniformément des problèmes divers équivaut à fournir des chaussures de taille 40 à tout le monde. Ce qui pose des problèmes à tous ceux qui ne mesurent pas cette taille.
Un tel changement peut sembler trop radical pour pouvoir être mis en œuvre. Le faire trop brutalement causerait sans doute de grands désordres. Mais il serait assez simple, bien sûr moins rapide, d’inverser la tendance et d’opérer les changements progressivement et en douceur. J’espère être entendu, mais sans vraiment y croire.