Le Père Noël a fini sa tournée 2015. Avec dans sa hotte, une montagne de produits électroniques. En effet, pas moins de 10 millions de smartphones, notebooks, téléviseurs et autres tablettes auraient peuplé le pied de nos sapins le 25 décembre dernier.
Ces cadeaux de choix viendront gentiment pousser vers la sortie leurs prédécesseurs, qui rejoindront les millions de tonnes de déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE) que nous produisons chaque année en France. 22Kg par habitant pour être exact. C’est beaucoup trop !
?Réfléchir à une solution au-delà du recyclage
Le problème du « gâchis électronique » est d’autant plus complexe – et passionnant – que le modèle « traditionnel » du recyclage ne constitue pas, pour ce type particulier de produit, une solution réellement satisfaisante.
Première limite : la collecte des appareils high-tech. Seuls 41% des DEEE devraient être collectés par les éco-organismes pour l’année 2016. Le reste ? Certains finiront dans des décharges sauvages au bout du monde, générant des dégâts sanitaires et écologiques considérables. D’autres croupiront tout simplement… dans nos placards. On estime ainsi à 100 millions le nombre de téléphones « oubliés » par leurs propriétaires en France, depuis les 20 dernières années. C’est sans doute l’une des limites majeures du recyclage de ces appareils high-tech : leur petite taille les rend facile à ranger, et donc à oublier, lorsqu’on cesse d’en faire usage.
?La seconde limite du recyclage renvoie à la question de l’empreinte carbone des appareils high-tech. Le recyclage d’un appareil électronique ne constitue pas un frein à la production : la perte d’un appareil sera logiquement compensée par la production d’un autre. Or pour les produits high-tech en particulier, c’est cette phase de production qui est la plus coûteuse sur le plan environnemental. Apple estime ainsi que 85% de l’empreinte carbone d’un iPad est liée à sa production et sa distribution. Seul 15% est imputable à l’utilisation de l’appareil.
?Le reconditionné : la porte de sortie ?
A bien y regarder, la seule solution réellement satisfaisante au problème des DEEE est moins de les recycler que de chercher à prolonger la durée de vie de nos appareils high-tech. Le reconditionnement permet de donner une seconde vie aux produits usagés, cassés ou tout simplement oubliés au fond d’un tiroir. Des services permettent désormais de collecter directement chez le particulier les appareils dont il ne se sert plus, et de les faire entrer dans le circuit de reconditionnement.
Une fois passé chez un reconditionneur l’appareil sera réparé, vérifié, les anciennes données seront effacées et il pourra être remis sur le circuit sans effets néfastes pour la planète.
Mais comment convaincre les consommateurs d’adopter un produit ayant déjà vécu plutôt qu’un produit neuf ? Cela passe par le prix certes, (ex. un iPhone 5s reconditionné est presque deux fois moins cher qu’un neuf) mais pas seulement. La possibilité de bénéficier d’une garantie, l’existence d’un service client, la transparence sur les points de contrôle ou encore les avis des consommateurs sur les reconditionneurs sollicités sont autant d’éléments susceptibles de convaincre le grand public d’opter pour ces produits de seconde main remis à neuf et certifiés. ?
COP21 : Faire du bruit
Au-delà des garanties offertes par les reconditionneurs, le vrai challenge est d’abord de gagner la bataille de la communication. C’est-à-dire faire entendre leurs voix face aux « mastodontes » du neuf – constructeurs et distributeurs réunis. Avec un objectif : installer l’alternative reconditionné dans l’esprit du plus grand nombre et les convertir durablement à la re-consommation de masse. ?
La COP21 arrive opportunément, en s’invitant exactement au milieu de nos courses de Noël. On offrira pour 2 milliards d’euros de produits high-tech neufs à Noël. Soit deux fois le chiffre d’affaire total de toute l’industrie du reconditionné sur une année entière. La tâche est immense, mais la re-consommation de masse est en marche ! Le Père Noël – et son tsunami de produits électroniques – n’ont qu’à bien se tenir…