Lobbying et influence : le mariage gagnant

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By Léonard Gallot Last modified on 24 novembre 2015 11h52
Lobbying Influence Lien Politique France
@shutter - © Economie Matin
3 MILLIONS €Les cabinets de lobbying dépenseraient entre deux et trois millions d'euros chaque année pour convaincre les parlementaires.

Il est primordial de bien dissocier l’influence du lobbying. En effet ces deux notions sont très souvent confondues alors qu’elles présentent des différences majeures. Néanmoins, bien que différents, le lobbying et l’influence n’en sont pas moins complémentaires. Associer une stratégie d’influence à une stratégie de lobbying peut s’avérer être une arme redoutable.

Deux différences majeures

Le lobbying et l’influence ont pour objectif commun d’orienter l’opinion, l’analyse d’une situation ainsi que la perception d’une entité afin de servir les intérêts d’une entité. Cependant leurs cibles ainsi que la transparence de leurs actions divergent.

Les cibles

L’influence a pour cible l’opinion publique en général, la société civile dans son ensemble. Alors que lobbying est avant tout politique : il vise a? influencer la décision publique, c’est-à-dire toutes personnes ayant le pouvoir de contrainte ou au contraire de favoriser à travers la norme. D’ailleurs selon la définition de l’AFCL (l’association française des conseils en lobbying et affaires publiques), le lobbying est «une activité? de conseil auprès des entreprises, associations ou de collectivités territoriales dans la défense de leurs droits et intérêts auprès d’organismes susceptibles de prendre des décisions les affectant».

La manière

Contrairement aux idées reçues le lobbying avance en toute transparence, il agit au nom de l’entité qu’il défend. Bien sur, il arrive de voir des associations, fondations mener des actions de lobbying dans l’intérêt de certaines entreprises, soupçonnant ainsi ces dernières d’être à la manœuvre. Mais dans sa très grande majorité, le lobbying agit directement au nom du véritable intéressé, condition essentielle pour être efficace sur le long terme. En effet vouloir apparaitre masqué lorsque l’on mène des actions de lobbying peut, si cela est découvert, être extrêmement polémique et dévastateur.

Le « Club des parlementaires amateurs de Havanes » qui défend les intérêts des industriels du tabac peut en témoigner ! Les cigarettiers que ce club défend ainsi que les parlementaires qui en font partie se seraient bien passé des polémiques dont ils font l’objet. Nous pouvons compter sur les adversaires des personnalités politiques en question ainsi que des ONG anti-tabac pour leurs rappeler cet épisode encore de nombreuses années.

Au contraire, le rôle de l’influence est d’avancer masqué. Pour promouvoir l’image d’une entité l’influence va faire en sorte que ce soit des personnes tierces qui véhiculent les messages clés que souhaite mettre en avant l’entreprise, le tout devant être orchestré de manière à ce que l’on ne suppose pas que l’entreprise soit intervenu directement et de manière consciente pour que l’on parle d’elle.

Complémentarité

C’est finalement dans leurs différences de cibles que le lobbying et l’influence sont complémentaires. Regroupées ces deux notions constituent une arme d’une efficacité redoutable qui contrôle la norme contrôle le marché.

L’action du lobbying est de faire en sorte que la norme juridique soit la plus favorable (ou la moins contraignante possible). Pour ce faire le lobbyiste va faire en sorte de mettre en place un argumentaire le plus pertinent possible pour orienter la décision du décideur public. Néanmoins pour être le plus efficace possible, le lobbyiste a tout intérêt à ce que l’opinion publique soit de son côté car s’il y a une variante qui marche à tous les coups chez le politique, c’est l’électorat !

L’électorat, le nerf de la guerre

Effectivement, le seul argumentaire du lobbyiste, se basant sur des études, analyses etc ... afin d’orienter le politique dans sa décision ne permet pas d’assurer la victoire. Néanmoins si de plus, le lobbyiste dispose de l’argument ultime « 70 % des électeurs vont dans mon sens », soyez certains que le politique sera particulièrement attentif à cet argument dans la prise de sa décision.

Rappelons-nous les avertisseurs de radars

Claude Guéant, lorsqu’il était ministre de l’intérieur sous la présidence de Nicolas Sarkozy, avait annoncé qu’il souhaitait interdire les avertisseurs de radars. Conséquence ? La disparition pure et simple d’un marché lucratif ou trois entreprises (surtout une) se disputaient le marché. A partir du moment ou le ministre annonçait qu’il souhaitait interdire les avertisseurs de radar, le travail de lobbying était trop tard. En effet après l’avoir déclaré médiatiquement, impossible d’imaginer que le Ministre allait faire machine arrière…

Mais impossible n’est pas influence !

Le génie d’Havas, qui défendait les intérêts des industriels des avertisseurs de radar, a été de mener une campagne d’influence avant de mener une campagne de lobbying. Par une campagne d’influence menée avec succès, des manifestations contre cette interdiction ont éclaté dans toute la France, de tel sorte que même des députés de la majorité du ministre, se prononçaient contre cette mesure. Car comme toujours, lorsqu’il s’agit d’électorat, les politiques n’oublient pas leurs intérêts. Cette campagne d’influence a été un tel succès que pour l’opération de lobbying qui a suivi, le travail était déjà fait, il n’y avait plus qu’à trouver une sortie honorable pour le ministre, à savoir un simple changement de nom, les « avertisseurs de radar » devenant des « assistants de conduite ».

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Diplômé de droit et science politique ainsi que d'un MBA de l'Ecole de Guerre Economique, Léonard Gallot est Remarketing Sales Executives chez OK CARS

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