Les autorités fiscales françaises tiennent à l’œil les personnes partant à l’étranger.
Le fisc ressere l'étau sur les contribuables partis à l'étranger
En effet, dans la continuité des diverses mesures prises envers les non-résidents (régime d’Exit-tax, CSG/CRDS sur les revenus fonciers et les plus-values immobilières - mesure qui vient finalement d’être supprimée par le Conseil d’Etat -, ISF sur compte-courant, participations financières des non-résidents), l’administration fiscale met aujourd’hui en place un traitement de données semblant fortement annoncer la constitution d’un fichier au centre des impôts des non-résidents, pour assurer un contrôle resserré de ces contribuables.
Antérieurement à cet arrêté, le législateur a instauré l’article 167 bis du Code général des impôts, dit régime de «l’Exit-tax ». Ce régime prévoit une imposition immédiate des plus-values latentes au barème de l’impôt sur le revenu et aux prélèvements sociaux de 15,5 % au moment où l’intéressé quitte la France, et dès lors qu’il détient, avec les membres de son foyer fiscal, des droits sociaux, valeurs, titres ou droits représentant au moins 50 % des bénéfices sociaux d'une société, ou si leur valeur globale excède 800.000 €.
Un traitement automatisé des données à caractère personnel
Dans le prolongement de cette mesure, un traitement automatisé de données à caractère personnel est mis en place par un arrêté ministériel en date du 8 avril 2015. Voilà qui ressemble fortement à la constitution d’un fichier mis en place au sein de la direction des résidents à l’étranger et des services généraux (DRESG), sous la direction et le contrôle du directeur général des finances publiques. En effet, celui-ci :
- permet d’assurer la gestion et le suivi des dossiers des personnes physiques expatriées et soumis à l’Exit-tax, et, le cas échéant, de leurs représentants fiscaux. Il permet aussi de consulter les dossiers correspondants et d’assurer le pilotage et le suivi statistique de l’activité ;
- conduit à la collecte et au traitement de nombreuses données à caractère personnel ;
- autorise la consultation de ces données par tout agent habilité par l’administration centrale ;
- prévoit la conservation de ces données dans la base de l’administration pendant 8 ans pour les départs antérieurs au 1er janvier 2014, et pendant 15 ans pour les départs de France à compter du 1er janvier 2014, puis l’archivage pendant 3 ans dans ces deux cas.
La constitution d’un tel fichier ne contrevient-elle pas – tout comme l’Exit-tax – à la liberté d’aller et venir faisant des personnes expatriées des sujets fiscaux d’un type particulier ?