"Plombier polonais", le retour ! On croyait l'expression disparue depuis l'enterrement de la directive Bolkenstein qui permettait à tout ressortissant européen de travailler avec les conditions sociales de son pays d'origine. Pourtant une note confidentielle du ministère du Travail révèle aujourd'hui qu'ils seraient plus de 300 000 salariés à travailler en France à prix cassé.
Révisée en 2011, la directive Bolkenstein offrait aux employeurs la possibilité de faire travailler des ressortissants de l'Union européenne à des salaires et des cotisations sociales défiant toute concurrence Mais depuis cette date il semblerait pourtant que le nombre de ces ouvriers low-cost venus travailler dans l'Hexagone n'ait fait qu'augmenter.
Alors qu'on comptait environ 37 000 ouvriers dans cette situation en 2006, ils étaient 110 000 à travailler sur le sol français en 2010. Et ce ne sont que les chiffres officiels puisque la note en question du ministère du Travail donne un chiffre situé entre 220 000 et 330 000 ressortissants qui travailleraient en France moyennant des salaires bien éloignés des moyennes nationales.
En effet, depuis une directive datant de 2007, le recours à des entreprises étrangères, prestataires de services, est légal en France mais à condition de respecter le droit du travail national, ce qui serait loin d'être le cas selon les syndicats. Aux habituels ressortissants d'Europe de l'Est, se sont ajoutés ces deux dernières années, avec la crise économique et les migrations qu'elle entraîne, des Espagnols et des Portugais.
Le ministre du Travail, Michel Sapin, a immédiatement réagi à cette note, mardi matin, sur France 2, assurant qu'"être payé au smic polonais sur le territoire français, c'est illégal. Ça existe parce qu'il y a aussi des voleurs de pommes qui existent, qui sont poursuivis et qui sont ensuite jugés et condamnés". Une nouvelle qui a de quoi embarasser le gouvernement chargé d'enrayer un chômage qui touche plus de 3 millions de Français.