En octobre 2012, l'INSEE a rendue publique une enquête menée en Ile-de France sur les enfants d'immigrés qui démontre qu'ils se sentent Français à 90 %, sont plus diplômés que leurs parents mais connaissent des difficultés en matière d'insertion professionnelle qu'ils attribuent aux discriminations.
Peut-on en conclure qu'il s'agit d'une "victoire de la République" comme le disait Michel Wievorka ? Retour sur les chiffres et les constats. Ces descendants directs d'immigrés seraient au nombre de 6,7 millions, chiffre très proche de nos estimations, bien qu' extraits d'une enquête ancienne (2008) et d'un recensement qui ne décompte que ceux qui ont voulu ou pu se faire recenser (marge d'erreur d'1,5 à 3 %).
Cette enquête déclarative prend en compte le "ressenti" des populations sans s'interroger sur sa validité. On pourrait s'inquiéter, au vu des récents évènements, de ce que 10 % d'entre eux considèrent qu'ils n'appartiennent pas à la communauté nationale.
L'explication du chômage par les discriminations ne rend pas vraiment compte de la situation. Les descendants d'immigrés actifs ont un taux de chômage de 12 %, plus faible que leurs parents (15 %) mais plus fort que le reste de la population (7 %). Mais si on fait une analyse plus fine en fonction des origines (cf le numéro d'Info Migrations de janvier 2012), l'appréciation est différente.
Les descendants issus de l'immigration européenne ont des résultats semblables à ceux des enfants de "gaulois". Ceux provenant de l'immigration d'Extrême-Orient sont souvent montrés en exemple pour leur réussite scolaire et professionnelle. En revanche pour les descendants d'immigrés en provenance du Maghreb, d'Afrique subsaharienne ou de Turquie (les trois quarts de l'immigration actuelle) le taux de chômage moyen est de 24,2 %.
D'autres facteurs sont tout aussi prégnants que la discrimination : parcours scolaires chaotiques, environnement familial et urbain défavorable, rejet du modèle à la française, attraction de l'économie informelle qui fournit des ressources immédiates aux dépens de la réussite méritocratique qui suppose des efforts sans ganratie de réussite...
En accordant plus d'importance aux discours des enquêtés qu'aux chiffres et en schématisant les constats, on se donne bonne conscience à peu de frais. Il est vrai que les immigrés et leurs descendants représentent 16,4 % des inscrits sur les listes électorales, une clientèle qui a largement pesé sur les élections récentes et qu'il convient de ménager.