Pourquoi la France n’a pas profité de l’Euro comme d’autres pays européens ?

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Par Daniel Moinier Modifié le 4 janvier 2022 à 6h02
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@shutter - © Economie Matin
20%Le chômage des jeunes était de plus de 20% en 2018.

A l’occasion des vingt ans de la création de l’euro, un titre du journal les Echos m’a fortement interpellé :

Pourquoi la France a moins profité de l’euro que d’autres pays ?

« Depuis la création de l’euro il y a vingt ans, c’est dans l’Hexagone que la part de l’industrie dans le PIB a le plus reculé et que la dette publique a le plus augmenté, par rapport aux grandes économies de la zone euro.

Une situation qui s’explique par la gouvernance déficiente de l’euro et l’absence de réformes en France ».

Personnellement, je pense que la gouvernance de l’euro n’a rien à voir avec l’altération de notre économie, seuls les quelques mots de fin de la phrase précédente peuvent quelque peu expliquer cet enlisement.

Si l’on analyse tous les chiffres, c’est bien depuis 1981, c’est-à-dire 40 ans, que l’on a pas du tout pris le bon chemin.

Alors que la durée de vie augmentait depuis 1945 de 8 heures de plus chaque jour, des gouvernants n’ont eu de cesse de vouloir diminuer les temps de travail et d’activité. C’est même à l’heure de l’arrivée de l’euro que le coup de grâce a été donné avec l’arrivée des 35 heures ! Soi-disant pour partager le travail pour tous. Le résultat : alors que la fin des années 90 avait été plus porteuse au niveau international et français avec une chute de la courbe du chômage, celui-ci est reparti de plus bel et s’est encore plus accentué pour les jeunes de moins de 25 ans depuis 2001, en passant de 16,80% à près de 25% en 2006.

Ci-dessous trois tableaux présentant : Le taux de chômage Français, la part de l’industrie et la balance commerciale comparative de 5 pays européens (France dernière de la classe !).

Après une baisse du chômage, suite aux mesures de soutien à l’emploi du gouvernement Sarkozy, notamment les heures supplémentaires détaxées, la crise des subprimes a cassé complétement cette dynamique et fait remonter le chômage des jeunes à près de 28%. Heureusement la loi Fillon du 1er juillet 2011 reculant le passage de la retraite de 60 à 62 ans, a progressivement relancé l’activité engendrant une forte baisse du chômage qui s’est prolongée sous la gouvernance Macron pour atteindre 20% en 2018 et un peu plus début 2020. Le Covid l’a fait provisoirement remonter à 23% pour redescendre sous les 20% en 2021.

Pourquoi je me positionne sur le chômage des jeunes, simplement parce qu’il dépend du taux d’emploi des seniors et pas qu’en France.

Contrairement à ce qui avait toujours été dit pendant des décennies : Plus nous mettrons des seniors en pré-retraite plus il y aura du travail pour les jeunes. C’est exactement le contraire qui s’est produit !

Effectivement : Plus les seniors sont en emploi et travaillent plus longtemps, plus le chômage des jeunes est faible.

Explication et rappel (un peu mathématique) :

Pourquoi la France ne peut pas retrouver la croissance et le plein emploi sans changer la loi :

. 1 salarié qui part en retraite = 1 de salaire (de 60/62 ans environ)

  • + 1 de charges (salariées et employeur)

  • + 0,7 de pension payée

  • Soit : = 2,7 de perdu

  • 1 jeune entre 20/25ans = 0,40 de salaire (par rapport au senior de 60/62 ans)

  • + 0,40 de charges (S+E)

  • Soit = 0,80

  • 2,7 divisé par 0,80 =3,375 c'est à dire plus de 3 jeunes embauchés pour ne pas y perdre en PIB, charges, impôts…

  • Si l'on rajoute les pertes de pouvoir d'achat et impôts supplémentaires :

  • + 35% de revenus en moins (différence salaire/pension)

  • + 40% d'impôts en moins (différence de revenu)

On arrive à quatre jeunes

  • Si l’on voulait simplement garder le même niveau de PIB, de pouvoir d’achat,…il faudrait embaucher 4 jeunes (20 à 25 ans) pour être simplement à égalité. (Ce qui ne serait toutefois pas suffisant pour ne plus être en dette et sans chômage)

  • Chaque départ trop tôt en retraite (ou autrement) empêche l’embauche de 3 jeunes.

  • Sans compter la perte de savoir-faire importante mais moins mesurable.

  • Autre rapport un peu similaire :

Lorsque deux personnes sont embauchées elles font rentrer au travail une 3èmepersonne sous 3 mois.

Mais l’inverse est vrai aussi :

Lorsque deux salariés sont licenciés ou perdent leur emploi, sous 3 mois, c’est un chômeur de plus qui vient grossir les rangs de pôle emploi !

Il est nécessaire de rappeler pour bien comprendre l’évolution de l’emploi et des charges qu’en 1945 à la sortie de la dernière guerre, il y avait 6 salariés pour 1 retraité, alors qu’en 2019, il n’y avait plus qu’1,4 salarié pour 1. C’est pour cela que la cotisation sur salaire est passée de 6% à plus de 22% !!! Et tout le délitement de la France qui en a suivi…

Je vous laisse faire la conclusion

www.danielmoinier.com

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Daniel Moinier a travaillé 11 années chez Pechiney International, 16 années en recrutement chez BIS en France et Belgique, puis 28 ans comme chasseur de têtes, dont 17 années à son compte, au sein de son Cabinet D.M.C. Il est aussi l'auteur de six ouvrages, dont "En finir avec ce chômage", "La Crise, une Chance pour la Croissance et le Pouvoir d'achat", "L'Europe et surtout la France, malades de leurs "Vieux"". Et le dernier “Pourquoi la France est en déficit depuis 1975, Analyse-Solutions” chez Edilivre.

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