Notre époque est historique ! Traditionnellement, pour relancer l’économie, on abaisse les taux d’intérêt ou on creuse la dette, mais nous avons atteint deux butées : les taux d’intérêts tendent vers zéro ; et la dette file vers les 100% du PIB, un seuil au-delà duquel il est très difficile pour un pays d’afficher de la croissance, selon les économistes spécialistes de la dette publique Kenneth et Rogoff.
Les dirigeants imputent l’échec de leurs plans de relance à une « sur-épargne ». En effet, les keynésiens considèrent que l’épargne est une menace pour la croissance. Elle briderait la croissance car elle diminuerait la consommation. Avec cette analyse, ils refusent de s’apercevoir que la relance par la dépense publique les a conduits à :
négliger la compétitivité des entreprises françaises ;
casser le lien entre l’épargne et l’investissement ;
la compétitivité des entreprises françaises est en berne.
Comme le constate le rapport Gallois, les entreprises françaises sont « prises en étau […] entre d’une part l’industrie allemande positionnée sur un segment de gamme supérieur […] et de l’autre les pays émergents, mais aussi certains pays d’Europe du Sud ou de l’Est, qui bénéficient de coûts unitaires de production plus faibles […] ».
Confrontée à cette double et grandissante concurrence, l’industrie française a été contrainte de rogner ses marges et de sous-investir, établit le rapport.
Les entreprises rognent leurs marges
Des marges à 30% situent les entreprises françaises loin derrière celles de l’Allemagne, l’Italie ou les Etats-Unis.
Des investissements moins efficaces
En deux ans l’investissement des entreprises du CAC 40 a reculé de 10%. (ETUDE RICOL LASTEYRIE LES ECHOS 24 JUIN 2015)
Mais il n’y a pas que la quantité d’investissement (qui s’ajuste à la conjoncture). Il y a aussi la qualité. Lorsque les entreprises françaises investissent il s’agit souvent :
– de renouveler l’appareil productif (plutôt que de le moderniser) (rapport Gallois) ;
– d’investir dans la construction, l’immobilier, donc plus que dans les machines ou les robots (mais ce « mal investissement » tend à se corriger).
Leurs parts de marché s’érodent
Du coup, les entreprises perdent des parts de marché.
Le positionnement de nos entreprises face à la concurrence internationale est essentielle dans une économie largement ouverte sur le monde ; si nos entreprises ne sont pas en mesure de faire face à la concurrence, elles feront faillite — plan de relance ou pas.
Casser le lien entre l’épargne et l’investissement
En suivant la logique keynésienne, l’épargne n’aurait pas vocation à financer les investissements puisque la consommation est le moteur de la croissance. En réalité, découragée par la politique de taux bas, l’épargne ne va pas vers l’investissement productif.
Elle est dirigée vers l’immobilier et les dettes d’Etat. N’arrive aux entrepreneurs qu’un résidu, soit environ 6% de l’épargne des Français. (INSEE TEF 2015 P.122)
D’où le manque de fonds propres et l’endettement des PME et ETI (rapport Berger Lefèbvre (2013) ou des financements insuffisamment orientés vers le tissu industriel (rapport Gallois).
Seule l’épargne crée de la croissance sur le long terme !
En effet, plusieurs études empiriques établissent un lien entre l’épargne et la croissance.
(ETUDE FMI 2005 GLOBAL IMBALANCES : A SAVING AND INVESTMENT PERSPECTIVE – WORLD ECONOMIC OUTLOOK)
Comment parler d’excès d’épargne alors que le monde entier manque d’investissement ?
Ce débat autour de l’excès d’épargne révèle un point important : le keynésianisme n’est pas une théorie de la croissance, mais une tactique pour sortir d’une crise. Une politique keynésienne appliquée en continu sur des décennies n’a aucun sens. N’hésitez pas à soutenir nos entreprises françaises avec votre épargne. Ce sont elles qui créent emploi, croissance et richesses.
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