La France emprunte à 30 ans, à quand 50 ou 100 ans ? #BESTOF

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Par Jean-Yves Archer Publié le 13 août 2013 à 4h05

La France est endettée de manière significative : il revient donc aux dynamiques équipes de l'Agence France Trésor de piloter au mieux la gestion quotidienne de notre dette.

Autrement dit, d'assurer sa liquidité pour rassurer les investisseurs et de rechercher ses meilleurs paramètres techniques (notamment le taux d'intérêt nominal de chaque émission) afin que la charge des intérêts soit optimisée mais aussi le montant du nominal qui est régulièrement souscrit.

Pour prendre une image simple, la dette d'un Etat est équivalente à la Place de la Concorde à 18 heures : on voit l'embouteillage (car une dette ne varie que lentement sauf cas de crise grave), mais ce ne sont pas les mêmes véhicules d'une semaine à l'autre. Donc, les supports de la dette changent fréquemment.

Actuellement les OAT (Obligations assimilables du Trésor) représentent des titres émis pour des durées allant de 7 à 50 ans. Ces obligations forment un montant de 965 milliards d'euros à fin janvier 2013 sur les 1382 milliards d'encours de la dette négociable. Les BTAN (Bons du Trésor à intérêt annuel) et les BTF (Bons à taux fixe et à intérêt précompté) représentent respectivement 252 et 166 milliards d'euros.

Ce qu'il convient de souligner, c'est la différence de maturité de ces véhicules de notre dette. Pour les BTAN, leur durée de vie moyenne est de 2 ans et 129 jours (source AFT au 31 janvier 2013) et pour les BTF de 114 jours. A l'opposé, les OAT ont l'avantage de présenter une durée de vie moyenne de 9 ans et 204 jours.

COURBE DES TAUX SUR TITRES D'ÉTAT FRANÇAIS
VALEUR EN FIN DE MOIS, EN %

graphique emprunt

Source: bulletin mensuel de l'Agence France Trésor

Dès lors, se pose une question théorique à tout gouvernement en période de faible taux: vaut-il mieux privilégier les émissions à durée de vie très courte (qui bénéficient – voir graphique – de taux quasi nuls) ou bien les émissions à plus long terme qui traduisent une confiance plus grande dans la signature de notre pays et permet à celui-ci de desserrer la contrainte des créanciers.

A l'heure actuelle, les taux des OAT à 10 ans oscillent autour de 2,3% et ceux à 20 ans frôlent les 3%. Par un communiqué récent, l'Agence France Trésor a annoncé le lancement d'une OAT à échéance du 25 mai 2045 pour un taux de 3,25%. Cette OAT à un peu plus de 30 ans a été demandée à hauteur de 8 milliards et 4,5 ont été servis.

Le communiqué de l'AFT précise des points techniques assez classiques. Ainsi, les chefs de file de cette opération ont été BNP Paribas, Morgan Stanley, Barclays, Royal Bank of Scotland et la Société Générale.

Par ailleurs, l'allocation traduit une demande diversifiée de la part des investisseurs finaux : banques (33%), gestionnaires d'actifs (31%), assurances et fonds de pension (20%), gestions alternatives (16%).

En revanche, il est fondamental d'insister sur l'origine géographique des porteurs de ces nouvelles OAT : 48% (pour ne pas dire la moitié) vient des Britanniques, 23% (pour ne pas dire un quart) vient des Français.

Le reste venant d'autres pays comme l'Italie (10%), les pays scandinaves (10%). Nos voisins allemands n'ayant souscrit qu'à hauteur de 7%, ce qui dispense de tout commentaire additionnel ou superflu dans le contexte actuel des relations entre nos deux pays.

Contrairement à l'Italie et surtout contrairement au Japon, la part de la dette souveraine française est faiblement détenue par les nationaux. A l'heure où tant de commentateurs pressés critiquent rapidement le Royaume-Uni, force est de constater que "son monde de la finance" fait confiance à la France sur une longue durée.

La finance suppose donc prudence dans son exécution devant les faits et prudence dans l'interprétation de ceux-ci. Pour le reste, merci à nos amis britanniques pour leurs preuves tangibles de confiance.

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Article initialement publié le 29/03/2013

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Jean-Yves Archer est énarque ( promotion Léonard de Vinci ), économiste et fondateur de Archer 58 Research : société de recherches économiques et sociales. Depuis octobre 2011, il est membre de l’Institut Français des Administrateurs (IFA).  

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