Bien qu’il soit apparu il y a plus de trente-cinq ans, le portage salarial est peu (re)connu dans notre société. Et c’est une tare de notre système social.
En effet, celui-ci a la mauvaise habitude de mettre de côté les nouvelles formes d’emploi qu’il ne connaît pas, par doute, par crainte et/ou par méconnaissance. Et ce, même si elles peuvent faciliter le fonctionnement de l’économie, garantir une sécurité et un succès économique et social et résoudre certains problèmes de société.
Alors que les débats, les protestations et les critiques fusent d’un côté comme de l’autre contre de la loi Travail, il devient urgent de s’adapter. Pour cela, il s’agit d’envisager des solutions innovantes pour concilier chacune des opinions tout en relançant l’emploi. Car une bonne réforme est une réforme où il n’y a pas de perdants.
Le portage salarial, une arme innovante
Pour rappel, le portage salarial implique une relation contractuelle tripartite dans laquelle un salarié porté, rattaché à une société de portage, effectue une prestation pour le compte d'entreprises clientes. Le portage salarial, c’est donc un statut hybride et innovant. Hybride parce qu'il allie l'indépendance de l'auto-entrepreneur et la sécurité du statut du salarié.
Innovant parce qu'il permet à des professionnels autonomes de créer ou d’exercer leur activité sans les contraintes et les risques de la création d’entreprise ou de statuts plus précaires comme l’auto-entrepreneur ou l’indépendant. Dès lors, le portage salarial propose de nombreux avantages. Et c’est ce qui fait de lui un secteur dynamique au chiffre d’affaire de 500 à 600 millions d’euros en France et dont la croissance moyenne est de 40%, ces trois dernières années.
Si le porté est exempté des contraintes administratives liée à la création d’entreprise, il est également assuré d’être sécurisé lors de l’exécution de son projet puisqu’il bénéficie de la protection sociale qui est liée à son statut de salarié. Quant à l’entreprise-cliente, elle peut trouver des compétences dont elle ne dispose pas en interne en faisant intervenir un professionnel autonome, sans subir les contraintes liées à l’embauche.
Véritable opportunité pour relancer l’emploi, il est la solution face au chômage. Alors qu’il est considéré par les cadres comme une manière de gérer en toute sécurité une transition ou une reconversion, c’est également une alternative pour les futurs retraités de finir leurs carrières à temps partiel. C’est pour cela que le portage salarial touche majoritairement les 46-65 ans, qui représentent 46 % de l’ensemble des portés. Acteur d’émancipation professionnelle pour les femmes, il peut également jouer le rôle de catalyseur pour les jeunes qui recherchent un travail après l’obtention de leur diplôme.
En ce sens, le portage salarial apporte un nouveau souffle au monde travail, reposant sur des statu quo rigides qui ne fonctionnent plus dans cette ère de nouvelles technologies.
Vers une nouvelle politique de relance de l’emploi ?
Depuis que la France a été touchée par la crise, le gouvernement s’intéresse de plus en plus au portage salarial, comme l’une des solutions qui diminuerait le taux de chômage. Pour preuve, de nombreuses ordonnances et décrets d’application ont vu le jour. On notera tout d’abord en 2008, l’introduction du portage salarial dans le Code du Travail. Puis, les dernières ordonnances et décrets d’application d’avril et de décembre 2015. Cette base juridique renforce, valorise et confirme l’ancrage du portage salarial dans la loi, sa légitimité dans le paysage économique et son développement en tant que nouvelle forme d’emploi. Une nouvelle dynamique est donnée avec l’intervention de François Hollande en janvier qui annonçait son nouveau plan pour inverser la courbe du chômage, en encourageant toutes les formes d'entrepreneuriat dont le portage salarial, ou le portage salarial immobilier.
Mais le problème du portage salarial est le peu de publicité qu’on lui fait. D’après l’étude réalisée par l’Ifop pour la Fédération des Entreprises de Portage Salarial faite en novembre 2015, 77% des sondés pensent que les pouvoirs publics ne font pas assez pour promouvoir et valoriser cette nouvelle forme d’emploi. Et pour preuve, sur l’ensemble des Français sondés, 66% ne connaissent pas le nom de portage salarial, et ce, alors qu’il emporte l’adhésion des syndicats et du patronat. Il ne reste qu’à attendre et espérer que la loi Travail mette en avant un peu plus cette nouvelle forme de travail en pleine croissance et clé pour l’avenir.
Alors que le monde fonctionne à toute vitesse, que l’économie se numérise de plus en plus, qu’il convient d’être flexible entre vie professionnelle et personnelle, il est nécessaire d’adapter notre mode de travail à tout ces changements. L’économie a changé depuis les années 1980. Numérique, nouvelles technologies, crises, libéralisation et multiplication des échanges,… le marché du travail est entré dans une révolution qu’il convient d’accepter. L’emploi doit donc procéder à un changement pour répondre à ces nouveaux enjeux. Fer de lance de cette révolution, le portage salarial peut apporter une solution efficace dû à son statut hybride et à la souplesse de son fonctionnement. Cessons d’avoir peur du changement quand il peut être bien meilleur pour nous que ce que nous avons !