C'était attendu. L'expansion du secteur des services permise par la consommation et le rebond de 1,2% de la production manufacturière en fin d'année n'ont pas permis de compenser les autres nombreux mauvais indicateurs, dont la contraction du PMI manufacturier et le fait que le climat des affaires se situe toujours sous sa moyenne de longue durée.
Economie : l'alignement des astres
Ce qui est certainement le plus frappant, c'est que l'effet bénéfique de ce qu'on appelle communément l'alignement des astres était déjà perceptible au quatrième trimestre. En 2014, par rapport à leur point haut annuel, l'euro et le pétrole ont chuté respectivement de plus de 12% et de plus de 13%. Dans le même temps, le taux de rendement à 10 ans de l'OAT de la France sur le quatrième trimestre a diminué de près de 37%, pour atteindre un niveau de 0,82% fin décembre 2014.
Une hausse des investissements étrangers
A ces trois éléments favorables, il faut également ajouter la hausse des investissements étrangers sur 2014 qui est la preuve du retour de l'attractivité de l'économie française après trois années de repli liées à l'instabilité fiscale et au message négatif envoyé à l'étranger par la taxe à 75%. Le contexte macroéconomique global était extraordinairement favorable et, pourtant, le gain réel de croissance reste faible. L'absence de confiance des agents économiques et surtout de bond technologique en sont les principales causes. La confiance des consommateurs français pour mars qui sera publiée demain, bien qu'attendue en hausse par rapport à 2012, devrait le prouver puisqu'elle demeure sous sa moyenne de longue période.
Croissance : pas de déclic majeur en France
On a souvent tendance à comparer la période actuelle avec les précédentes phases de forte croissance (1986 - 1990 et 1997 - 2001). A tort. Elles ont toutes été accompagnées d'une révolution technologique ou financière. Pour la période 1986 - 1990, marquée par une hausse du PIB en moyenne de 3,4% par an, il s'agissait essentiellement de la libéralisation financière engagée par l'Etat et pour la période 1997 - 2001, sans surprise, il était question du développement de l'écosystème internet et de son impact sur le cycle de production et de travail.
Un tel schéma est, pour l'instant, absent en France. Les espoirs soulevés par les énergies renouvelables, le crowdfunding ou encore la dronautique ne se sont pas traduits par le développement de vastes filières industrielles ou par la diffusion de ces avancées à des usages de consommation de masse. Le cycle technologique actuel n'en est encore qu'à ses balbutiements pour avoir un effet significatif sur l'économie réelle. La troisième révolution industrielle plébiscitée par Jeremy Rifkin n'est pas encore là.
Pas de vraie croissance avant 2017
L’implication active de l’Etat dans l’économie était aussi plus conséquente dans les années 80 et 90. Personne n’a oublié les emplois subventionnés de l’ère Jospin. En dépit de la nouvelle marge de manœuvre offerte par les taux bas, l’Etat reste soumis aux règles budgétaires européennes, ce qui l’empêche d’engager un vaste programme d’investissement public, comme c’est actuellement le cas au Royaume-Uni pour près de 15 milliards de livres ou encore au Danemark pour 19 milliards de dollars.
Tout porte donc à croire que la dynamique de croissance va rester molle dans les mois à venir, proche de la prévision officielle réaliste du gouvernement pour 2015. Ce ne sera certainement pas avant 2017 qu’on pourra commencer à parler de nouveau de croissance créatrice d’emplois.