Et si la France prenait part à la croissance des énergies renouvelables ?

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Par Sébastien Denis Modifié le 29 novembre 2022 à 9h15
France Electricite Production Eolienne Echec
cc/pixabay - © Economie Matin
23%La France espère atteindre 23 % d'énergie de source renouvelable dans son mix énergétique à l'horizon de 2020.

Le niveau de production d’énergies renouvelables n’a jamais été aussi important dans le monde qu’en 2015. Surtout, les pays en développement, longtemps considérés comme retardataires dans le domaine, ont investi davantage que les pays les plus industrialisés.

C’est l’un des principaux points évoqués lors de la Conférence de Paris sur le Climat de décembre 2015 (COP 21) : les énergies renouvelables comme l’une des solutions au dérèglement climatique. Il semblerait bien que le message ait été non seulement entendu mais, surtout, anticipé, au regard des investissements réalisés l’an dernier dans les énergies propres – plus forte hausse de tous les temps de la capacité de production d’énergies renouvelables.

Un investissement mondial de 286 milliards de dollars en 2015

C’est ce qu’il faut retenir du rapport « sur le statut mondial des énergies renouvelables 2016 ». Réalisé par Renewable Energy Policy Network for the 21st Century (REN 21), un réseau international réunissant gouvernements, organisations internationales, ONG, associations professionnelles, scientifiques, ce rapport annonce que la part des énergies renouvelables dans la production d’électricité atteint désormais 1 849 gigawatts, soit 19,2 % de la consommation d’énergie finale.

Surtout, cette capacité est en hausse de 9 % par rapport à 2014. Pour se représenter l’importance de plus en plus prégnante des énergies renouvelables dans le monde, le rapport explique que nous installons désormais plus de capacités de production d’énergies renouvelables que d’origine fossile. Une avancée encore inimaginable voilà quelques années.

Au niveau des investissements, cela représente près de 255 milliards d’euros, soit deux fois plus que pour les nouvelles capacités de production basées sur le charbon et le gaz. Si ces derniers représentent encore 78,3 % de la consommation mondiale d’énergie, les énergies renouvelables s’affirment dorénavant comme une source « conventionnelle » d’énergie et les États ne sont plus frileux pour investir massivement.

Les pays riches de plus en plus en retrait

Au-delà des chiffres, c’est l’origine des investissements qui ressort de ce rapport. En effet, 139 milliards d’euros proviennent des pays émergents et en développement, soit une hausse de 19 %, contre 116 milliards d’euros pour les pays développés, en baisse de 8 %. Si la Chine prend la tête des investissements avec 92 milliards d’euros, ces derniers ont augmenté dans toutes les régions du monde.

Sauf, donc, dans les pays développés, à commencer par notre vieux continent. En raison de la baisse de 21 % des investissements en un an, l’emploi dans le secteur des énergies renouvelables a chuté au sein de l’Union européenne (UE), notamment dans le photovoltaïque et l’éolien, principaux pourvoyeurs d’emplois. Si les besoins en matière d’énergie, beaucoup plus importants dans les pays émergents, peuvent expliquer cette situation, la centralisation du réseau européen d’énergie, qui complique les efforts de transition, est aussi l’une des principales raisons.

Et la France, dans tout ça ? Malgré les nombreux discours entendus lors de la COP 21 et l’adoption de la loi sur la transition énergétique en août dernier, les énergies renouvelables peinent toujours à s’imposer. En cause, le subventionnement massif aux énergies fossiles mais surtout au nucléaire, qui continue de centraliser le secteur énergétique français. Les quelques initiatives comme l’éolien offshore restent très modestes, tant en termes de production énergétique qu’en termes de création d’emplois.

Un bénéfice global pour la France

L’objectif que s’est fixé la France, dans le cadre du « paquet énergie-climat » adopté en 2008 par l’UE, parait ainsi difficile à tenir. La barre des 23 % d’énergies renouvelables dans sa consommation finale d’énergie, à l’horizon 2020, est aujourd’hui chimérique – 14 % ; le pays ne pointe qu’à la seizième place du classement européen, établi fin 2015 à partir des données récoltées fin 2013, légèrement en-dessous de la moyenne des Vingt-Sept (15 %), mais très loin derrière la Suède (52,1 %) ou la Lettonie (37,1 %).

L’une des seules satisfactions en la matière est à mettre au crédit du solaire : l’énergie photovoltaïque a progressé de 17 % l’an dernier, pour atteindre près de 6 200 mégawatts (MW), dépassant l’objectif fixé par le gouvernement de 5 400 MW en 2020 – la nouvelle mire, 8 000 MW, est d’ailleurs tout à fait atteignable.

La nécessité d’investir dans les renouvelables est d’autant plus pressante que, selon l’étude prospective de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) publié le 30 juin dernier, une croissance des énergies propres aurait un impact positif sur la croissance économique, l’emploi et le pouvoir d’achat des ménages. A l’horizon 2050, le PIB augmenterait de près de 4 % par rapport à son niveau sans transition énergétique, entre 830 000 et 900 000 emplois seraient créés et le revenu disponible des ménages serait bonifié d’environ 250 milliards d’euros – soit 3 300 euros par habitant. Les émissions de CO2, quant à elles, chuteraient de 68 à 72 % d’ici trente ans. Un bénéfice global, possible que si la France prend part activement à l’essor des renouvelables.

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Conseiller énergétique, Sébastien Denis réalise des diagnostiques de performance énergétique auprès de particuliers et de professionnels, et participe à l'élaboration de stratégies durables pour ses clients.

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