500 000 logements par an ? Mission impossible pour Nexity

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Par Michel Garibal Modifié le 4 octobre 2012 à 3h37

Il faut opérer une véritable rupture sur le dossier du logement, affirme Alain Dinin, PDG de Nexity, car le temps travaille contre nous.

On s’éloigne de l’objectif de construire 500 000 logements par an en France, constate Alain Dinin. L’an dernier, les mises en chantier ont atteint 380 000 logements. A la fin 2012, on ne dépassera pas 320 000. "Il faudrait un sursaut de 40 % pour réaliser le vœu du gouvernement". Le promoteur ne cache pas qu’il n’y croit pas un seul instant.

Pourtant, le patron de Nexity donne plutôt une bonne note à Cécile Duflot pour ses premiers pas dans un secteur particulièrement difficile. "Il est vrai que c’est une ancienne de l’ESSEC, où elle s’était intéressée à l’urbanisme. Mais les mesures annoncées ne sont pas à la hauteur des problèmes posés. D’autant que le Scellier modifié Apparu ne marche pas bien. Elle pourra tout au plus stabiliser la situation autour de 30 000 logements au niveau locatif."

Aujourd’hui, le gouvernement est engagé dans la palabre. Il veut multiplier la concertation en créant des commissions nouvelles, alors que le temps presse. Chaque année, 75 000 personnes supplémentaires arrivent en Ile de France et on leur offre seulement 40 000 logements nouveaux. A eux de se débrouiller comme ils peuvent !

"Pour l’instant, on arrête la machine. On attend, alors qu’il faudrait mettre les bouchées doubles", tonne le promoteur. Le gouvernement s’apercevra au milieu de l’an prochain que son dispositif ne marche pas, alors que l’on risque de connaître à nouveau une hausse des taux d’intérêt, qui sont présentement particulièrement bas et rendront ola situation encore plus délicate.



Or, un logement en moins c’est 1,8 chômeur en plus. En deux ans, on aura perdu 160 000 travailleurs et des milliards sur la TVA. Alors que faire ? Faut-il aider les promoteurs ? Alain Dinin rejette cette idée d’un revers de main. "Cela n’a pas de sens, car nous ne produisons que ce que nous avons prévendu. Nous sommes dans un processus de sous-production, nous nous y adaptons malgré tout. En revanche, il faut aider les gens à se loger : c’est le premier poste avec 30 % du budget des ménages."

"Et la première réforme à entreprendre d’urgence est celle du code de l’urbanisme afin de créer un organisme au niveau régional susceptible de prendre des décisions en matière de construction pour échappeer aux zizanies et aux querelles paralysantes entre les différents intervenants au niveau local. Il faudrait aussi revoir la fiscalité avec certains projets surprenants : par exemple, si l’on veut dégager des terrains rapidement, il conviendrait de les exonérer de plus-values, sinon leurs propriétaires se déroberont."

"Et il est inutile d’empêcher par une loi ou un décret la hausse des loyers alors que ceux-ci ne progressent plus. Car les investisseurs institutionnels se sont retirés du secteur locatif privé et si l’on continue dans la direction actuelle, ce sont les particuliers qui abandonneront à leur tour ce marché, alors que le parc locatif n’a pas augmenté depuis 1984."

"Le drame de la France, conclut Alain Dinin de manière désabusée, est que l’on sait ce qu’il faut faire, nous le répétons depuis quinze ans, mais nous savons aussi qu’on ne changera pas."

Pas étonnant dès lors que la proportion des Français qui pensent que la situation du logement va continuer de s’aggraver atteint maintenant 86 % contre 63 % il y a cinq ans. Pessimistes, les Français le sont plus que jamais, en y ajoutant un sentiment de résignation.

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