Pour plus de com-pé-ti-ti-vi-té, baissons les salaires

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Par Thierry Le Gueut Publié le 9 octobre 2012 à 10h32

Il n’y a aucun doute. On nous le répète depuis tant de mois que cela est devenu une évidence. Le problème des entreprises françaises, et en particulier des PME-PMI-qui-sont-la-matrice-de l’économie-française, réside dans l’abus des charges qui leur sont imposées.

De Laurence Parisot, célèbre experte en PME-PMI, à Bernard Thibaut, on vous le jure, notre problème, c’est la com-pé-ti-ti-vi-té. Avant, la première avait testé la fle-xi-bi-li-té. Le succès fut assez moyen. Chacun avait quand même compris que la corvée était passée de mode depuis quelque temps. A peine fut tentée la flexsécurité, qui, bienfaisance du modèle nordique aidant, pouvait rassurer.

Ok, flexibles, mais surs… On savait pas trop… Exit. Euh, bon, ça n’a pas trop parlé aux manants, et il en a fallu revenir aux bases. Com-pé-ti –ti -vi- té, ça parle mieux. Ca a le mérite d’être clair. En gros, le produit que tu fabriques, le service que tu apportes, il supporte des charges qui ne peuvent pas rivaliser avec quelqu’un qui fabrique (à peu près, on va pas tout de meme pas chipoter sur la sécurité, le travail des enfants et autres balivernes) la même chose que toi quelque part sur la planète mondialisée.

Donc, toi, rentier smicard français ou européen, qui pensait que ton savoir-faire suffisait à faire la différence par rapport aux qualités concurrentielles, et bien, non, c’est plus comme ça que ça se passe. Et c’est pour ton bien, on te dit. Ce sont évidemment les bienfaits de la mondialisation qui condamne, évidemment, l’idée obscurantiste du protectionnisme (dérivé du verbe français : se protéger, verbe qui devrait sans doute être légitimement exclu du Robert). Donc, on en en est là.

Et , au fil des conversations d’experts, on se rend compte, très vite, que tout le monde est d’accord. Il convient, urgemment, et cela fait à peu près 10 ans que ça dure, ( l’urgence), de baisser les charges (tout en les augmentant , par ailleurs, comprenne qui voudra). Ce que ne conteste évidemment pas, par ailleurs, Bernard Thibaut, qui souhaite, lui, dans un schéma prégnant de lutte des classes réactualisée, un plus fort investissement dans la Recherche et le Développement, une analyse cogestionnaire (je fais court) des stratégies d’entreprise, et un accent mis sur l’Innovation et la Créativité de nos salariés-producteurs, qui permettra d’améliorer, on vous le dit, la com-pé-ti-ti-vi-té.… Merci Bernard…



Redevenons, un temps, sérieux. Si on peut. L’argument central de Laurence Parisot consiste à faire baisser les charges salariales qui pèsent sur les entreprises françaises. Au delà, du fait, que comme un vulgaire Mélenchon, on peine à considérer que la valeur Travail ne soit qu’une charge, et pas, à un moment ou l’autre, une Ressource (mais c’est vrai qu’avec les Ressources Humaines, on avait déjà donné), au-delà du fait que l’on nous a enseigné à longueur de tribunes dans des quotidiens de référence la notion centrale de l’entreprise citoyenne (juste avant de licencier massivement), certes, aussitôt démentie par la réalité des faits (mais l’intention était là), il faut tout de même, à un moment ou l’autre, etre cohérent.

Les recettes, quasiment spoliatrices, voire confiscatoires, générées par les entreprises (pigeons ?) alimentent les budgets de l’Etat. Réduire ces recettes, et donc attenter aux charges qui les génèrent, revient, à un moment ou l’autre à creuser le déficit. Alors que le renflouement de la dette devient une cause nationale. Si on était méchant avec les officines du MEDEF, on dirait , que par sa demande de réduction des recettes de l’Etat (via la contribution des entreprises), cette organisation concourt , par ses demandes, à aggraver la sacro-sainte dette.

Ce qu’on se gardera de croire, compte tenu du patriotisme économique des dirigeants de l’organisation patronale. Mais les charges, c’est vrai, elles ne pèsent pas que sur les entreprises. Elles pèsent aussi sur les salariés. C’est vrai ça, elles grèvent le juste salaire du travailleur, qui devrait avoir la juste rétribution de sa force de travail, et ne servent qu’à alimenter des caisses de retraites, à financer une Sécurité Sociale pléthorique de fonctionnaires fainéants, tout système de cotisation à laquelle il conviendrait de substituer un légitime volontariat. Plutôt que d’épargner, tant qu’à faire, autant consommer, et on verra plus tard.

Ces systèmes actuels, d’ores et déjà obsolètes, doivent etre remplacés par une épargne volontaire, fruit de la liberté individuelle, de chacun de vouloir se soigner, et épargner pour ses vieux jours. Il convient parfois de sauver le travailleur à l’insu de son plein gré. Il est vrai que l’on peine à redevenir sérieux quand on voit tant de palinodies assénées à longueur de colonnes, ou à d’ondes répétées. Reste donc la seule vraie solution, à développement durable, si l’on ose dire.



La baisse des salaires. Une baisse autoritaire, ( mais évidemment en concertation avec les organisations syndicales représentatives), programmée, planifiée, qui permettra de resituer le juste cout du travail à sa hauteur réelle. Celle du travailleur concurrent du sud est asiatique ou sud américain qui fait (à peu près) le même boulot.. Un développement équitable pour nous remettre sur des bases saines de com-pé-ti-ti-vi-té.

Une variable d’ajustement. Il conviendra, bien sur, que cette baisse soit juste, et équitablement répartie, afin que le cadre, l’employé, l’ouvrier, ne se sentent pas tout seul sacrifié sur l’autel de la défense de la dette. On leur expliquera que l’on ne peut plus vivre au dessus de ses moyens et il y aura bien un article du Fig Mag ou du Point pour nourrir l’argumentaire. Ca suffira. Seule cette baisse consentie des salaires peut permettre le sauvetage de la monnaie unique que nous a donnée Jacques Delors, et permettre de perpétuer la Construction européenne de Messieurs Monnet et Schuman.

Cet idéal exigeant des pères fondateurs doit servir de motivation aux travailleurs de l’Union européenne et permettre d’assoir la coexistence de nos peuples trop souvent assoiffés de chauvinismes et, de nationalismes, qui nous ont amenés à la guerre. Car seule la construction européenne garantit la paix et le bien etre des peuples.

Ne souriez pas. Les bienfaits de cette politique miraculeuse, celle qui sauvera les générations futures, l’Europe unie que nous nous devons de léguer à nos enfants, sont aujourd’hui à l’œuvre, en Grèce, en Espagne, au Portugal, en Italie. Et demain, chez nous. Pour notre bien à tous. Amen.

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Thierry Le Gueut, vieux routier des médias (20 ans notamment au journal Le Monde) a été dans le civil dirigeant d'un club amateur pendant 17 ans, et est supporter de l'AS Saint Etienne et du Football Club de Rouen.

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