Les télescopages ont souvent du bon, en ce qu’ils permettent d’éclairer crûment la vacuité de certains débats.
La publication aujourd’hui des chiffres catastrophiques du chômage pour février sonne en effet comme un bien triste rappel pour tous ceux, syndicalistes, responsables politiques et experts en tout genre qui s’écharpent, souvent sans nuances, depuis plus d’un mois autour de la trop fameuse « loi travail » !
Oui, notre pays compte bien plus de 5,5 millions de chômeurs toutes catégories confondues et les brèves embellies, telle celle de janvier 2016, ne changent rien ou presque à la donne. Cette réalité, nous la connaissons depuis près de 10 ans. Elle est invariable et devrait suffire pour attester de l’impérieux besoin de réforme de notre droit du travail !
Les différentes mesures adoptées jusqu’ici sous la présidence de François Hollande ayant invariablement échoué, le projet de loi El Khomri constitue l’une des dernières occasions du quinquennat pour dynamiser la compétitivité de nos entreprises et relancer la création d’emplois qui puissent être à la fois pérennes et non-subventionnés par les deniers publics.
Il est donc urgent d’appeler notre gouvernement à maintenir le projet initial en l’état, et de tenir bon face au chantage de certains syndicats volontiers passéistes, qui entretiennent une méfiance de principe envers l’entreprise privée et la capacité de son dirigeant à dialoguer paisiblement avec ses salariés.
Il est tout aussi urgent de faire prendre conscience à nos responsables politiques que, loin d’être une fin en soi, la loi El Khomri ne peut suffire pour faire baisser durablement le chômage en France. Notre législation doit maintenant combler son retard flagrant par rapport aux autres pays européens, afin de s’adapter aux nouvelles formes d’emploi qui se développent depuis plusieurs années en réaction aux mutations de l’économie mondiale.
À l’heure où le travail indépendant concerne près de 10% des actifs (fin 2011, source INSEE), avec une croissance de 26% entre 2006 et 2011, il est évident que nos modes de travail n’ont jamais autant évolué, encouragés par un besoin de flexibilité pour les entreprises et de sécurité pour les travailleurs, la révolution digitale et la ringardisation du CDI classique.
Sachons désormais encourager les systèmes qui marchent, à l’instar du portage salarial, dispositif permettant à un travailleur indépendant d’exercer son activité avec les protections du salariat et qui a déjà séduit plus de 6 millions de personnes en Europe !