Il ne fait pas bon être riche en France.
On serait forcément riche au détriment de quelqu’un. On aurait réussi sur le dos des autres. Cette méfiance des riches se retrouve à tous les échelons de la société. Au lycée, où de nombreux professeurs d’économie incitent leurs élèves à lire "Alternatives économiques", revue altermondialiste qui, à coup de titres plus pessimistes les uns que les autres, fait de nos élèves des spectateurs critiques du système capitaliste plutôt que des acteurs responsables.
Dans les médias, où les visions caricaturales, et souvent injurieuses, des riches et des patrons font florès, comme le prouve la récente une du journal Libération. Chez nos politiques, où les riches sont devenus des boucs émissaires commodes d’un marché électoral juteux. A l’image d’un François Hollande qui déclarait "ne pas aimer les riches" ou d’un Jean-Luc Mélenchon qui traitait allégrement les riches de "parasites" et invitaient sans scrupules ses militants à leur "faire les poches"…
Sans parler de notre élite dirigeante, très largement issue d’une culture administrative, qui a très bien appris à taxer et à partager les richesses, tout en méprisant ceux qui les produisent… Ainsi, à force de caricatures, le scandale en France n’est plus la pauvreté, mais la richesse ! Des causes lointaines et multiples Ce résultat ne doit rien au hasard.
On peut évoquer les causes historiques, culturelles, voire religieuses d’un tel phénomène. Même si cela est moins vrai aujourd’hui, on peut citer notre culture catholique qui invite ses fidèles à ne pas servir deux maîtres à la fois, Dieu et l’argent, et à se méfier de l’opulence matérialiste. On peut invoquer la Révolution française et son cortège de sans culottes dont l’idéologie égalitariste revancharde prônait "la haine des riches", traitait les possédants de "voleurs", et dénonçait l’argent comme étant "un métal vil et corrupteur".
Mais on peut surtout pointer du doigt le marxisme, idéologie qui marque encore bien des esprits, même inconsciemment, qui voit l’économie comme un théâtre d’exploitation opposant deux classes aux intérêts à jamais antagonistes. A force de taper sur les riches, à coup d’impôts confiscatoires (l’ISF ou la taxe à 75 % sont des singularités françaises) ou de joutes verbales stigmatisantes, un phénomène d’exode fiscal a vu le jour. Pire, il ne cesse de s’accélérer.
Ce ne sont plus seulement des milliardaires qui quittent la France, mais des chefs d’entreprises, des dirigeants, des managers. Pourtant patriotes, comment rester dans un pays qui pénalise à ce point la réussite, au lieu de la valoriser, et qui sape le moral de ses principaux producteurs de richesses ?
A Londres, les Français sont 3 fois plus nombreux qu’en 1990 (400 000) ! Pour la rentrée 2012-2013 : le lycée français de Bruxelles a reçu 200 demandes d’inscriptions supplémentaires par rapport à l’an passé ! Depuis 2010 : 1 Français s’installe en Suisse chaque jour ! En moyenne, ce sont plus de 600 contribuables qui quittent la France chaque année à cause de l’ISF… pour le plus grand bonheur de nos concurrents !
L’Etat perd en effet les milliards d’euros d’impôts que ces riches ménages auraient pu payer en France. Une situation dangereuse pour nos finances publiques quand on sait que les 10 % des Français les plus riches payent environ 80 % du total de l'impôt sur le revenu… Mais la France perd aussi des centaines de milliards d’euros de capitaux, qui auraient pourtant été indispensables au financement de notre économie.
Car, derrière chaque riche, se cache un investisseur, qui loin de conserver en secret son argent sous l’oreiller, le consomme, le place, l’investit ; ce qui créé des centaines de milliers d’emplois ! Comme l’ont montré J.P Delsol et N. Lecaussin dans leur ouvrage "A quoi servent les riches" : les 10 premières fortunes françaises sont directement responsables de 700 000 emplois !
Ruiner les riches, c’est appauvrir les pauvres Il ne s’agit donc pas d’excuser les mauvais comportements d’une minorité de « riches » perdue dans ses excès, mais de respecter la richesse d’une grande majorité qui a réussie à force de travail, d’effort et de talents.
C’est peut-être la déclaration au Congrès du Président des Etats-Unis, Abraham Lincoln, qui le résume le mieux : "Vous ne pouvez pas créer la prospérité en décourageant l’épargne. Vous ne pouvez pas donner la force au faible en affaiblissant le fort. Vous ne pouvez pas aider le salarié en anéantissant l’employeur. Vous ne pouvez pas encourager la fraternité humaine en encourageant la lutte des classes. Vous ne pouvez pas aider le pauvre en ruinant le riche".
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Article initialement publié le 11/10/2012