Les Français sont de plus en plus "consommateurs d’information", sous quelque forme qu’elle soit. L’édition "Media in Life 2013" de Médiamétrie met ainsi en évidence que les Français ont multiplié leurs contacts médias et multimédias : 44 par jour et par personne en 2013 Vs 38,6 en 2008. Et même si la moyenne est "tirée" par les plus jeunes (13-24 ans) et les plus âgés (65 ans et plus dont les nouveaux "seniors numériques"), il n’en demeure pas moins que près de 9 Français sur 10 ont au moins un contact par jour avec la TV, la Radio, la Presse ou encore le Cinéma et que 62% des "plus de 13 ans" au moins un contact par jour avec Internet. Selon l’étude One Global d’AudiPresse publiée ce jour, chaque mois, 58,4% des Français consultent au minimum un site Internet, un site mobile ou une application mobile de presse.
Malgré tout, cette offre permanente d’information n’est pas liée à un sentiment de ré-assurance et il ne persiste qu’une confiance relative envers les émetteurs : même si les résultats de l’édition 2014 du Baromètre de Confiance dans les Médias (La Croix – TNS Sofres) indiquent une remontée globale depuis 2013, la presse n’est toujours créditée que de 55% de crédibilité (49% en 2013), un peu derrière la radio (58%), mais devant Internet (37%).
A cette information, s’ajoutent les contenus issus des entreprises et des marques : ainsi Edouard Rencker, PD-G de Makheia nous apprend dans son dernier ouvrage "La pub est morte, vive la communication"** que n’importe quelle entreprise du CAC 40, en unité éditoriale de 1.500 signes, publie désormais d’avantage d’informations en un an qu’un média comme L’Express ou Le Nouvel Observateur.
Comment accompagner ces "conso-lecteurs" dans leur choix avec renoncement ? Comment composer avec leurs propres limites, leur "budget-temps" non extensible, leur arbitrage qui au final, ne leur font garder que ce qui leur paraît être le meilleur pour eux, sans pour autant abandonner leur subjectivité, indissociable du désir ?
En prenant tout d’abord en compte le fait que cette "crise de consommation" désormais appliquée aux médias, est une tendance sociétale de fond. "Le blues du consommateur" publié par Georges Chetochine en 2005, défendait déjà l’idée d’une consommation non plus liée à des besoins mais comme élément de réponse à des "frustrations émotionnelles", moins immédiatement déchiffrables.
Finalement, l’analyse (très résumée) d’Edouard Rencker des préalables à une meilleure efficacité de la communication peut, sans nul doute, se décliner à tous contenus : "décoder des paramètres de plus en plus complexes, des comportements de plus en plus fugitifs, comprendre les nouvelles "tribus", leurs modes de consommation, leurs parcours d’information, leurs points communs et de différenciation et répondre à un besoin d’individualisation croissant".
Tout un beau programme !
* André Gide
** Editions de l’Archipel