Le siège de l'OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Économiques) accueillait les 27 et 28 juin le forum sur la transparence des activités de lobbying. La table ronde qui s'est déroulée dans la matinée le 27, réunissait des représentants de différents états qui ont ou vont prendre des décisions concernant le lobbying et des acteurs du lobbying. La table ronde a été inauguré par le secrétaire général de l'OCDE, Mr. Pier Carlo Padoan et par Mr. Maros Sefcovic, vice président de la commission européenne en charge des relations institutionnelles. Ces discussions étaient l'occasion de confronter les décisions de certains états et les avis de spécialistes sur la question de la transparence vis à vis du lobbying.
Évolutions des enjeux et des préoccupations concernant le lobbying
Depuis 1997, le Canada a adopté une loi instaurant plus de transparence dans les relations entre les lobbyistes et les fonctionnaires de l'état. Les représentants des différents pays ont chacun exprimé leurs points de vues sur des lois régulants le lobbying ou sur une prise de conscience des acteurs sans passer par la législation. La commissaire chargée du lobbying pour le gouvernement canadien, a insisté sur la nécessité d'une transparence accentuée concernant le lobbying. Elle a aussi mis en avant la loi déjà mise en oeuvre dans son pays et qui permet d'avantage de confiance du public dans les relations entre les groupes de pression et le gouvernement.
Le représentant du gouvernement américain Mr. Don W. Fox, a appuyé cette nécessite de transparence mais indiquait qu'aux États-Unis, le débat portait plus sur la définition du lobbying. Mr. Alex Thomas, membre du cabinet du premier ministre britannique, supporte l'idée d'une loi telle que celle établie au Canada. En Grande-Bretagne, une loi est d'ailleurs en cours et devrait être adoptée d'içi un mois concernant l'enregistrement des lobbyistes dans un registre à dispositions du grand public.
Le responsable de la législation du gouvernement chilien, Mr. Sebastian Soto, a soulevé la difficulté que son gouvernement rencontrait pour appliquer les mêmes réglementations à tous les groupes d'influences (industriels, religieux, associatifs... ). Pour pallier cette difficulté et éviter que les "lobbyistes positifs", comme il les appelle, à savoir les responsables religieux et associatifs, soient enregistrés dans un même registre que les grosses organisations industrielles, le gouvernement chilien a contourné le problème. Au lieu de mettre en place un registre référençant tous les lobbyistes, une loi sur la transparence des réunions impliquant des fonctionnaires publiques va être votée. Cela permettra de réglementer le lobbying sans distinguer les différents groupes d'influences.
Mr. Bernhard Welschke, responsable du comité des professionnels et des industriels auprès de l'OCDE et lobbyiste depuis de nombreuses années, a mis en avant le côté positif du lobbying. En tant que lobbyiste, il estime avoir toujours lutté pour les intérêts qu'il défendait mais sans pour autant être partisan ou aller contre les intérêts collectifs. Il estime aussi que les intérêts sont partout et que tout groupe, industriel ou non, défend ses intérêts et peut donc être appelé lobbyiste.
Perception du lobbying : le rôle clé des médias
L'ensemble des intervenants s'est accordé pour dire que dans la vision du lobbying par l'opinion publique, le rôle des médias est capital. En effet les journaux et chaînes de télévisions font leurs titres avec les scandales liés au lobbying et l'amalgame avec la corruption est assez vite fait. Alex Thomas a insisté sur ce point en disant que les médias véhiculent une image néfaste du lobbying et l'opinion publique a donc l'impression que les lobbyistes vont toujours contre les intérêts communs. Le représentant de l'union des syndicats auprès de l'OCDE, Jonh Evans, mettait ce point en avant, il complétait en disant que le lobbying positif existe mais est encore mal transmis par les médias.
Plus de transparence = plus de confiance ?
L'objectif principal de cette table ronde était de voir comment gagner la confiance du public au sujet du lobbying. Mme. Lys Trystman-Gray, chargé des affaires européennes pour le groupe de communication RTL et donc actrice du lobbying européen a mis en avant les progrès fait depuis quelques années. A titre d'exemple, Mme. Trystman-Gray a parlé des avancées en matière de transparence, il y a 20 ans pour obtenir un compte rendu de réunion au parlement européen il fallait se présenter le plus tôt possible pour pouvoir espérer être servi. Aujourd'hui, les rapports de réunion sont disponibles en ligne et certaines sont même disponible en streaming.
Plusieurs intervenants ont aussi mentionné les "lobbyistes positifs" tels que les ONG ou encore les organisations qui luttent pour des causes d'interet général comme l'environnment ou l'obésité par exemple. Le public doit être mieux informer sur les missions et les actions des différents groupes d'influence, qui ne sont pas toujours néfaste mais que défendent seulement leurs interets. Communiquer sur les contacts et les actions des lobbyistes permet de démystifier le lobbying auprès de l'opinion public. Le gouvernement chilien s'est d'ailleurs fixé comme objectif de communiquer sur le lobbying afin d'expliquer qu'il y avait des lobbying légitimes et utiles. M. Welschke estime que la contribution des lobbyistes est nécessaire pour une régulation des décisions. La commissaire canadienne confirme cela en disant que les lobbyistes permettent au gouvernement d'avoir plusieurs points de vues avant de prendre une décision.
Concernant les registres de lobbyistes, Mme. Trystman-Gray estime que ces registres sont utiles mais mal utilisés. Le grand public ne consulte pas ces registres qui sont plus souvent utiles aux gouvernements. Selon elle, un code de déontologie applicables aux fonctionnaires publics permettrait de prévenir les dérives et de rassurer le public.