Forum de Davos : les inégalités, le chômage et la mondialisation

Par Bertrand de Kermel Publié le 14 février 2014 à 6h00

Elus politiques, partis politiques, société civile, syndicats, entreprises (grandes et PME) : au travail !

Trois messages forts sont à retenir du dernier Forum de Davos :

-Les inégalités ont atteint un tel niveau qu’elles menacent l’équilibre des sociétés.

-les 75 millions de jeunes sans emploi dans le monde sont une poudrière

-Les Hommes politiques et les très grandes entreprises sont aujourd’hui en face d’un échec collectif sur la façon de gérer les conséquences de la mondialisation.

Dans une chronique d’une exceptionnelle gravité, qui aurait dû figurer en première page de toute la presse mondiale, Monsieur Klaus Schwab, fondateur et Président du Forum de Davos, a écrit :

« .…J'estime que cette situation est le résultat d'un échec collectif face à la façon de gérer les conséquences de la mondialisation. Un échec qui s'est construit pas à pas au cours des dizaines d'années qui viennent de s'écouler. Au fond, le message délivré par les militants antimondialisation au tournant du siècle dernier était juste. Notre système international de gouvernance n'est plus adapté face à un monde qui change à une allure si rapide. Il est à l'évidence inadapté face à la complexité des bouleversements qui sont à l'œuvre… ».

Pour être sûr d’être bien compris, Klaus Schwab précise même que les 75 millions de jeunes sans emploi dans le monde sont une poudrière.

Vous trouverez l’intégralité de cette chronique d’une très grande lucidité sur le site du Comité Pauvreté et Politique : www.pauvrete-politique.com Il est clair qu’elle a été relue par les administrateurs du Forum. Il faut « également souligner qu’aucun des 2.000 participants ne l’a critiquée.

Elle est parue dans le journal Les Echos du 20 janvier 2014.

Il faut maintenant en tirer toutes les conséquences.

En dérégulant à l'excès, nous avons eu les dumpings, et une concurrence qui n'était plus loyale mais déloyale. Nous avons laissé s'installer une mondialisation fondée sur la croissance externe, où chacun cherche à se développer en prenant les entreprises, les emplois, les parts de marché des autres. Cette mondialisation nous n’en voulons pas. Nous n’en voulons plus.

La mondialisation au service de l’Homme que nous souhaitons, c’est celle où, au lieu de prendre aux autres à coups de dumpings monétaires, sociaux, fiscaux, écologiques, chacun appuiera son indispensable développement économique sur le progrès social, le respect de la nature, et l'amélioration de la qualité de vie. C’est une mondialisation où l’Organisation Mondiale du Commerce cessera de décider de tout, et où les accords sur le commerce mondial prendront en compte les dimensions sociale et environnementale.

Depuis les années 80, les élus politiques ont donné les clés de la maison « mondialisation » aux très grandes entreprises mondiales, se contentant de parapher les traités négociés par elles. Cette médiocrité nous a conduits à l’impasse. Le Forum de Davos en convient. Ne recommençons pas les mêmes erreurs.

Soit les peuples laissent leurs élus tout déléguer à nouveau aux très grandes entreprises, (C’est ce qui se passe aujourd'hui dans la négociation de l’accord transatlantique entre les Etats Unis et l’Union Européenne) soit ils prennent conscience que dans une démocratie, c’est à eux de décider en dernier ressort.

Ce n’est pas gagné d’avance. Dans sa chronique, Klaus Schwab conclut par ces mots, qui ne laissent aucun doute sur sa pensée : « Le thème de notre réunion, la réorganisation du monde, doit les aider (les dirigeants participant cette semaine au Forum de Davos) à prendre la mesure des révolutions à l'oeuvre et à trouver les réponses aux tremblements de terre qui nous attendent ». En clair : « nous continuons à décider seuls sur la mondialisation, c’est notre terrain de jeu ».

Voilà pourquoi j’ai sous-titré cet article par les mots : « Elus politiques, partis politiques, société civile, syndicats, entreprises (grandes et PME) : au travail ».

« Au travail » en s’appuyant sur toutes les parties prenantes, en particulier sur les expertises des plus grandes entreprises mondiales dont personne ne peut se passer, mais pas en leur déléguant 100% de la réflexion et de l’action.

Le garant de l’intérêt général est le peuple, et lui seul. Il doit créer la mondialisation qu’il souhaite, et non subir une mondialisation créée par d’autres.

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Ancien directeur général d'un syndicat patronal du secteur agroalimentaire, Bertrand de Kermel est aujourd'hui Président du comité Pauvreté et politique, dont l'objet statutaire est de formuler toutes propositions pour une "politique juste et efficace, mise délibérément au service de l'Homme, à commencer par le plus démuni ". Il est l'auteur de deux livres sur la mondialisation (2000 et 2012)

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