Créations d’entreprises : la collectivité doit être plus impliquée

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Par Geneviève Bouché Publié le 28 juillet 2013 à 4h00

Les citoyens souhaitent contribuer à la recomposition du tissu économique. Aucune voix ne doit être découragée. L’angelat* et le crowdfunding** correspondent à des choix complémentaires.

Il s’agit donc d’organiser cette complémentarité. Cependant, la collectivité doit prendre à sa charge toutes les mesures qui favorisent le succès. L’idéologie de « la libre entreprise » doit céder la place à un concept plus mature : la collectivité recherche et favorise les profils entrepreneuriaux les plus porteurs de succès. Le système devient exigeant. Par exemple, le mode de fabrication de nos élites n’est pas pensé dans ce sens. Un entrepreneur qui souhaite être soutenu par l’épargne populaire se doit d’agir de façon éthique … etc.

L'idéologie de la libre entreprise doit laisser sa place à l'entreprise collective

Pour créer des entreprises, il faut de l’argent … du moins c’est ainsi que nous raisonnons. En Europe, nous assistons à une raréfaction de l’argent fléché vers l’entrepreneuriat. D’une part nous avons mal préparé notre propre avenir en laissant la finance s’éloigner de l’économie réelle. D’autre part, la création de richesse se fait pour le moment dans les économies non occidentales. Les nouveaux riches qui en résultent vont porter leur capacité d’investissement sur des achats sans risque (les entreprises en train d’accéder à leur apogée, c’est-à-dire à la rentabilité maximum) ou des acquisitions spoliantes (qui vont entraver les initiatives locales). C’est la raison pour laquelle nous devons être pragmatiques et créatifs.

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L'angelat doit être adapté à notre culture ou disparaître. Il ne peut demeurer sans moyens ni résultats stimulants. Il doit trouver sa place dans la panoplie des outils qui permettent de faire éclore des startups innovantes. Le crowdfunding peut devenir un vecteur d'enthousiasme populaire, capable de flécher efficacement l'épargne publique vers la construction de notre avenir et non vers le financement de notre passé. Bien entendu, il s'agit d'engager cette épargne vers des projets pour lesquels la collectivité met tout en oeuvre pour en réduire le risque et, au contraire, favoriser les succès. L’idéologie de « la libre entreprise » doit céder la place à un concept plus mature : la collectivité recherche et favorise les profils entrepreneuriaux les plus porteurs de succès. Le système devient exigeant. Par exemple, le mode de fabrication de nos élites n’est pas pensé dans ce sens. Un entrepreneur qui souhaite être soutenu par l’épargne populaire se doit d’agir de façon éthique … etc.

De ce fait, les plateformes sont appelées à pratiquer des rémunérations modérées de leurs services, en contre partie de quoi, leur tâche de recommandation de projets est préparé au frais de la collectivité, à travers les programmes de fiabilisation du startuping (débutances).

La mort d'une entreprise doit favoriser le renouveau

En effet, correctement mutualisée, la prise de risque proposée aux investisseurs privés peut être contenue. Il revient aux pouvoirs publics d'imposer cette volonté de recherche d'efficacité et d'excellence pour réduire les risques. En particulier, il revient aux pouvoir publics de créer des espaces de rencontre et de sélection. Il faut cesser de considérer le risque projet par projet, mais marché par marché et organiser le renouvellement du marché. La mort d'une entreprise ne doit pas être un drame, seulement un moment d'émotion qui favorise le renouveau.

Cette dynamique ne peut être confiée qu’à des fonctionnaires et des politiques comme cela est le cas actuellement en France. Elle doit impliquer et récompenser l’ensemble des parties prenantes, en particulier les entrepreneurs eux-mêmes et leurs anciens qui continuent à s’investir dans le renouveau permanent. Tous les pays qui ont compris cette exigence obtiennent de meilleurs résultats. Nous devons rendre l’entrepreneuriat désirable et donc protéger les porteurs de projets en récompensant les contributeurs financiers et extra-financiers de façon décroissante : les premiers entrés mieux que les suivants.

* Angelat : Investissements souvent risqués de particuliers dans des entreprises innovantes. Ils offrent en plus leurs compétences professionnelles, ses réseaux relationnels à ces mêmes entreprises.

** Crowfdfunding : également appelé financement participatif, utilise Internet pour mettre en relation les porteurs de projet avec les investisseurs potentiels.

Extraits du livre "Des business angels au crowdfunding", par Geneviève Bouché.

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Docteur en science des organisations et titulaire d'une maîtrise d'informatique, elle vice-présidente de dauphine business angels en charge de l'accueil des porteurs de projet. Elle est également membre de différents collectifs de réflexion dont FAIR (autres indicateurs de richesse) JADE (l'innovation en démocratie), de Vivagora et du CCFD.

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