Après le Medef et l’AMF, c’est au tour de la Commission des finances de l’Assemblée nationale de se positionner sur la question des fonds activistes, une pratique en pleine expansion et qui pose des questions à la fois éthiques et réglementaires. Ces fonds, qui cherchent à influencer la stratégie d’entreprises qu’ils estiment mal gérées, sont devenus, d’une certaine manière, l’avatar contemporain d’investisseurs cherchant à spéculer à court-terme en fragilisant des entreprises en difficulté.
Début octobre, le président de la Commission des Finances de l’Assemblée nationale, Éric Woerth, a rendu publique ses recommandations pour l’encadrement et la réglementation des fonds activistes. S’il n’a pas condamné le principe de ces fonds, nés au départ de la volonté de petits actionnaires d’influer sur la gestion de leur entreprise, il a alerté sur les risques de dérives de ces derniers dont l’influence est grandissante.
Des dérives spéculatives bien connues des entreprises françaises, puisque 226 en ont été victimes en 2018 (contre 65 en 2014). Au tableau de chasse de ces fonds, souvent basés aux États-Unis, quelques fleurons comme le groupe Lagardère, Pernod-Ricard, le groupe Casino, ou Vivendi. Tous ont fait l’objet de campagnes médiatiques et parfois d’actions judiciaires visant à mettre la pression sur leur direction pour aller dans le sens d’une rentabilité accrue… Coûte que coûte.
Face à cette nouvelle réalité, et pour limiter les dérives auxquels se livrent un nombre grandissant de ces acteurs, qui cherchent à spéculer à la baisse plutôt qu’à défendre les petits actionnaires, le rapport Woerth réclame une baisse du niveau de déclaration de franchissement de seuil. En effet, jusque-là un investisseur devait déclarer toute prise de participation dans une entreprise supérieure à 5 %. Le rapport préconise dorénavant d’abaisser ce niveau à 3 %. Dans le même sens, Éric Woerth demande que les fonds activistes publient davantage d’informations sur leurs activités afin de les rendre plus transparentes.
Les prises de position de la Commission des Finances s’inscrivent dans un contexte de défiance grandissante à l’égard des fonds spéculatifs. Une fois n’est pas coutume, le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux, a exigé d’avantage d’interventionnisme de la part des autorités pour contrer des pratiques qui le « choque ». « Le mécanisme consiste à vendre le titre à découvert, à faire courir des rumeurs vraies ou fausses pour déstabiliser le titre. Je pense que l'Autorité des marchés financiers devrait s'en emparer », a-t-il déclaré après une attaque spéculative dont a été victime le groupe Casino.
Une attaque spéculative menée par le fonds activiste Muddy Waters, qui a d’ailleurs également poussé l’Autorité des Marchés Financiers (AMF) a lancé une enquête pour « tromperie », posant des questions sur les « principes de probité, impartialité, clarté et précision » du fonds US. Le groupe Casino a également déposé plainte dans ce dossier suite à des ventes à découvert massives de ses titres.