La Fondation Abbé Pierre a publié lundi 1er février son 26ème rapport sur l'état du mal-logement en France. Ce rapport met en avant que la crise sanitaire a eu un effet de « double peine » pour les mal-logés. Il révèle aussi que plus d'un tiers des jeunes ont vu leurs revenus baisser et craignent les impayés de loyer. La Fondation pointe également du doigt la trop petite part du plan de relance allouée aux plus précaires.
La crise du Covid-19, « double peine » pour les mal-logés
Dans son 26ème rapport sur l'état du mal-logement en France, paru lundi 1er février, la Fondation Abbé Pierre met en avant le choc violent qu'a eu la crise sanitaire du Covid-19 sur le mal-logement en France. La Fondation qualifie de « double peine » la crise sanitaire qui a fauché les mal-logés en France. Cependant, le rapport arrive à un constat simple : « Les deux 'crises' se conjuguent pour mettre en lumière la gravité du mal-logement et les impasses des politiques censées y répondre ».
Ainsi, sont mises en lumière les difficultés auxquelles ont dû faire face les personnes mal-logées. Les sans-abri notamment qui ont énormément souffert du premier confinement en mars 2020. « les personnes sans abri ont pu se retrouver dans l'incapacité de satisfaire leurs besoins de première nécessité. (Elles) ont tout d'abord rencontré d'importantes difficultés pour se nourrir, en raison de la fermeture de certains accueils de jour et restaurants sociaux, de la restriction du nombre et de la fréquence des maraudes (notamment durant les premières semaines) et de la perte des revenus issus de l'économie informelle (mendicité, travail non déclaré, etc.) ».
Les jeunes inquiets face au risque de loyers impayés en 2021
Le rapport de la Fondation Abbé Pierre pointe également du doigt la situation complexe des jeunes qui tombent de plus en plus dans la précarité et le mal-logement depuis le début de la crise. Ainsi, la Fondation explique que lors du premier confinement, 58% des étudiants qui avait une activité rémunérée avaient été contraints d'arrêter. Ils sont 37% à ne pas avoir pu reprendre cette activité par la suite.
Une perte de revenu qui a fait tomber un certain nombre de jeunes dans la précarité. Dans le rapport, Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation Abbé-Pierre, rappelle que « 20% des moins de 25 ans déclarent avoir eu recours à une aide alimentaire en 2020, dont les trois-quarts, pour la première fois ». Autre situation inquiétante pour les jeunes, la peur de ne pas pouvoir s'acquitter de son loyer. Selon la Fondation Abbé Pierre, ils sont 35% à craindre des impayés de loyers en 2021.
Le plan de relance trop pingre avec les plus précaires
Dans son 26ème rapport sur le mal-logement en France, la Fondation Abbé Pierre critique vivement la faible part du plan de relance allouée aux plus vulnérables. Elle rappelle que seul 0,8% des 100 milliards d'euros du plan de relance est consacré aux aides pour les personnes précaires et vulnérables. Un pourcentage qui représente 800 millions d'euros. Une somme qui peut paraître élevée mais qui devient dérisoire lorsque le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, chiffre à 500 millions d'euros mensuels le coût de la fermeture des centres commerciaux de plus de 20.000 mètres carrés.
Cependant, pour compléter ces aides financières, le gouvernement a décidé de prolonger une fois de plus la trêve hivernale. La ministre déléguée en charge du logement, Emmanuelle Wargon a déclaré au Parisien que la fin de la trêve hivernale, initialement prévue pour le 31 mars 2021, serait repoussée au 1er juin 2021. Ainsi, il sera impossible d'expulser un locataire pour cause d'impayés avant le 1er juin 2021. Une annonce qui intervenait quelques heures après la publication du rapport de la Fondation Abbé Pierre.