Le G20 a réservé une semi-bonne nouvelle, la reprise des négociations sino-américaines, même s’il est trop tôt pour avoir une avancée concrète. En revanche les données économiques continuent de décevoir. Le marché, lui, donne le bénéfice du doute avec une très belle performance en juin qui doit beaucoup à une amélioration des valorisations. La dichotomie entre l’optimisme des marchés et la détérioration des fondamentaux s’accroit.
Point de marché : optimisme et vœu pieux
Le mois qui s’achève a été faste pour les bourses, pour le S&P c’est même la plus forte hausse enregistrée sur un mois de juin depuis 1950. Sans vouloir trop jouer les rabat-joie, il faut toutefois remarquer que les attentes des analystes en termes de profits ont été révisées à la baisse comme le montre le graphique ci-dessous.
Le G20 rassure
Comme il est de coutume, le résultat du G20 est bien maigre avec un communiqué fait de compromis, et donc au final insipide.
L’intérêt du G20 est plutôt dans l’opportunité qu’il crée pour les relations bilatérales. Témoins le nouveau départ du couple Trump-XI : rien de décidé, sauf une reprise des négociations commerciales. C’est bien entendu une bonne nouvelle, une escalade de la guerre commerciale constituait une des sources majeures de risque pour l’économie mondiale et pour les marchés. Ces mêmes marchés, bons enfants, ont salué avec enthousiasme l’annonce avec la panoplie complète : les bourses asiatiques sont en hausse ce matin (plus de 2% de gains sur le Nikkei à l’heure où nous écrivons), les futures sur les bourses européennes et américaines laissent envisager une séance positive (avec un nouveau record pour le S&P), le Yuan s’apprécie (6,83 à l’heure où nous écrivons, plus haut depuis 2 mois), et les taux remontent. Il convient néanmoins de rester prudent ; rappelons que Donald Trump annonçait un accord au G20 de Buenos Aires en décembre dernier et qu’aucun progrès concret n’a été fait à Osaka. La reprise des négociations est indubitablement une bonne nouvelle, mais l’incertitude est loin d’avoir disparu et la négociation en particulier sur le volet technologique qui demeure très complexe.
Autre couple à surveiller, Vladimir Poutine et MBS (Mohammed ben Salmane) qui ont décidé de proroger l’accord de contrôle de la production de pétrole de neuf mois jusqu’au premier trimestre de 2020. Ils ont également reçu le support d’autres pays. L’augmentation de la production américaine, la faiblesse de la demande liée à l’activité économique en berne mais aussi le fait que cet accord était en partie attendu ont rendu la réaction du marché très limitée. Le prix du Brent par exemple a yoyoté depuis le début de la semaine dernière entre 65 et 67 dollars.
Encore des indices avancés faibles
Le PMI manufacturier chinois a encore déçu, même si le non-manufacturier tient à un niveau convenable. Il faut rappeler que la croissance chinoise est tirée quasi-exclusivement par les services, et que cette configuration du PMI n’est donc pas une surprise, il ne faut pas surestimer non plus l’ampleur du message négatif envoyé par le PMI manufacturier en Chine.
Toutefois, c’est l’ensemble des PMI asiatiques qui envoie un message très faible, et c’est plus préoccupant :
- Japon : 49,3 après 49,8
- Corée du sud : 47,5 après 48,4
- Taiwan à 45,5 soit le plus bas depuis 2011
- Australie et Malaisie avec un indice sous les 50
- Indonésie et Thaïlande en baisse même si l’indice reste au-dessus de 50
Bref, la faiblesse du secteur industriel est de plus en plus largement partagée en Asie. La croissance va s’en ressentir.