Le FMI deviendrait-il raisonnable ?

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Par Julien Bondarev Modifié le 6 novembre 2014 à 10h36

Défense de l’Argentine face « aux fonds vautours », prise de conscience du potentiel du continent africain, reconnaissance des bienfaits de la dépense publique, depuis le mois de juin 2014, le FMI semble mettre à mal ses propres dogmes idéologiques. Une bonne nouvelle ?

L’établissement d’un rapport historique ?

Fin septembre, le Fonds Monétaire International (FMI) a publié un rapport qui fait déjà date dans l’historique de l’organisation internationale. En effet, alors que l’austérité budgétaire, avec notamment la privatisation des entreprises publiques, était le fonds de commerce de l’institution en matière de relance des pays en difficulté, le FMI encourage désormais ces derniers à accentuer leurs dépenses publiques pour participer au financement de projets d’infrastructures.

Ces dépenses seraient financées par la dette publique du pays pour faire face à la saturation des infrastructures considérée par l’institution comme « un frein à la croissance à court terme ». De plus, elles n’auraient même aucune conséquence néfaste pour les dépenses publiques du fait des faibles taux d’intérêt pratiqués actuellement.

Certes, ces recommandations ne peuvent être applicables à tous les pays et sont assorties de conditions, notamment dans le choix des projets, mais le FMI commence à comprendre que la rigueur budgétaire qu’elle prônait n’est pas la meilleure solution pour les États en difficulté et qu’une vision keynésienne de la relance par l’investissement n’est sans doute plus une solution à rejeter catégoriquement.

Un changement perceptible en Afrique et en Argentine

Au-delà de ce rapport, d’autres signes montrent que l’organisation dirigée par Christine Lagarde change de comportement dans sa vision de l’économie internationale. En Argentine, symbole de l’échec des politiques de l’organisation internationale au début des années 2000 et en Afrique, le discours évolue, en attendant les actes.

L’Argentine, qui fait encore face à un risque de défaut de paiement, a trouvé dans le FMI un allié inattendu dans sa lutte face à la Cour Suprême américaine à propos du versement des « fonds vautours ». En contestant la décision américaine d’obliger l’État sud-américain à payer ces fonds, l’organisation, qui a longtemps encouragé l’ouverture aux capitaux étrangers des États en difficulté, ne voit désormais plus d’un bon oeil les fonds spéculatifs.

Enfin en Afrique, l’éternel oublié en matière de développement, le FMI a décidé de s’investir plus en proposant de nouveaux outils financiers notamment l’élargissement des prêts à 0 %. Surtout, le FMI va s’adapter aux défis spécifiques existants dans chaque région en prenant en compte les particularismes, chose nouvelle pour l’institution.

Mais qu’on se rassure, le FMI n’a pas abandonné sa vision ultralibérale, la preuve en Ukraine avec son rapport au gouvernement en faveur de mesures telles le gel des salaires ou encore la libéralisation des prix notamment du gaz.

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Consultant en géopolitique et sécurité internationale, Julien Bondarev a choisi de développer son expertise sur la  zone EMEA, dans laquelle il a beaucoup voyagé et qui le fascine par la richesse et la complexité des relations multi-continentales qui la régissent.   

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